Confession de la Reine pv [Frère Illtud]

Blanche se confessait rarement, elle préférait prier pour absoudre ses péchés. Il fallait comprendre que ça dernière confession, avant celle à Monseigneur Phocas, avait été plutôt désastreuse.

D’un pas léger, elle traversa la chapelle. Elle avait parfois l’impression que des fantômes régnaient dans le silence inquiétant de la chapelle,

Elle se signa et entra dans le confessionnal.

Pardonnez-moi mon père, car j’ai péché.

La reine avait ses petits péchés. Jalousies, extravagances, mensonge. Parfois, elle avait besoin d’une autre lumière que son mari, pour la remettre sur la bonne voie.

Elle s’installa donc en silence et attendit une réponse d’un des prêtres qui officiaient aujourd’hui.

Le jeune moine en question n'était rien d'autre qu'un tout "fraîchement" arrivé et ne comprenant que peu de choses à propos de la religion. A vrai dire, il ne connaissait que le strict minimum pour éviter de se faire trop souvent sonner les cloches et encore, mais pas plus.

Profitant d'un moment d'inattention de la part des autres prêtres qui officiaient là, Illtud était parti "visiter" le confessionnal. Il n'en avait bien entendu pas le droit et c'était justement cette interdiction qui l'avait tenté.
Une fois dans l'étroit édifice de bois, il ne put s'empêcher de laisser courir ses doigts sur le bois lisse sculpté et de sentir l'odeur de la cire.

Mais une chose inattendue vint perturber son exploration. En quelques secondes, il entendît la porte de l'autre compartiment s'ouvrir puis se refermer. Quelqu'un venait d'y rentrer, espérant la confesse.
Il décida d'y rester, espérant de tout coeur que la personne, qui que ce soit, s'en aille. Mais tel ne fut pas le cas. Une voix féminine prononça les mots habituels de ce genre de situations.

Prenant son courage à deux mains, Illtud se dit qu'il allait tenter de jouer le rôle du prêtre, bien qu'il n'en ait ni le droit ni les compétences.

Je vous écoute, ma fille, déclara-t-il d'un ton monocorde et d'une voix rauque qui n'était pas la sienne. Avec un peu de chance, cela conviendrait.
Et puis, pensait-il, sa voix ou une autre, qu'est-ce que cela changerait s'il se faisait prendre... Il n'était plus à une bêtise près... Il aurait un péché de plus à confesser...

Blanche arqua des sourcils lorsqu’une voix se fit entendre. Elle ne ressemblait à rien de son beau-frère et encore moins de son protecteur. Et elle n’aurait même pas parier sur le père Maelrhys ce n’était pas sa voix, mais peut importait.

Avec toutes les situations, mon père, je dois vous avouer que je ne sais point pourquoi j’empêche mon époux de faire couler le sang. Je voudrais moi-même tous les égorgés pour leur monstruosité. Tant de haine uniquement pour la vengeance, mais davantage pour avoir l’emprise sur lui. Ils connaissent tous plus que moi, ses désirs. Je comprends sa haine, je la ressens.

Je ne suis pas faite pour être reine. Je suis un amas de soucis, je connais que peu de mon souverain. Je n’ai même pas accès à son bureau. Comment ne pas imaginer des choses. Comme si, je n’avais pas assez de force pour supporter une décision. D’avoir le dernier mot.

La reine soupira. Elle avait peur de ne pas avoir sa place. Bien d’autre femme s’imposait davantage devant elle et elle cédait et laissait Mordred écouter les autres.

Illtud attendait une réponse, mais au fond de lui, il espérait de tout son coeur que cette dame, qui qu'elle soit, décide de partir. Cela lui aurait permis d'éviter une situation plus qu'embarrassante.

Mais elle avait l'air bien décidée à se faire confesser et elle commença directement à tout raconter. Et bien entendu, le jeune moine ne comprenait strictement rien de ce qu'elle pouvait bien dire. Qui était son époux ? Pourquoi faire couler du sang ? De la haine...

Il ignorait à quoi cela pouvait bien faire référence... Il n'avait pas vraiment le choix, il lui faudrait improviser, et au plus vite...

Peut-être craignez-vous pour sa vie ? demanda le pseudo-prêtre tapis dans l'ombre de son compartiment du confessionnal. La violence engendrant la violence, cela peut montrer votre volonté de le protéger. N'est-ce pas une preuve que vous tenez à lui, ma fille ?

Mais le Cinquième Commandement de Dieu ne dit-il pas "Meurtre et scandale éviteras, haine et colère également" ?
Il marqua une pause.

Vous repentez-vous sincèrement de ces péchés, ma fille ? demanda-t-il. Et vous en serez absoute devant l'Eternel.
Une femme n'est un amas de soucis pour l'Homme que si elle le souhaite. Rapprochez-vous de votre époux, passez du temps avec lui, apprenez à vous connaître. Affirmez-vous et montrez-lui que vous existez, ma fille.

Il s'arrêta là, ne sachant qu'ajouter.

Cela est bien facile mon père. Je ne crois pas que le souverain d'orcanie croit la même chose.

Blanche soupira et laissa parler le prêtre.

Alors pourquoi je n'arrive pas à m'imposer comme reine d'Orcanie ? Il est un homme bon et impulsif. Même si notre première relation fut malsaine, Dieu nous a pardonné, nous a unis.

Pourquoi dois-je encore douter de sa sincérité ? J'éprouve tant de jalousie envers les femmes qui prennent position dans sa vie.

Je voudrais être la seule, mais cela est bien égoïste de ma part, je le consens. Malgré tout . je ne sais aimer un autre homme.

Être souverain était parfois une tâche bien ingrate. Elle se l'avouait.

Si telles ne sont pas ses convictions, ma fille, pourquoi ne pas commencer par lui montrer la voie ? Guidez son esprit, menez ses pensées pour qu'il voit par lui-même ce qui est et ce qui n'est pas, tenta le moine sans conviction, qui était déjà complètement perdu par la conversation. Il ne comprenait pas vraiment à quoi la reine -car il supposait que c'était elle - voulait exactement en venir, de quoi elle parlait...

Suggérer peut parfois être plus efficace que montrer la vérité nue, ma fille. Car elle peut parfois effrayer, ou tout simplement mettre mal à l'aise. L'habiller d'atours subtils peut aider à l'accepter, à la découvrir... Une fois de plus, il parlait sans vraiment savoir où il allait. Il essayait en vain de philosopher, d'avoir des propos sensés et pas forcément très clairs pour se rapprocher de la façon de parler des prêtres, mais il avait l'impression d'en faire beaucoup trop tellement c'était loin de sa nature.

Si votre volonté est de briller à ses yeux, ce qui est concevable, ne devriez-vous pas plutôt tenter de briller par rapport aux autres Dames du royaume ? suggéra Illtud. Si vous y parvenez, vous aurez de manière sûre toute sa considération.

Mais peut-être devriez-vous également vous prouver à vous-même que telle est votre place, ma fille, ajouta-t-il.

Je sens en vous un doute. Ôtez le de votre esprit et les choses seront limpides. Ne le laissez pas ronger votre âme et la tourmenter ainsi. Car le doute ne mène pas à ce que vous recherchez et vous nuit.
Peut-être doutez-vous de sa sincérité car vous doutez de vous-même.

La jalousie, ma fille, est une preuve que vous tenez à lui, que vous l'aimez. Si ce n'était pas le cas, jalouseriez-vous également ces Dames ? Illtud n'attendait pas vraiment de réponse à cette question, bien qu'il l'ait formulée à haute voix.

Sachez cependant lui accorder parfois un peu de répit, ma fille, finit le jeune moine.

Blanche voulait être la seule à pouvoir briller pour Mordred. Seule Morgause pouvait prétendre sa place. Elle aimait trop le roi et jamais, elle voudrait froisser la reine Morgause, sa belle-mère.

Mais le prêtre qui la confessait avait trouvé le problème majeur de la reine. Elle ne voulait pas le reconnaître. Elle ne se faisait pas confiance.

Mordred savait qu’il pouvait compter sur elle. Mais le rôle politique se tenait mieux lorsque l’on n’était pas reine. Comme ambassadrice de son protecteur, elle avait toujours réussi, mais maintenant, elle était une épouse, qui était aimé de son mari.

Vous avez raison mon père.

Je me concentrerai sur son bien être. Délaisser mon rôle trop maternel et prendre celui de la reine.

La reine soupira et continua.

Tout le monde sait que l’histoire entre moi et lui, est plutôt nébuleuse. J’ai peur qu’une femme entre dans sa vie et fasse ce que j’ai fait. Commencer par n’être qu’une vulgaire maîtresse.

Un autre soupir et la reine regarda dans le vide

Vous m’avez ramené dans le droit chemin, mon père. J’avais l’impression de m’égarer.

Cela peut en effet être une bonne chose, tant pour lui que pour vous, répéta Illtud, persuadé de ses dires mais toujours aussi peu convaincu par le rôle qu'il tenait depuis quelques temps.

Si votre amour l'un pour l'autre est grand et sincère, ma fille, nulle autre ne pourra vous remplacer dans son coeur ! tenta-t-il de la rassurer.

Bien que le Seigneur nous ait demandé, à nous mortels et éphémères êtres issus de sa création et de son savoir de ne commettre d'adultère, il a tout de même béni votre union. Il ne tient qu'à lui de l'honorer en ne vous trahissant pas de la sorte et à vous de le guider s'il s'égare. Et vos peurs seront dissipées, ma fille, affirma Illtud avec autant d'assurance et de conviction dont il était capable.

Le jeune moine manqua de s'étouffer en s'entendant appeler "mon père". Soit il jouait bien le jeu et sa supercherie était passée inaperçue, soit il avait été repéré et il devait s'attendre à passer à la confesse et au sermon après s'être fait sonner les cloches un bon coup...

Au moindre doute ultérieur, ma fille, demandez au divin et repentez-vous de vos pêchez, notre Seigneur étant bon et miséricordieux vous guidera sur le droit chemin. A nouveau, il prononça ces mots en essayant de se mettre à la place d'un prêtre habitué à ce genre de situation. Mais force était de reconnaître qu'il n'avait aucune idée ni aucun souvenir de ce qui pouvait bien se dire dans ce genre de situation. Il avait donc improvisé une phrase de plus puis se tut.

Blanche se trouvait toujours envahissante lorsque le roi était proche. Son confesseur lui donnait presque la réponse. Elle devait se défaire des clichées de la cour. Mordred l'aimait, un point c'est tout. Second, elle était la reine et n'avait qu'à prendre le rôle qu'on lui destinait.

Oui mon père ...

Les yeux de la reine se fermèrent et elle soupira. Un instant de silence s,installa lors de la réplique du confesseur. Lui autorisait-il àsortie, absoute de tout péché.

Merci ,mon père de m'avoir ramenée dans le droit chemin. Je sombrais de plus en plus dans le doute. Et jamais je n'aurais osé en parler au roi.

Elle portait son quatrième enfant et elle n'avait pas envie de se ronger les sens, une fois de plus.

Pardonne moi d'être 5 jours en retard, j'ai été malade et beaucoup de travaux. Et la tête suit pas le corps

Embarassed

[Pas de soucis, repose-toi bien, c'est plus important que poster ici ^^]

Le jeune moine écouta celle qui se trouvait de l'autre côté du mur de bois du confessionnal avec attention. Elle semblait avoir été aidée par son improvisation, ou tout du moins rassurée. Bons conseils ou pas, au moins il avait joué son rôle. Il espérait tout de même ne pas avoir été mauvais conseiller.

Je vous en prie, ma fille, répondit-il à la fin.

Que Dieu vos guide et vous garde, finit-il, l'autorisant ainsi à quitter le confessionnal et à le libérer par là de ce lieu clos.

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