Confession d'un arrogant conseiller

Lorsque Geoffroy entendu la voix du Byzantin, une envie soudaine de mentir au confessionnal lui prit. Toutefois, sous l'œil de Dieu, dans sa maison, face à un de ses disciples, un tel reniement était passible des pires atrocité après la mort. Il se retint d'un tel mensonge et tenta de passer par-dessus sa honte.

Mais pourquoi fallait-il que ce soit ce prélat et non Agrevain qui absoute ses fautes? Pourquoi donc... lui? Il avait beau croire que celui qui était le chef de la confesse n'était censé jamais dire à personne ce qu'il avait entendu, ne devait utiliser rien à son avantage personnel mais... mais, ne sait-on jamais?!? Surtout qu'il avait pressentit que Phocas, qui était obligé d'avoir une mission avec lui, ne lui accordait pas beaucoup de bons vœux et de sentiments amicaux. Bon, c'était quand même mieux que tomber sur Florin...

Il finit par se dire:

* Tant que je me fasse pardonner, le reste ne doit pas importer!*

''Dans la soirée d'hier, j'ai posé un geste plutôt répréhensible envers une jolie demoiselle. Je regrette amèrement mes impulsions et j'aimerais en être pardonné.''

Il n'avait pas dit clairement qu'il avait posé un baiser sur les lèvres de Blanche, mais avec l'attitude qu'il avait eu au banquet à son égard, c'était plutôt facile à deviner pour le prélat. De plus, Geoffroy se disait que les détails importaient peu pour le prêtre en question. Ceux-ci ne regardait que Dieu lui-même!

Geoffroy ne savait pas comment interprêter le ton amical de son confesseur. Habituellement, le jeune conseiller avait l'esprit assez vif pour se rendre compte, rapidement, lorsque quelqu'un tentait de lui soutirer des informations. Toutefois, fatigué et mélangé dans ses sentiments, il n'offrit pas grandes résistances. D'un ton plutôt coupable, il avoua finalement:

'' Pardonnez-moi pour la subtilité! Voilà, hum... ce que je vous disais était que... j'ai... volé un baiser à la duchesse...''

Quant à être là, il ne pouvait pas s'en sortir autrement. Il semblait que l'intermédiaire de Dieu devait être informé de tout pour confesser le pêcheur...
Il soupira avant de continuer de façon plus normale, c'est-à-dire, plus arrogante (on voyait bien que Geoffroy n'était pas capable de se rabaisser bien longtemps!) :

'' Je ne comprends pas ce qui m'a pris. Normalement, j'ai un contrôle absolu sur mes émotions. Selon moi, les émotions ne sont là que pour freiner un raisonnement juste et éclairé. Alors... alors je me demande encore pourquoi un conseiller de ma tranche, aux jugements politiques exemplaires, a succombé aux futiles tourments de l'amour.''

N'était-ce pas son pire pêché: l'arrogance?

Geoffroy n'aimait pas la soudaine curiosité du Prélat. Toutefois, comme un oiseau en cage face à son confesseur et emprisonné par le serrement qu'il ressentait en son coeur face à Dieu le père, il n'eut pas le choix de dire:

'' Avant que la dite duchesse n'entre dans ses appartements, j'ai... j'ai été sporadiquement attiré sur ses lèvres. J'ai succombé, voilà! Elle... elle est resté troublée un moment. J'étais tellement honteux. Je... ne comprenais rien à ce qui venait de se passer. Je me suis sauvé. Et voilà... elle m'a rattrapée et j'ai... j'ai alors eu la certitude qu'elle ne devait pas me détester tant que ça. Elle est même restée une... une partie de la nuit avec moi à parler. Ah, cette femme, si compréhensible si... merveilleuse, magnifique, extraordianire, heu...

Dans ses emportements face à celle qui faisait battre son coeur, il se rappela, soudainement, qu'il était dans un confessionnel.

'' Je suis navré... Je vous jure que je vais me contrôler la prochaine fois et que... je représenterai avec honneur notre Roy en terres de son oncle! Promis! Foi de Geoffroy!''

Le teint du visage du conseiller- que le Byzantien ne pouvait pas voir à cause de la noirceur et de la grille- était si rouge qu'on avait l'impression qu'il allait mourir de honte.

Puis, reprenant encore ses airs arrogants, il osa demander:

'' Je sais que ceci relève point de ma confesse, mais, dites-moi... Quand partirons-nous pour notre mission de haute importance, mon cher Prélat? Je ne vous cacherez pas l'impatience que mon esprit en manque de défi subit. Êtes-vous hâtif aussi et... Dame Morgane, l'avez-vous revu depuis le banquet ? Je ne veux pas paraître mal élevé, mais ne devrions-nous pas préparer notre départ dans un futur rapproché?''

Lors de sa confesse, son ton était plutôt perturbé et rapide. Maintenant qu'il se sentait nettoyé d'un grand poids, il paralit d'une voix plutôt énervant et inquisitrice.

Geoffroy regrettait amèrement d'avoir laissé la spontaneité le prendre encore de cours. Quand allait-il cessé de se trahir à cause de ses sentiments amoureux de jeune homme fringuant? Et, d'ailleurs, depuis quand laissait-il ses sentiments gagner sur sa raison? Ah, l'amour! Il n'en savait rien mais, tout ce qu'il savait, c'est qu'il allait passer une nuit blanche à prier à genou dans une froide église! Ceci l'exaspérait, car il savait que son geste n'était pas répréhensible à ce point. Malhereusement, le confesseur avait tous les droits du monde sur les pêcheurs qui se confiaient à lui. Une forte curiosité lui prit alors. Et lui, même s'il était "Prélat", il n'était pas parfait... n'avait-il pas déjà succombé au charisme d'une femme? Il étira un sourire sur ses lèvres juste à l'idée d'oser poser cette indiscrète question qui, s'il ne voulait pas se voir grattifier d'une pénitence plus grave, devait, pour une fois, se réserver un peu. Il baissa la tête en clamant, d'un air moins fanfaron:

" J'accepte la pénitence que vous m'infligié puisque je la mérite. Je prirez, donc, à genou dans l'église cette nuit. Toutefois, je vous promet que cela n'arrivera plus jamais, car je saurai refroidir les élans de mon coeur et me concentrai sur ma vraie voie: celle de fier et grand conseiller de la cour orcannienne!!!''

Il fit une pause dans sa voix. Comme à chaque fois, en se vantant, il avait réussi à se remonter, lui-même, son moral de jeune arrogant et narcisique personnage.

'' Pour ce qui est de votre proposition, si le Roi le veut - et cela me surprendrait grandement qu'il ne veule point- je viendrai avec vous!''

* Pourquoi veut-il m'avoir à ses côtés dans cette autre mission? Moi qui pensait que je l'énervais? Hum, ne dit-on pas que le prédateur aime jouer avec sa proie? Foi de Geoffroy, je ne serai pas le joujou de ce prélat!*

N'était-il pas trop tard pour songer à de telles choses? N'était-il pas, en ce moment même, en
train d'amuser son confesseur?

Geoffroy reçu son absolution d'un air distrait (ce qui ne se voyait pas à cause de la grille). Puis, doucement, quand la confession fit réellement close, il sortit du confessionnal pour retourner dans la chapelle suivit par le prélat qui lui avait dit ces mots plus diplomatiques:

- Nous nous reverrons, mon fils, pour
metre au point cette mission dans les îles des Orcades, je compte sur
vous pour me servir d'intermédiaire avec son Altesse Mordred, cette
mission est, pour moi, d'importance, et je vous serai reconnaissant,
très reconnaissant, de bien vouloir user de votre non négligeable
influence sur votre Sire.

'' Bien sûr que j'userai de mon pouvoir sur le Roy et je jouerai, comme toujours, le rôle du bon conseiller intermédiaire, n'en soyez point inquiet, mon cher prélat. J'ai bien hâte à ce moment où nous nous reverrons... Bonne nuit à vous.''

Après avoir répondu ceci d'un ton détaché, il s'agenouilla dans un coin pour faire plaisir à Phocas. Il n'avait aucunement l'intention de prier toute la nuit, mais il allait au moins le faire pendant que le prélat le voyait encore. Il fallait dire qu'il avait hâte de retourner au château pour préparer ses affaires pour la prochaine escapade. Ainsi, agenouillé, il ne pouvait pas, non plus, s'aquitter convenablement de sa mission d'écrivain de la cour! Peut-être se passait-il, ce soir, d'ailleurs, des choses auxquelles le grand Geoffroy n'avait pas eu l'occasion d'inscrire sur un parchemin! Horreur! Il avait laissé l'amour et le pêché lui soustraire une bonne veillée d'annotation. Il s'en voulait, mais en même temps, il se disait que cet absence remarqué au côté du Roym ce soirm allait prouver à Mordred à quel point il était essentiel ou... lui donner des soupçons. En tout cas... Ne le savait-il pas déjà? Tout ce qui était sûr, c'est que, dès le lendemain matin, il irait à la rencontre de son Roy. Espérant qu'il n'apprendrait jamais qu'il avait embrassé sa maîtresse... Sa maîtresse? Était-il certain que la duchesse l'avait été ou l'était? Non. Mais bon, c'était plus que clair!

'' Notre père qui est aux cieux....
Que ton nom soit santifié...
Que ton Règne vienne...
Sur la Terre comme au Ciel...
Donnez-nous aujourd'hui notre pain de ce jour...
Pardonnez-nous nos offenses...
Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé...
Et ne nous soumettez pas à la tentation...
mais délivrez-nous du Mal...'' récita-il à voix mi-forte, les mains croisé.

Il priait, mais sa tête était complètement ailleurs.