La Cour de la Chapelle, parmis les fleurs, repose une rose.

Ophélia était assise dans la cour de la chapelle, là où aimait tant se promener les fidèles du Christ, afin de trouver un peu de repos pour leur penser.
Ses jupes s'étalaient librement autour d'elle, comme les nombreuses pétales d'une fleur ouverte sous les rayons brûlant du soleil. Une fine brise automnale balayait les quelques mèches de feu qui s'échappaient de son petit bonnet blanc. Ses yeux couleur mousse de mer se fermait sous la caresse de messire le vent... porté par des songes étranges, une mélodie éphémère, inexistante.
Ses lèvres remuaient à peine, comme si elle murmurait une prière silencieuse... Combien d'hommes, par le passé, l'avait-il compris comme un ''m'aimez-vous''?

Lorsque les promeneurs se firent plus rares... la reine se risqua à lever un regard différent sur le monde qui l'entourait. Et c'est ainsi qu'elle découvrit le frère de son époux... en prière devant l'immense statue de marbre de la Vierge Marie, tenant l'enfant Jésus dans ses bras.
Dans ses yeux, racontait-on, reposait deux pierres de saphir qui avait la possibilité de guérir les maux des gens...
Blasphème, pensait la souveraine. Car cette statue, tenant un enfant, était une ancienne représentation de la Déesse-Mère... Mère la Terre.
Mais qu'y avait-il de plus beau qu'un homme ainsi dévoué, reposant son âme entre les mains d'une femme de pierre?


- Sire mon frère... murmura la reine, en s'approchant du chevalier, puis en posant une main légère sur son épaule musclé. Peut-on croire que vous priez la Vierge-Marie, ou notre Mère à tous?
Je n'ai jamais su à quel camps vous apparteniez...


Ce n'était pas là un affront, bien au contraire. La douce ne se méfait aucunement de Gauvain. Elle l'adorait... peu lui importait ses croyances.
Mais la question lui avait brûler les lèvres...
Car un jour ou l'autre... ''ils finiraient pas être séparés de leurs différences.''

Ophélia était choquée par les paroles boulversante (révélatrice?) du prince. Qui, en cette époque, ne pouvait croire ni en Dieu, ni en la Déesse? N'existait-il pas une quelconque divinité, en laquelle son beau-frère se remettait? Que priait Gauvain lorsque celui-ci en ressentait le besoin? Ne suppliait-il pas quelqu'un, ou quelque chose, lorsqu'il sentait la mort roder près de lui? Ne demandait-il pas à Dieu de veiller sur les siens, qu'il aimait tendrement? En quoi puisait-il sa force? N'avait-il donc aucun espoir?

À sa grande surprise, la reine ne put trouver rapidement une réponse au questionnement du chevalier.
En qui croyait-elle?
Il lui arrivait de prier Dieu... mais elle remettait d'avantages son sort entre les mains de la Déesse Mère. Celle-ci la représentait d'avantages... elle était une plus grande source d'inspiration, de contemplation, pour la douce rouquine.

- Comment le savoir? dit-elle d'une voix basse, douce, pensive. Elles sont des Utopies.
J'ai été élevé dans une famille chrétienne, avec les moeurs et les coutumes de cette religion. J'ai épousé un homme, un roy, un peuple, devant Dieu. Mon allégence se dirige donc envers eux, par devoir.
Mais j'ai également grandis auprès d'une mère qui avait été élevé par une prêtresse d'Avalon... Nul besoin de vous cacher, mon cher frère, que je suis un peu sorcière! Et mon long séjour en Avalon a réveillé en moi quelque chose qui someillait... et qui ne demandait qu'à vivre.
Je pris les divinités que je connais.
Ainsi, je ne commet aucun péché.
J'aime.
Voilà ma philosophie.

Était-ce vraiment cela? La souveraine avait quelque difficulté elle-même à comprendre le sens profond de ses sentiments face à cette situation... Comment aurait-elle pu le mettre mieux en mot?
Avec une lueur d'espoir dans le regard, l'Émeraude leva son attention sur le visage adorateur de la Vierge-Marie portant dans ses bras le petit Christ.

Seul le désespoir ( ou le manque d'espoir ) faisait tenir de tels propos au sir Gauvain, et c'était bien normal .

Pourquoi les divinités souhaiteraient elles la souffrance et la destruction de leur créatures ? De ceux qui leurs sont soumis et obéissant !

S'étonna ouvertement, la douce émeraude, interloquée .


Les Hommes sont responsables de leurs propres destins, et donc des injustices de ce monde !
Point les Dieux, auxquels se réfèrent parfois faussement leurs adorateurs, voir commettent les pires crimes en leurs noms !

Aussi sensé soit il, ce discours sur la foi et la Raison, ne chasserait pas le chagrin du coeur du noble prince, ni son inquiétude concernant sa fille ...

La Reine prit le bras de son presque "frère" des deux mains et tout en continuant a contempler la sainte statue, lui murmura, doucement, dans un divin souffle :

Je compatis à votre malheur et ... vous prie de croire en l'aide que je puis vous apportez, pour notre Gwenaelle !

Dit elle, tout en resserrant son étreinte autour du bras vigoureux de Gauvain, les yeux rivés au sol .

*soupir*

La reine ne put sourire que tristement aux énoncés du prince orcanien.
Il débattait déjà depuis un bon moment et rien ( pas un seul argument! ) ne semblait vouloir faire fléchir le chevalier.
Soit, elle devrait composé avec cet athé... quoi qu'elle trouva malheureux qu'un homme aussi bon ne puisse trouver une véritable raison de vivre, la foi.

- La princesse Gwenaelle est une bonne enfant, qui manque certes un peu de discipline...

À cette mention, la précieuse émeraude agrandit son sourire, sincère et attendrie.

- ... Elle a perdue sa mère très jeune et son père lui a grandement manqué. Petite, elle ne pouvait comprendre les devoirs qui vous tenait loin d'elle, et aujourd'hui, elle en souffre.
Mais ce n'est point votre faute, Sire... car vous avez fait votre possible.

Il nous fait grandement plaisir d'accueillir votre héritière à la cour d'Orcanie, de l'élever et de lui prodiguer les nombreux soins donc ce petit ange a besoin.

Elle traverse une dure période... elle doit être traité avec douceur et amitié, autrement, elle se rebelle.
Je veillerai sur elle, comme une mère veille sur sa fille.

... en plus des trois bambins qui ne cessaient de lui demander son attention!
Comment Ophélia pouvait-elle faire pour se séparer en tant d'elle-même, parvenir à reigner, tout en éduquant ses propres enfants... et celle de son ''frère''?
Voilà ce qu'on apellait une mère!

Oui, Gwen avait perdu sa mère très jeune, mais lui aussi avait perdu une personne chère.Il l'avait aimé de tous son coeur. Elle était sa seule voie, mais elle était morte désormais.

Je ne lui ai pas manqué. Elle est en colère, car je ne veux pas reprendre d'épouse qui pourrait officier , a titre de mère, pour elle.
Je veillerai sur elle, comme une mère veille sur sa fille.

Vous êtes un ange, Ophélia.

Ceci dit, le prince , sans terre, prit la main de sa douce belle-soeur et la lui baisa.

Sans elle, la pauvre chevalier perderait ce qui lui est précieux. Ophélia était son sauveur. Elle s'occuperait de sa petite chérie.

Comment pourrais-je vous remercier ?