Après un pas en direction de son époux, la luminescence d'une torche embrassa timidement le visage de la reine, pâle et légère comme la lune. Les traits de la dame souveraine apparurent alors au roy, beaux comme les fleurs qui dressaient leurs têtes fraîches et gracieuses à la brise caressante. Et bien qu'elle dût être triste comme une morte, la divine Aphrodite sourit malgré le mauvais temps.
- Douteriez-vous de moi, Mon Seigneur? demanda t'elle.
Pour seule réponse, Mordred se pencha sur les lèvres de son épouse, qui pâlit d'avantages à ce contact si doux.
Un long frisson parcourut l'échine de l'enfant des nymphes des forêts. Son corps entier s'embrasa, suppliant sa volonté de fer et son orgueuil de se taire et de s'offrir à cette caresse amoureuse. Oh! Quel supplice! Elle aurait préféré avoir le petit doigt coupé! Il lui aurait parrut moins douloureux d'être ainsi dépossédé que de résister à cette bouche canine pressé avec amour sur ses deux pétales de roses orangés.
Lorsqu'il se retira, le Loup de Warminster caressa tendrement de son pouce les ravissantes lèvres de sa douce moitié. C'est alors qu'une vague de honte s'abbatit sur la pauvre conscience de la reine, prête à fondre de nouveau en larmes. Mais elle se retient, fontaine qu'elle était dans sa solitude, statue de marbre, représentation des beautés antiques de Rome qu'elle s'affichait publiquement.
Ses deux yeux, aussi étincelants que deux émeraudes, brillaient d'une froide colère qui eut pu déstabilisé le plus sanguinaire des guerriers. Pourtant, elle savait qu'ils n'avaient aucune influence sur son époux. Il connaissait déjà le reflet de son âme, pour l'avoir pénétré alors que leurs plaisirs corporels éclataient en unisson...
- La naïveté de la jeunesse nous as conduit devant l'autel, nous jurant que notre amour serait éternel! murmura Ophélia afin de n'être entendu que de Mordred. Mais le temps et les épreuves de la vie nous ont confronté à la triste réalité. Aucun sentiment ne pourra survivre... car nous étions deux enfants épris. Aujourd'hui, adulte et courroné, nous comprenons mieux le sens de ce qui nous as échappé à l'époque.
Je suis heureuse que votre cousine soit contrainte d'épouser un homme qu'elle ne connaît pas. Ainsi, elle ne sera jamais blessé parce ce qu'elle avait cru cadeau du ciel... Elle se fera à cette triste réalité et peut-être, au fil du temps, apprendra t'elle à éprouver quelques attachements pour le roy saxon.
Elle sourit, cruelle qu'elle était. Elle venait de blesser à nouveau ce traître qu'elle avait tant chéri, le remettant ainsi à la place qu'il se devait de tenir à présent... c'est-à-dire à une distance respectable de son épouse. S'il osait à nouveau franchir cet espace, elle l'acheverait avec des armes plus puissantes. Le fiel de ses paroles se feraient venin mortel.
L'onde lumineuse qui résidait au fond de son regard s'évanouit, alors que la belle se mouvait dans l'espace quasi irréel qui les entourait. Elle s'effaça, rayon célestre, ombre mystique, de la vue de son hôte et de son mari, pour aller cueillir la main du seigneur saxon.