S'échapper des contraintes de la vie {PV Gwenny chérie}

Depuis quelques temps, Niniane était lasse et épuisée. Elle passait ses journées à surveiller les travaux du nouveau temple et, quand elle n'était pas sur le chantier, elle courrait auprès de gens souffrants, leur apportant remèdes et réconfort. Pas une seule minute elle ne se reposait, excepté bien sur quand son amant apparaissait. Là, elle abandonnait tout et, n'était plus qu'à lui.

Un matin, cependant, alors que le jour était à peine levé, elle quitta le temple, silencieusement, laissant Elinor et Sorsha, alors encore endormies, veiller au bon fonctionnement du domaine sacré. Vêtue d'une capeline sombre par dessus une robe toute simple, elle alla chercher sa monture et chevaucha jusqu'au château. Là, elle aviserait de ses occupations. Mais, au moins, pas un paysan ne viendrait la trouver ici.

La grande prêtresse arriva au porte du château et se présenta à la sentinelle, fort curieux de la trouver ici alors qu'elle n'avait point été appelée. Haussant les épaules, il la laissa tout de même entrer. Mieux fallait de pas froisser l'illustre beauté aux yeux foudroyants. Ayant confié, ensuite, sa monture à un jeune page qui la conduisit aux écuries royales, Niniane entreprit d'aller se promener quelques temps aux jardins.

Elle fît quelques pas et s'arrêta devant les fraisiers alors recouverts de neige. Qu'ils seraient beaux une fois le primtemps arrivé, se mit-elle à penser. Puis, elle s'installa sur un banc de pierre et plongea dans ses pensées.

Niniane qui s'était plongé dans ses pensées les plus profondes sursauta lorsqu'elle entendit une petite voix qui lui était étrangement familière. Elle baissa la tête pour trouver, tout près de son banc, la jeune et jolie princesse Gwenaëlle. D'un sourire, elle la salua, tout en se levant :

« Bonjour belle enfant ! »

Etrangement, la présence de cette enfant la rassurait. Elle se doutait bien que tout le monde devait la croire à Camelot. S'était la raison pour laquelle, elle s'était éclipsée quelques temps.

Elle désigna une place à côté d'elle sur le banc et invita l'enfant à l'y rejoindre.

« J'y étais, en effet. »

Niniane regarda l'enfant avec tendresse. Gwenaëlle était douée d'une perspicacité hors norme. Elle lui rappelait sans cesse son enfance. Une enfance où elle avait été isolée et loin de tout. Tout comme cette enfant était seule, à présent.

« Mais, j'avais besoin de prendre l'air, loin de Camelot, quelques heures. »

Et il est vrai que ça chevauchée lui avait fait du bien. Elle se sentait, maintenant, pleine d'une énergie nouvelle.

Lorsque la petite princesse lui demanda des nouvelles du Roy, la prêtresse eût un sourire. Le Roy réclamait sans cesse ce petit ange blond qui lui manquait tant.

« Le Roy va mieux, mon enfant. Il est en ce moment même, en famille à Camelot. »

Niniane regardait l'enfant, toujours avec cette même tendresse qu'elle lui avait accordé dès leur première rencontre. Elle passa une main dans la chevelure de la fillette, jouant avec une de ses boucles blondes.

« Je pense qu'il a besoin d'être seul, un moment, avec sa nouvelle épouse. »

Curieusement, la prêtresse comprenait la jalousie que semblait éprouver la petite Gwen face à cette nouvelle situation.

« Pourquoi ne négociez-vous pas de venir passez quelques jours auprès de lui ? Je suis sûre qu'il en serait ravi ! Quant à moi, j'ai à faire au nouveau temple de Warminster. Mais, je serais ravie de vous voir de temps en temps au château ! »

La grande prêtresse sentait le manque d'amour dont souffrait la jeune enfant. Et, elle l'avait décelé dès la première fois où leurs regards s'étaient croisés. Cependant, maintenant que Blanche avait remplacé Ophélia, à la fois dans le coeur du Roy et aussi dans ceux des villageois, Niniane savait que tout avait changé. Mais, elle comprenait, la jalousie de l'enfant.

Lorsque Gwen lui demanda où serait le nouveau temple, Niniane se mit à repenser à toute l'ampleur des travaux qui attendaient sa visite.

« Les ouvriers sont en train de le bâtir sur les ruines de l'ancien temple, à Warminster. »

Niniane voyait bien que quelque chose clochait dans l'attitude de la petite princesse, mais cependant, n'en fit rien et se contenta de lui répondre, le plus simplement possible :

« Mais malheureusement, il fût détruit et c'est votre oncle qui nous autorisa à bâtir un nouveau lieu de culte autre que celui déjà présent au lac de Mélusine, considérant le lieu, à présent, trop dangereux pour nous. »

Mais Gwen avait raison. Rien au monde ne remplacerait l'ancien temple. Surtout pas un édifice de pierres à la végétation artificielle.

"Quand il sera battit je pourrais m'y rendre avec vous ? [...] Alors il sera plus proche du château ? Je pourrais y venir vous voir ?"

Niniane se mit à rire. L'air soudain enjoué de la fillette lui plaisait.

<< Bien sur mon enfant, votre compagnie me réjouit aisément ! >>

Cependant, un voile de grand questionnement pesait encore devant les yeux de la fillette.

D'un geste tendre, la prêtresse ébouriffa les cheveux de la fillette.

<< Je vous aime aussi beaucoup princesse Gwenaëlle ! >>

Elle aimait la compagnie de cette enfant. Elle aimerait tant en avoir avec l'esprit aussi vif que la fillette.

<< Et si nous marchions un peu ? >>

Marcher un peu leur ferait, à elles deux, le plus grand bien.

Niniane eût presqu'envie de rire quand la petite fille se leva en quatrième vitesse pour prendre sa main lorsqu'elle lui avait proposé de se dégourdir un peu les jambes. Elle tourna la tête pour observer la réaction du garde et vit que celui-ci s'était dépêché derrière elle afin de ne point la perdre de vue. Elle savait toute personne royale sacrée et importante. Mais, de là à ce qu'un garde les suive partout où ils se trouvaient ... Enfin, elle haussa les épaules et s'avança dans l'allée des jardins, bordées de massifs de roses plus magnifiques les uns que les autres.

<< Que vous a -t-on appris ma chère petite ? >>, demanda-t-elle à l'enfant, baissant son regard vers elle.

Niniane ramassa, dans le creux de sa main, quelques pétales de rose qu'elle porta à son visage pour en humer le parfum. Elle ferma les yeux pour se délecter de leur odeur délicate puis, reporta son attention sur l'enfant qui l'accompagnait :

<< Et bien ... Mon oncle Agravain m'a raconté des histoire de la bible et une histoire des grecs. Et c'est tout. >>

Là, la jeune femme fût surprise :

<< Et c'est tout ? Pas même une de ces histoires sur la création du monde ou je ne sais quoi d'autre ? >>

Décidément, la religion chrétienne manquait de savoir-faire quant à l'éducation des enfants.

Niniane aimait entendre la petite s'exprimer. Elle s'exprimait d'ailleurs fort bien.

Un goûter éducatif ? Quelle idée Agravain avait-il eu là ? Après tout, pourquoi pas ...

La prêtresse s'interdisait intérieurement de dire du mal de l'église. Du moins, jusqu'à un certain point ...

Niniane eût soudainement une idée qui fit briller ses deux yeux couleur émeraude.

<< Je vous raconterai de temps en temps quelques légendes de ma déesse ! >>

Elle savait d'avance que cette idée déplairait au précepteur de l'enfant. Mais, elle n'en avait que faire.

<< Voilà qui est parfait alors ! >>, répondit la prêtresse.

Personne ne pourrait lui interdire de raconter des légendes à une enfant. D'autant plus que ce n'était que des histoires. Enfin ... Aux yeux de ceux qui refusaient d'y croire ...

Elle ouvrit la main et souffla sur les quelques pétales qui s'y étaient froissés. Un souffle de vent les emporta, les faisant tournoyer doucement.

<< Vous croyez que cela offusquera la prochaine souveraine. >>, avait demandé la petite princesse, l'air soudain inquiet.

Niniane, d'un air maternel, passa une main sur la joue de Gwen et lui sourit.

<< Je ne pense pas, mon enfant ! >>

Elle rajusta les nattes de l'enfant.

<< Blanche a beau être chrétienne, je pense qu'elle reste ouverte aux anciennes croyances bien que cela lui fasse peur ! >>