Réunion du conseil

Marie-Anne regarda le conseiller d'un air de découragement. Il pourrait point ne pas parler quand il avait des idées un peu farfelues. La guerre, le sang toujours cela. Pour une fois Marie-Anne se mit en colère devant tous les membres du conseil.

M.de Cromwell croyez vous cela est véritablement un bon moyen de me mettre comme appât franchement..... Votre idée, est, comment dire, la pire idée j'ai entenude de ma vie. Vos majestés, une question me brûle les lèvres, pourquoi Thomas de Gaurres est-il encore en vie et pourquoi il se prétend être le légitime hériter de Gaurres ? A ce que je sais Béléagant avait une sœur qui est notre hôte Marie-Josepht. N'oubliez point non plus le sacrifice que la défunte princesse Élisabeth des Orcades a fait pour sauver la reine des Orcades. Le roi n'était point le plus tendre avec elle.

Mirana savait que derrière Marie-Anne était cachée sa fille Élisabeth et pour rien au monde elle ne voulait la perdre de nouveau. Le prince Gareth aurait été vraiment en furie en entenda,t les déclarations du conseiller et bien cela aurait bien fini mal pour cet homme qui se croyait tout permis. Marie-Anne écrivait des notes sur les parchemins. Des idées lui traversèrent la tête mais elle préféra les garder pour elle de peur de se faire mal voir par le reste des conseillers de Mordred.

Face à un tel tumulte d'avis contradictoires, discordants, voir antagonistes, il s'agissait, pour Mordred, de rétablir un semblant d'ordre et de concorde...en répondant aux uns et aux autres...puis en décidant clairement quelles seront les décisions finalement arrêtées.

Le roy se redressa, balaya la large table de son regard le plus impérieux...afin d'intimer le silence à tous, et enfin, prit la parole, d'une voix forte :

Les ravisseurs ne pourront nous échapper...c'est là une certitude.
Coupés de leurs bases et de leurs derniers partisans, en Gaurres, traqués de toutes parts par nos forces ou nos alliés...ils n'auront d'autres choix que de se réfugier dans les bastions tenus par leurs éventuels soutiens...les nordiques.
Alors nous les assiégerons! et dès lors que nos bâtiments de guerre leurs interdiront toutes possibilités de fuite, et de ravitaillements...leur sort sera alors scellé!

Pour ce qui est des otages...il m'apparaît, ici, plus judicieux de laisser opérer MacGregan et ses hommes...que de tenter le Diable avec toutes autres opérations.
D'ailleurs...peut être serait il plus judicieux de suggérer à nos hommes infiltrés parmi eux...d'attendre d'être au Gwynedd, et nos armées aux portes du château de Sigurd...pour agir?
Les défenseurs largement occupés, Mac Gregan et les siens pourront certainement délivrer les otages et même...nous permettre de pénétrer dans la forteresse ennemie sans coup férir?!

Voilà pourquoi, fort de cette confiance, de cette foi en l'avenir, je considère que les mesures de répressions, en Gaurres, devront se limiter au strict nécessaire...
Les rebelles déjà capturés seront soumis à la question ou exécutés. Mais les suspects que nous enfermerons, dans le cadre de notre action contre les ravisseurs...et uniquement les sujets mâles adultes...seront retenus jusqu'à nouvel ordre...mais si un seul otage devait être assassiné...tous seraient alors passés au fil de l'épée!

Nous traquerons et éliminerons les derniers partisans du sir Thomas...et tâcherons de gagner les sujets de Gaurres à notre cause...si besoin est en achetant les services d'informateurs précieux.

Nous devons agir avec diligence, nous devons nous montrer inflexible et surtout plus déterminé que jamais...
Mais sachons conserver la tête froide et avant tout...évitons, autant que faire se pourra, d'user des mêmes méthodes que nos ennemis...ces sauvages qui par leurs forfaits...se mettent, délibérément, hors de la civilisation!

Nous combattons sous le regard de notre Seigneur!
En son nom et sous sa bannière...
Sachons nous en montrer dignes en tout point.

A peine Mordred avait il achevé son discours, que celui ci avait davantage déclamé que récité, au fil de son élocution...qu'il fut saisit d'un très léger et imperceptible malaise...la situation présente, cette quasi confusion en ce conseil si essentiel pourtant, les efforts déployés afin de prononcer ce plan d'action, qu'il croyait si parfait...le laissa presque sans énergie, et il se réinstalla donc bien vite en son siège...pour se taire, et observer d'un oeil un peu las les réactions et interventions des membres de la cour ici présents.

Mordred avait parlé et, visiblement, les compétences de Greldinard n'étaient plus requises pour le moment. Bien sûr, le Commandant aurait été tout à fait capable de donner son propre avis sur les facettes non strictement tactiques de l'affaire, mais sa ferme et impassible volonté de s'en tenir à ses fonctions précises l'en empêchait, et allait même jusqu'à lui en ôter tout désir.

Peut-être était-ce par le simple effet de sa rigueur militaire et de son loyalisme inflexible ; son âme était du même acier que sa lame, et il n'aurait pas été étonnant, après tout, que son respect de la hiérarchie et son inhumanité fussent forts à ce point. Ou peut-être, qui sait, une plus sombre raison le poussait-elle à réaliser son devoir exact sans le dépasser d'aucune manière ; à rester discret et irréprochable aux yeux des hommes de pouvoir pour mieux endormir leur méfiance.

Non, vraiment, Greldinard était insoupçonnable. Quelques idées vagabondes, tout au plus, traverseraient l'esprit des nobles les plus soumis à l'oisiveté, mais personne ne pouvait sérieusement se méfier de la Main du Tyran plus que d'un simple chevalier de glace. Tout en lui était armure ; mais le métal n'est pas un poison.

Oui, Mordred avait parlé, et le simple fait qu'à présent il ne s'adresse plus à son fidèle bras droit constituait une invitation - et donc une sommation - à retourner dans les ombres. Exécutant froidement l'ordre silencieux, Greldinard recula d'un pas calme, lent et insonore, identique à celui qu'il avait réalisé auparavant en sens inverse, et de la même manière il se fondit dans l'obscurité, tel un démon que les ténèbres enlassent.

Maelrhys avait enfin élevé la voix pour répondre à la proposition du roi, mais on ne lui laissa guère le temps de prononcer plus qu'un: "Bien sûr, sire;" avant que tous ne s'emportent et que le jeune Mordred y mette le holà.

Non seulement les ravisseurs faisaient la nique aux armées, mais en plus il arrivaient à mettre un boxon pas croyable en plein conseil royal! Chacun y allait de son opinion, du bain de sang pur et simple jusqu'à la clémence -avec une nette préférence pour le premier, chacun protégeant au passage ses propres intérêts, comme il se doit chez la gent bien née. L'évêque ne pouvait s'empêcher de ricaner dans sa barbe. Mais l'intervention finale du roi le ramena un peu sur terre et il sourit, amusé, mais aussi quelque peu admiratif devant la droiture et le cran de ce freluquet d'à peine vingt ans et qui arrivait, à la force du verbe, à faire plier une tablée de grands seigneurs, machines à tuer et autres pucelles à particule.

-Je suis tout à fait d'accord avec vous, sire; il ne servira à rien de mener une répression féroce et aveugle, sinon à rendre l'Orcanie encore plus impopulaires en Gaurre. Se faire respecter ne passe pas forcément par un massacre; une autorité imposée est peut être solide, mais peut être renversé d'un bloc à la moindre défaillance.

Le vieil homme hocha sa tête chenue et usée, avant de conclure.

-Si je puis être utile, sire, faites-le moi savoir.

Sous-entendu qu'il avait bien besoin de s'occuper pour oublier les cafouillages du procès de son ami, quel que fût l'ouvrage.

(HJ :

Maelrhys a écrit:: ce freluquet d'à peine vingt ans et qui arrivait, à la force du verbe, à faire plier une tablée de grands seigneurs, machines à tuer et autres pucelles à particule.

Juste excellent. xD)

» Conseil de guerre !

*Réunion du conseil*

Réunion du conseil