Avec une sûreté rare en la personne timide de Sudhamayi, elle répondit :
« Je n'ai besoin de rien pour gagner l'affection de quiconque, princesse. »
Sudhamayi ne s'expliqua pas davantage, elle s'excusa même pas de la prétention qui pouvait demeurer dans ses paroles. Elle ajouta tout de même :
« Chez moi, entre amies, nous partageons nos secrets. Il ne s'agissait pas là d'un présent. Excusez-moi si cela vous incombre, moi-même je n'aime pas recevoir, alors je ferai plus attention à l'avenir. »
Le point le plus délicat n'était pas là pourtant. . . Marie-Anne l'avait évoqué avec simplicité, Sudhamayi répondit donc :
« Il est normal que je sois malheureuse ! Mais je suis encore plus forte que malheureuse, et plus chanceuse que forte : j'aurai pu servir une princesse capricieuse, et voilà que j'apprend qu'on vous surnomme l'ange du peuple ! J'ai également eu le plaisir de rencontrer un homme courtois et de bonne famille. Mon destin n'est pas de rentrer maintenant en Inde, car malgré ma tristesse ma vie n'est pas dépourvue de joie, cela me suffit. »
Le mal du pays. . . Voilà le nom de la maladie passagère qui dormait dans le coeur de Sudhamayi ! Marie-Anne ne l'avait pas comprit tout de suite, et cela était normal : il est embêtant, parfois vexant, pour un hôte, de voir ses invités sans enthousiasme. L'indienne aurait eu une réaction simillaire si les rôles étaient inversés. En même temps, Sudhamayi n'avait pas d'ami, elle n'avait pas plus l'habitude d'être comprise.