Arrivée de Méladius

L'aube se levait sur le petit lac embrumé. Le soleil d'été pointait timidement ces rayon dans le dos d'une silhouette sombre et macabre. Monté sur son destrier le haut personnage se tenait droit comme un I. Son corps entièrement recouvert d'un manteau noir descendant jusqu'aux chevilles. De celui ci ne dépassait qu'un masque d'armure en forme de loup. Ces yeux de rubis jetaient des lumières rougeoyante et donnait au cavalier l'aspect d'un loup garou.
A son coté pendait son sabre de cavalerie. Dans son dos une lourde arbalète était passé les carreaux se trouvant dans les fontes du cheval.

Le cavalier fit arrêter sa monture près de l'eau la laissant s'abreuver. Il mit pied a terre et s'approcha lui aussi de l'eau. Il tendis sa main gantée de cuir vers l'eau claire et en retira une louche. Il but avidement cette eau fraîche avant de remplir sa gourde.

Après ce petit interlude il regarda aux alentours. L'endroit était désert. Personnes depuis plusieurs lieu déjà. Pourtant il avait suivis la direction qu'on lui avait indiqué pour trouver les terres du seigneur Mordred. Mais depuis il n'avait vu que plaines et vallées.

Il se tourna vers son cheval et caressa son encolure. Heureusement qu'il était tombé sur ces gentils marchants et, qu'après les avoir offerts en sacrifice a Dintha, ils aient bien voulu lui céder nourriture et cheval. Il ria intérieurement de cette pensée.

J'espère que nous trouverons vite ce Mordred mon brave destrier. Il me sied de rencontrer un homme qui, ace qu'on m'a dit, devrais partager les mêmes idées que moi.

HJ : Je réponds à notre nouvel ami, et invite Clelianys à se joindre à nous!

Contrairement à ce qu'il pouvait présumer... Le guerrier étranger à ces terres n'était point seul, ici bas.

Morgane, la prêtresse d'Avalon et duchesse de Tintagel, la soeur cadette de la reyne Morgause, et par conséquent, tante du tyran d'Orcanie...

Se trouvait non loin de lui, derrière un grand arbre, occupée, qu'elle était, a cueillir et récolter les plantes et autres racines nécessaires à ses philtres et potions.

Cet endroit, propice à la réflexion, était, pour la noble dame, "repaire" tout à fait approprié à son hardent besoin de solitude...

Demeurer entre les murs du château l'étouffait et la cour l'exaspérait royalement!

Oui, Morgane aimait a venir se recueillir ici, au bord du lac sacré de Mélusine ( la fée qui aurait initiée les rites païens en Orcanie ), ainsi que dans l'antique temple de la Déesse de ces lieux... fort chargés en mythes et légendes.

Car même en ruine et promis à l'oubli, ce plus ancien témoignage du paganisme en ce royaume, conservait intact son aura et tout son intérêt...

Mais le hennissement d'une monture et le bruit de ses pas saccadés, sur le sol terreux, alerta la prêtresse...

Celle ci interrompit sa cueillette et se risqua a observer, sans trop se découvrir, l'inconnu se trouvant sur les rives du lac.

Visiblement il s'agissait d'un guerrier et farouche, s'il fallait en croire sa mise, digne d'un barbare saxon ou d'un picte.

Et Morgane en était là de ses considérations lorsqu'... Elle fit craquer une feuille sèche sous ses chausses. ( hj : essayez de lire cette phrase plusieurs fois de suite et très vite! :p )

Elle s'immobilisa, le souffle court, avant de se montrer... Digne et fière, comme toute prêtresse d'Avalon qui se respectait!

En entendant le bruit il fit volte face en dégainant son épée d'un geste vif. Il la pointa en direction de cette étrange femme qui l'instant d'avant, il en était sur, n'était point là ! Amie ou ennemie il ne savait mais allait vite le découvrir. Il lança avec son accent étrange un :

Qui va là ?

Du regard il balaya les alentours cherchant d'éventuels fantassin caché dans un bosquet ou des archets prêt a l'occire. Il ne vit rien. D'un pas ferme et décidé il se dirigea vers cette dame qui visiblement ne devais pas être d'un très grande force physique. En ce déplaçant ainsi son manteau s'ouvrit laissait apercevoir son armure de cuir. Son aspect physique inspirait vraiment la peur et les yeux de son masque de loup semblait briller de milles feux.

Une fois face a cette dame il ne baissa pas la garde pour autant et la toisa de haut en bas.

Qui êtes vous et que me voulez-vous ?

Morgane regarda le ténébreux guerrier s'avancer vers elle un léger sourire énigmatique rivé aux lèvres...

Elle n'était nullement une menace pour cette montagne de muscles, alors à quoi bon lever ainsi sa lame dans sa direction?

Aucunement impressionnée, elle aussi le considéra en détails, bien incapable, pour le moment, d'identifier les origines de cet étranger.

"Qui êtes vous et que me voulez-vous ?"

Contre toute attente le sourire de la prêtresse s'élargit davantage, et celle ci, en levant suffisamment la tête pour se faire, braqua ses yeux d'acier dans ceux, animal, de son interlocuteur...
Afin de sonder son âme et de tenter de deviner ses intentions.
Et elle ne cilla point.

Le colosse ne semblait pas vouloir lui nuire, dans l'immédiat...

Je me nomme Morgane de Tintagel, duchesse et... Prêtresse de la grande Déesse en Avalon.

Tante du souverain de ces terres, le roy Mordred d'Orcanie!

Voici qui devrait assouvir la curiosité du "brave" guerrier, mais également... Le dissuader de lui causer le moindre tort : son tyran de neveu était suffisamment connu pour sa cruauté pour cela!

Son attitude le surpris. Elle ne montrait aucuns signe de peur ni d'inquiétude. Contre toutes attentes elle lui sourit même le rendant encore plus perplexe. Elle le fixait droit dans les yeux, rarement dame avait osé le toiser ainsi. Serait-elle un peu sorcière ? Il ne sut le dire jusqu'à ce qu'elle se présente. Elle était prêtresse et parente de roy Mordred. Intéressant...

*Merci encore a toi Dintha de guider mes pas*

Vous êtes prêtresse... De la grande déesse DINTHA ?

Il baissa sa garde et rengaina son épée dans son fourreau. Il serait de bon ton de ne pas se mettre en froid avec le seigneur de ces terres pour le moment. Il usera même de politesse afin de, peut-être, se mettre dans les bonnes grâces de sa tante.

Mille excuse gente dame d'avoir ainsi tiré l'épée contre vous. Mais les voyages ne sont pas choses sur de nos jour et je préfère être sur mes gardes. Comme vous avez pu le constater je ne suis point originaire de ces terres.

Je suis le seigneur Méladius de Kroiden, Grand connétable de l'ordre du loup depuis la mort de feu Albéric de Kroiden, mon père. Seigneur exilé des terres de Myrkkin.

Il fit une révérence devant cette noble dame.

Enchanté de faire votre connaissance dame Morgane de Tintagel. C'est le destin qui, en n'en point douter, vous a conduit sur ma route. En effet cela fait plusieurs lunes que je cherches les terres du roy Mordred afin de le rencontrer.
Aurais-je l'audace de pouvoir vous demander mon chemin. Et si il vous sied, je puis vous escorter en gage de ma bonne foie.

Avec confiance, Clelianys avait rapidement quitte l'enceinte du chateau. Au moment ou elle s'etait retrouvee dehors, un poids nettement perceptible semblait avoir quitte son coeur. Elle se sentait mieux. Sa respiration reprenait son rythme habituel, doucement. Elle retrouvait la nature, cette nature qu'elle cherissait depuis l'enfance. Qu'elle avait appris a connaitre et a aimer, avec le temps. Tellement differente de ces murs de pierres qui ne vehiculaient rien d'autre qu'austerite et souffrance. Combien de malheureux, emprisonnes entre ces murs, sans nul espoir de revoir un jour la douce lumiere du soleil ? Combien d'intriguants, de courtisans a l'entreprise vaine, et qui les tuait plus surement que la plus radicale des maladies ? Il etait temps de partir... et de retrouver cette Morgane, dont elle pressentait que l'entrevue partagee avec la tante de Mordred serait des plus interessantes.

Alors, avec sa serenite familiere, elle s'etait laisse envahir par l'instinct. Un instinct paien, animal, qui lui indiquaient que ses chances seraient plus grandes si elle se rendait pres du lac de Melusine... Evidemment... Il ne s'agissait que de la plus pure, de la plus saine logique. Ses sens la guideraient jusque la...
Le sentier, sinueux a travers la foret, etait agreable a suivre tandis que les mains de la druidesse effleuraient de temps a autre une fleur sauvage, les feuilles d'un chene, ou encore le lierre accroche avec rage a son tronc.
Elle sentit ainsi avant de l'apercevoir, la vaste etendue d'eau. Immobile, a la surface aussi lisse que le plus parfait des miroirs. Une odeur reconnaissable entre toutes atteignit ses narines, et la fit respirer profondement. En cet endroit regnait une magie pure, puissante. Aussi attirante qu'inquietante.

Mais la jeune femme ne put guere profiter de la mysticite des lieux. Le silence, qui aurait du regner en maitre, etait ecarte au profit de deux voix, dont le timbre resonnait longtemps apres que leurs paroles fussent prononcees, grace a l'eau du lac. Elle n'etait qu'a quelques metres d'eux. Ceci rompit l'engouement muet de Clelianys, dont les sourcils se froncerent avec la grace qui etait la sienne. Ses yeux etaient rives sur les deux silhouettes qui parlementaient. Un homme, habille etrangement, a l'aspect animal. Voila qu'il s'inclinait devant une femme... il n'y avait aucun doute qu'elle fut magicienne elle aussi. Et quelque chose lui murmurait insidieusement a l'oreille qu'il ne s'agissait que de Morgane, elle-meme.

Decidee a faire irruption, sa bouche formula des mots avant de se degager de l'emprise des sous-bois.

" Avant cela, je vous prierai d'agreer a ma demande, Ma dame. "

Son corps si svelte, perdu dans la robe blanche des druides se revela enfin a ces inconnus, tandis que ses mains abaissaient son capuchon, de sorte qu'ils puissent apercevoir son visage. Visage au facies calme, mais ferme.

" Je suis envoyee aupres de vous par votre cher neveu... "

Morgane esquissa un sourire de contentement : ainsi les plus rustres des guerriers pouvaient, parfois, se montrer courtois et même aimables...

A l'instant encore menaçant, Méladius faisait à présent assaut de civilités : la tante du tyran en apprendrait donc tout les jours!

"Vous êtes prêtresse... De la grande déesse DINTHA ?"

De prime abord interloquée par l'énoncé de ce terme, de ce nom, si étranger à ses oreilles... Morgane afficha un sourire polie.

En ces terres nous nommons la Grande Déesse Ceridwen.
Mais toutes les divinités ne font qu'une... Qu'importe leurs noms!

L'impérieuse prêtresse pris acte des excuses du seigneur étranger, ( qui ne tarda guère a se présenter ), en inclinant légèrement la tête, en signe de bonne volonté.

Et pris connaissance avec intérêts des raisons de la présence de Méladius en Orcanie, et de sa proposition de cheminer en direction du château...

Morgane était, évidemment, toute disposée a guider son interlocuteur vers son but. Que ne ferait elle point pour satisfaire son très irritant ( et pourtant ) si attachant neveu de roy?

Bienvenue seigneur Méladius!

J'accepte, naturellement, de vous menez jusqu'au château.

Ma monture ne doit pas être très loin...

Mais avant... Permettez moi d'achever ma récolte du jour!

Dit elle, sur un ton des plus léger, tout en désignant un groupe de champignons "lovés" contre un arbre.

Et tout en se penchant vers sa découverte, Morgane lança finalement ceci à Méladius :

Ou se trouve donc vos terres, monseigneur?
Je ne crois pas avoir jamais entendu ce nom, aupar...

" Avant cela, je vous prierai d'agréer a ma demande, Ma dame. "

Stupéfaite et interdite, la prêtresse se redressa avec lenteur pour faire face à l'inconnue qui venait à l'instant de s'exprimer...

Fallait il que l'attention de Morgane fut toute tournée en direction de Méladius, pour n'avoir pas perçut l'arrivée imminente de cette jeune femme...

Qui par sa mise et son attitude ne faisait nullement mystère de ses croyances.

La tante de Mordred considéra, sourcils froncés, la nouvelle venue...

Non avec suspicion ou hostilité, mais plutôt avec une bienveillance mêlée de curiosité.

" Je suis envoyée auprès de vous par votre cher neveu... "

La duchesse et prêtresse se décontracta : c'était la un début d'explication, mais que voulait cette damoiselle, aux allures de vestale? Et que souhaitait le tyranneau?

Oui?

Que souhaitez vous de moi, Morgane d'Avalon?

Et que désire notre roy?

Damoiselle...?

Avant de revenir à Clelianys, la grande dame croisa le dur regard de Méladius.

Jugulant l'apprehension de celui qui se sait examine avec attention, etudie et analyse, la jeune femme joignit alors ses mains sur son ventre, ne cessant d'avancer, pas a pas, jusqu'a s'arreter, troisieme et ultime point du triangle qui rassemblait ces individus si differents les uns des autres. Afin de laisser quelques secondes a la pretresse pour se remettre de la surprise qu'elle avait certainement creee en apparaissant de la sorte, Clelianys porta son attention vers le denomme Meladius et le salua brievement d'un hochement de tete, afin de lui signaler qu'elle ne dedaignait point son existence.

Ce fut ensuite l'heure de devisager celle qui determinerait son futur proche. L'apparence debonnaire de son interlocutrice etait certainement trompeuse. Elle reconnut cependant la stature noble et droite de la tante de Mordred. La force se degageait de cette silhouette pourtant peu imposante au premier regard. Avec fierte, la druidesse ne se deroba pas aux yeux percants qui la fouillaient non sans menagements. C'etait de la politesse et non de la violence qui pouvait se lire a travers ces iris sans age. Attention tellement differente que lui avait porte le tyran au premieres minutes de leur entretien.

Clelianys sut que sa presence serait acceptee par Morgane. Un sourire discret, subtil, mais detendu naquit au coin de ses levres, en apercevant la ligne des epaules qui se detendait, le corps qui perdait de cette rigidite coutumiere qu'apporte la mefiance. Il ne fallait jamais attendre trop longtemps pour expliciter la raison d'une venue quelconque, mais au contraire profiter du temps d'arret de la creature en face de vous pour prendre l'avantage et vous imposer avec simplicite et discretion.

Oui?

Que souhaitez vous de moi, Morgane d'Avalon?

Et que désire notre roy?

Damoiselle...?

Sans perdre plus de temps, la damoiselle en question repondit de sa voix grave et melodieuse a la fois :

" J'ai soumis a notre seigneur Mordred la proposition de demeurer au chateau, et de lui offrir ainsi qu'a son epouse, toute l'etendue de mes services. Ma magie est puissante, et mon esprit vif. Je pense pouvoir aider au mieux mes souverains et les proteger de toute vile tentative pour les destituer de leur trone ou leur nuire de quelque maniere que ce soit. "

Laissant filer un silence necessaire a la bonne entente de sa requete, Clelianys poursuivit :

" Il me semble avoir produit une impression positive sur votre neveu et roy. Ce dernier n'attend plus que la votre pour que je puisse enfin m'acquitter au mieux de ma tache. "

La jeune femme s'inclina, avant de se redresser sans precipitation. Les des etaient lances. Tout devrait bien se passer...

Méladius fut surpris de cette arrivée. D'une part lui non plus n'avait ni entendu ni senti cette personne s'avancer vers eux.
D'autre par elle était d'un beauté surprenante.
Il eut une réaction instinctive, sa main droit ayant été guidée vers la garde de son sabre.
Il se décontracta lorsqu'il s'aperçut que c'était une femme. Elle parlait directement avec dame Morgane de choses dont il ne comprenait rien, pour le moment. Visiblement elle était satisfaite de cet état de chose. Elle ne lui adressa qu'un signe de politesse.
Il avait compris qu'elle aussi était un peu sorcière ou quelque chose de similaire. Il fallait donc s'en méfier bien que sa grande beauté semblait dire le contraire.
Inconsciemment il la regardait avec attention. Il sentait le désir monter en lui. Pas un désire d'amour non, celui-ci était plus bestiale car a dire vrai il y avait longtemps qu'il n'avait partager une nuitée avec une belle dame.
Soudain sentant qu'il était resté immobile trop longtemps il se ressaisit.

Mes terres... sont situées très loin de votre pays. A plusieurs mois de voyage par delà les mers et les continents.
Oui, bien sur dame Morgane faite donc. Finissez votre récolte a votre guise je me ferais un plaisir de vous attendre en compagnie de cette noble personne.

Il se tourna de nouveau vers l'inconnue.

Si bien entendu il vous sied d'attendre en ma compagnie. Je me nome Méladius de Kroiden et je m'apprêtait a escorter cette noble personne jusqu'au château du roy. Nous pourrions voyager ensemble et ainsi faire connaissance. Damoiselle ....??

Il avait dit cette dernière phrase en s'approchant lentement de cette jeune personne. Il lui avait pris délicatement la main et lui fit un baise main. Il allait certainement pouvoir être, par cette entremise, présenté au Roy Mordred. Et pourquoi pas arriver a séduire cette jeune personne afin qu'elle accepte de partager sa couche. Une seule nuit....

Clelianys avait noté le réflexe élémentaire pour tout mercenaire qui se respectait. La surprise l'emeut avec autant d'indifférence lorsqu'il l'aperçut laisser glisser sa paume robuste pour délaisser ainsi le manche de son arme. A présent que la druidesse se devait de laisser sa supérieure réfléchir à son destin, rien ne l'empêchait de se focaliser à présent sur le soldat qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Sa mine guerrière et abrupte avait de quoi perturber tout étourdi qui se serait arrêté à oser lui poser une question ou une autre sur sa présence en ces lieux. Et apparemment, la réponse lui était servie ici-même. Elle semblait n'être pas seule à désirer se rapprocher du souverain. Cependant, contrairement à elle, la jeune femme le semblait plus prompt à s'engager pour lui qu'à essayer d'en apprendre sur ces agissements, parfois aussi cruels qu'inexplicables.

* Les méthodes propres aux tyrans sont bien assez bouffies de haine et de force brute... ce sont des colosses comme lui qui sont le plus à redouter. *

Réprimant la montée d'une méfiance quasi naturelle, ses prunelles perçurent également une chose qui ne faisait qu'accroître cette inquiétude, peut-être injustifiée. Le désir d'un mâle pouvait parfaitement se lire dans le plus sombre des regards. Sa mère l'avait trop grandement avertie de ce risque qu'encourre toute femme parcourant les routes comme elle le faisait. Ce qu'elle voyait dans ces yeux rougeoyants l'effrayaient, tandis que ses mains délicates se crispaient nerveusement, blanchissant ses jointures.

Mes terres... sont situées très loin de votre pays. A plusieurs mois de voyage par delà les mers et les continants.
Oui, bien sur dame Morgane faite donc. Finissez votre récolte a votre guise je me ferais un plaisir de vous attendre en compagnie de cette noble personne.

Incapable d'articuler un mot et se sentant incapable de le freiner dans cet élan, la magicienne acquiesça simplement.

Si bien entendu il vous sied d'attendre en ma compagnie. Je me nome Méladius de Kroiden et je m'apprêtait a escorter cette noble personne jusqu'au château du roy. Nous pourrions voyager ensemble et ainsi faire connaissance. Damoiselle ....??

Sa voix laissa échapper un frêle murmure :

" Clelianys... "

Il était beaucoup trop près. De quel droit saisissait-il sa main si pâle, si légére, qui disparaissait presque dans la sienne, large et gantée ? Dissimulant son appréhension derrière un masque neutre et un bref sourire crispé, ce fut avec douleur qu'elle accueillit dans son corps un long frisson... désagréable et glacé.

Désormais que la présence de Clelianys s'expliquait pleinement et clairement...

Morgane pouvait afficher un large et très sincère sourire de satisfaction.
La prêtresse d'Avalon ne pouvait, en effet, que se réjouir de la confiance affichée ( enfin?! ) par le souverain envers tout les enfants de la Déesse!
La politique de concorde religieuse suivait donc son noble chemin.

L'auguste ( et envoûtante ) dame ne pouvait que s'incliner devant cette décision royale, de la même façon qu'elle s'inclina, très légèrement, une fois la déclaration de la jeune druidesse achevée...

Et lorsque son regard impérieux mais bienveillant fixa de nouveau les deux protagonistes, lui faisant face... Morgane ne put que constater, mi amusée, mi agacée, le petit jeu très "mâle dominant" du sieur Méladius.

Car bien que les règles, élémentaires, de courtoisie fussent, ici, respectées, les yeux luisants de désirs mal contenus du messire, ne laissaient guère de doute quant à ses éventuelles intentions...

Morgane considéra, un instant, le sol mousseux.

Elle aussi, évidemment, avait été contrainte d'affronter ce genre d'attitude libidineuse... Affronter, car la duchesse n'était pas de celle qui subissait le diktat des hommes sans résister.

Son statut et sa renommée, son aura même, le lui permettait...

Le seul et unique (?), qui parvint, jamais, à la séduire, pour avoir sut l'attendrir, fut le sir Accolon, seigneur des Galles, et chevalier de Camelot.

Pour la première fois, sans doute, Morgane avait cédée devant une tierce personne... Par amour, et seulement pour cela!

Aussi, eut elle une tendre et fugitive pensée pour son bel ami.

Mais l'échange entre Clelianys et Méladius était déjà de l'ordre du passé...

Une fois de plus, tout comme son mentor et rival Merlin, la dame aux cheveux noir de jais... S'était elle laissée happer, un court moment, par ses pensées les plus secrètes et intimes.

Morgane la lunatique, Morgane la fantasque, la changeante... Tantôt bénéfique, tantôt plus ambiguë et toujours, enveloppée d'un obscur et insondable voile de mystères.

Imprévisible, dangereuse (?), jamais là ou on l'attendait, et indépendante... Elle demeurait une énigme.

La prêtresse lissa avec paresse sa longue et très sombre chevelure, en un geste décomposé... Et félin.

Avant de s'adresser, tout sourire, à son interlocutrice :

Voilà une grande et grave responsabilité que celle ci!

Si la confiance de notre roy plaide déjà en votre faveur, celle qu'il daigne m'accorder me flatte et m'oblige, tout à la fois!

Sacré Mordred! Cet enfant-roy l'attendrissait autant qu'il l'exaspérait...

Il était capable des pires mots comme... Des meilleures intentions du monde : présentement très fière, sa tante ne pouvait que l'aimer, malgré tout.

Bien que je ne sois très à l'aise en la position de juge... Je ne peux et souhaite fuir mon devoir...

Dites moi donc, Clelianys, de quels dons vous pensez vous pourvus et... Je consentirai, ensuite, à vous évaluez!

Oui, Morgane avait entendu le doux murmure de la druidesse et... Non, décidément, elle n'était point dupe des pensées profondes de Méladius... La prêtresse le toisa donc avec une autorité certaine.

Votre nom est des plus charmant damoiselle. Il est aussi radieux que le soleil qui illumine votre coiffe en ce doux matin.

Il senti le malaise évident qui se dégagea instantanément de cette douce personne. Apparemment son approche était des plus gauche en ce royaume. Il fallait qu'il apprenne les us et coutumes de cette cour afin de pouvoir s'y fondre le moment voulu.

Pardonnez cette attitude cavalière si elle vous déplaît. Il est vrai que vous n'avez pas les mêmes coutumes que dans le pays duquel je viens.

Il relâcha donc la main de Clelianys et recula d'un pas afin de ne pas se montrer trop pressent envers elle. Dans d'autres circonstances et dans son royaume il l'aurais forcé de suite a ce plier a ces exigences. Mais ici il ne pouvait faire de même et donc il n'agirais pas comme tel.

Le regard de dame Morgane en disait long sur ces pensée mais Méladius ne baissa bas son regard pour autant. Lui même avait été seigneur avant et son éducation lui interdisait de baisser pavillon même devant une personne d'un rang supérieur. Tel était les coutumes des Drakkhens qui même dans la défaite continuaient a défier leurs agresseurs.

Mais il compris aussi que le dialogue entre ces 2 personnes était en réalité un test. Morgane voulait fuir une responsabilité qui lui incombe sans vouloir vraiment la refuser. Quant a la dame qui se nome Clelianys elle doit encore avoir l'aval de dame Morgane avant d'entrer au service du Roy. Intéressante situation...

Mais d'aucune utilité pour sa propre personne. En fait il avait la désagréable impression de perdre son temps en balivernes et discutions. La seule chose qui le maintenait ici était la volonté de se faire introduire auprès du Roy. Ensuite il ferais ces preuves lui même.

Pourtant dame Morgane semblait dire que Clelianys avait des pouvoir particulier. Sa curiosité fût piquée a vif et il attendait d'en savoir un peu plus. Mais sans éveiller les soupçons. Il inventa une brève excuse pour mieux écouter.

Pardonnez moi mes dames mais je m'en va quérir mon cheval et le ramène de suite.

Votre nom est des plus charmant damoiselle. Il est aussi radieux que le soleil qui illumine votre coiffe en ce doux matin.

Se sentant comme coincée à l'intérieur d'elle-même, la dénommée ne put qu'aquiescer avec une infime briéveté, baissant les yeux pour ne pas lui donner une possible occasion de lire en elle.
Le sourire de son interlocutrice, par ailleurs, était annonceur de bonnes nouvelles à priori, ce qui permit à la jeune femme de chasser le malaise qui parasitait désagréablement ses pensées. Ce sourire lui disait que tout se passerait bien. Qu'elle n'avait pas voyagé en vain.
De même, elle ressentit une forte sympathie à son égard, lorsqu'elle s'aperçut que la dite dame Morgane avait repéré le jeu de séduction du seigneur près d'elles. Et qu'elle ne paraissait pas apprécier plus qu'elle ce procédé quelque peu familier, bien que modérée par sa discrétion.

Prenant exemple sur elle, Clelianys respecta le silence de la prêtresse et observa un silence aussi paisible que le sien, remédiant aux vagues d'apaisement intérieur qu'un organisme parfaitement contrôlé pouvait s'appliquer à lui-même. Ses yeux se rouvrirent juste pour observer la tranquille sérénité de la fée, magnifique grâce à sa beauté froide. On devinait une puissance cachée derrière le plus infime de ses mouvements. Ce fut de bonne grâce que la druidesse sentit un respect nouveau naître envers sa supérieure.

Voilà une grande et grave responsabilité que celle ci!

Si la confiance de notre roy plaide déjà en votre faveur, celle qu'il daigne m'accorder me flatte et m'oblige, tout à la fois!

Clelianys lui offrit un sourire sincére. Il était vrai qu'elle était la tante de Mordred, et à cette idée, elle se demanda quelles étaient la nature de leur relation. Ces deux êtres semblaient radicalement différent, et elle ne pouvait imaginer une entente cordiale, sans anicroche. Tous deux étaient bien trop subtils et avertis dans leurs façons d'agir. Un possible trait de famille...

Bien que je ne sois très à l'aise en la position de juge... Je ne peux et souhaite fuir mon devoir...

Dites moi donc, Clelianys, de quels dons vous pensez vous pourvus et... Je consentirai, ensuite, à vous évaluez!

Sans prêter attention aux éclairs que lançaient les yeux sombres de sa vis-à-vis en direction du dénommé Méladius, elle s'appêtait à énoncer les propriétés de sa magie, lorsque l'homme l'en empêcha.

Pardonnez moi mes dames mais je m'en va quérir mon cheval et le ramène de suite.

Les paupières de la magicienne se fermèrent plus longtemps qu'il n'était nécessaire. Elle percevait l'intelligence du subterfuge. Pendant qu'elles parleraient, lui ferait mine de s'esquiver pour tout de même écouter ce qu'elles avaient à dire. C'était une explication des plus plausibles : elle se refusait à ne voir en lui qu'une brute ignorante. Une fois éloigné pourtant, elle ne pouvait que se résigner à énoncer calmement :

" Art de la guérison, magie blanche. Art également de la défense. Mes potions étaient réputées comme étant de la meilleure composition. Perception de la nature tout comme celle des hommes. Ce sont les principaux domaines dans lequel j'exerce. "

Morgane fronça encore un peu plus les sourcils en entendant le sir Méladius débiter des formules aussi creuses qu'élogieuses à la jeune druidesse...

Puis fut agréablement surprise de le voir prendre en compte la juste réserve de Clelianys devant sa trop grande hardiesse ...

Ceci en s'excusant, purement et simplement : le rustre guerrier semblait être doté d'une certaine dose de diplomatie, finalement.

Et lorsque celui ci se retira, provisoirement, la dame d'Avalon pris acte :

Nous vous en prions, seigneur...

Puis, tout en prenant soin d'écouter le plus attentivement du monde la jeune solliciteuse, Morgane entrepris de ramasser les dernières plantes et racines dont elle avait besoin.

Ceci fait, elle dirigea son regard, devenu espiègle, vers Clelianys, et lui lança, un demi sourire peint sur sa figure d'albâtre :

Suivez moi!
Nous serons plus à notre aise dans les ruines du temple.

Et ainsi donc... La tante du tyran entraîna celle qui prétendait pratiquer et maîtriser la magie, vers le haut lieu de ce qui fut, il y a encore fort peu de temps, un sanctuaire païen des plus symbolique. Le tout premier d'entre eux, en Orcanie.

Sanctuaire qui fut profané et en partie dévasté... Des colonnes gisaient sur le sol et l'intérieur du temple semblait avoir été la proie des flammes. Évidemment l'endroit fut pillé, ne subsistait plus ici que quelques rares objets du culte, les moins précieux...

Feignant d'ignorer, du moins d'occulter le désastre, pourtant bien visible, Morgane rassembla plusieurs ustensiles, ses herbes et racines, puis, ceci fait... Se tourna, enfin, vers Clelianys :

Inutile de perdre du temps, n'est ce pas?

Puisque vous dites pratiquer la magie blanche, l'art de préserver et de guérir...

Je vous demande de concevoir le remède que vous jugerez bon et possible de faire avec... Ma cueillette du jour!

En veillant a m'exposer les différentes étapes de préparation.

Et, le hasard faisant bien les choses, parfois, un petit page, qui servait d'aide à la duchesse, apparut, un seau d'eau en mains et des branches sous le bras...

Morgane le toisa, de prime abord avec sévérité, avant de réaliser :

Ah oui! Merci bien Hadrien...
Ou avais je donc la tête?
Fais chauffer cette eau dans la marmite, à ta droite... Oui, voilà!

L'examinatrice considéra, alors, de nouveau la jeune druidesse et la pria, d'un geste gracieux de la main, de commencer a officier.

Je vous en prie!

La prêtresse d'Avalon croisa les bras et... se concentra sur les premiers gestes de celle que l'on mettait, aujourd'hui, à l'épreuve.

Son énoncé fait, Clelianys attendit patiemment la réponse de Morgane. Elle ne put retenir un petit sourire satisfait, soulagée qu'elle était de la disparition momentanée de Méladius, et paisible face au spectacle de la prêtresse qui amassait les herbes qui permettaient la fabrication de bon nombre de soins de toute sorte.
Cette marque du sentiment ne s'atténua pas le moins du monde lorsque sa vis-à-vis lui adressa un coup d'oeil qui l'embellissait et la rajeunissait.

Suivez moi!
Nous serons plus à notre aise dans les ruines du temple.

Oh, ce temple... Il avait du être majestueux. Le coeur de la druidesse se serra face à cette vision apocalyptique, et malheureusement encore actuelle des croyances païennes condamnées à disparaître... A être détruites. Dans cette confusion des cultes, Clelianys avait tendance à imaginer une autre forme de divinité que celle de Mélusine, mais ne la refusait pas et l'acceptait bien volontiers. De même, le sanctuaire présentait encore une aura si impressionnante que son âme en fut comblée dès le moment où ses pieds foulérent les dalles de pierre froides, à travers lesquelles la nature reprenait ses droits.

Les murs présentaient ça et là des traces bien visible de suie, vestiges de l'incendie qui avait du embraser les lieux. Tandis que Morgane s'affairait à préparer les plantes ramassées, sa compagne ferma les yeux, essayant d'imaginer ce qu'avaient du ressentir les fidèles, confrontés à l'embrasement. Les larmes menaçaient de la submerger, chose qu'elle ne toléra pas ; elles furent refoulées sans ménagement. Mais un éclat plus dur illuminait désormais le bleu de ses yeux celtes. Une rage contre ces ignorants. Profanateurs et admirateurs d'un Dieu qui laissait se propager maladies et massacres sans distinction.

Inutile de perdre du temps, n'est ce pas?

Puisque vous dite pratiquer la magie blanche, l'art de préserver et de guérir...

Je vous demande de concevoir le remède que vous jugerez bon et possible de faire avec... Ma cueillette du jour!

En veillant a m'exposer les différentes étapes de préparation.

Fermement, sa cadette acquiesça, bien décidée à prouver sa valeur. Elle observa un page, portant l'eau et les branches qui lui servirait à préparer feu et reméde.

Je vous en prie!

Le feu avait été allumé. L'eau mise à bouillir. Administrant un hochement de tête respectueux avant de se mettre à l'ouvrage, Clelianys retira la cape de mousseline et l'abandonna sur un bout de ce qui avait du être une table de pierre, désormais détruite. Ainsi vêtue d'une fine robe de lin blanche, l'on ne pouvait ignorer la minceur de son corps. Rapide et efficace, l'on n'entendit rien d'autre pendant une demie heure que ses mains qui effeuillaient les herbes, les triant soigneusement, caressant leur texture avant de les jeter d'un geste décidé dans l'eau qui prenait une délicate teinte ambrée et chauffait à gros bouillons.

Un mince voile de sueur couvrait le front de la magicienne lorsqu'elle eut terminé. Puis, avec la même précision, sa main sortit d'une de ses ceintures de cuir une dague. Celle-ci n'était point empoisonnée, et après vérification, elle, se taillada l'intérieur du bras sans état d'âme. Le sang jaillit, sans tâcher sa robe. Calme, elle se saisit d'un flacon et le remplit de la potion terminée. A la lumière, son éclat doré rassurant était exactement conforme au résultat voulu.
Cloturant sa préparation, elle fit couler une dizaine de gouttes sur toute la longueur de la blessure, avant de tendre sa main en direction de la tante de Mordred. Sous ses yeux, les pans de la blessure se refermaient avec lenteur, mais régularité, jusqu'à ne laisser qu'une simple cicatrice, qui disparaîtrait dans une semaine...

" Ce résultat vous paraît-il probant...Madame ? "

Morgane observa d'un oeil expert le travail de sa jeune consoeur dans le plus grand des silences...

Et fut très frappée par le calme, semble t-il sans aucune faille, avec lequel officiait Clelianys. Une telle maîtrise de soit, pour une novice ( ? ), c'était tout bonnement stupéfiant.

Les gestes étaient sûrs et mesurés, et la volonté de la dite druidesse, lorsqu'elle s'infligea elle même une sanglante blessure, de nature a impressionner, quiconque...

Quand Clelianys tendit sa main, déjà en bonne voie de guérison, Morgane ne put que constater le résultat, sidérant :

En effet, cela va sans dire, ce me semble!

Dit elle, toute sourire, comme un clin d'oeil pouvant vouloir signifier "voilà que je débite des évidences à présent"

Elle relâcha la blanche main de la jeune femme avec une infinie douceur, puis, ajouta, sans transition :

Vos gestes sont sûrs, certes, mais votre esprit?
Est il suffisamment affûté et... En éveille?

La prêtresse, toujours aussi narquoise, esquissa un large sourire presque enfantin.

Parlez moi de ce "doux" seigneur Méladius!

Comment le percevez vous?

Comment le voyez vous?

Le... Ressentez vous?

Au delà de ses propres paroles, évidemment car...

Le sourire de Morgane se fit ici plus "grave" et perdit donc en intensité.

Comme vous le savez, sans doute, la parole n'est que mensonge.

Et la "sorcière" d'Avalon, qui parvenait à lire jusque dans l'âme de chaque êtres... En savait effectivement quelque chose.

En effet, cela va sans dire, ce me semble!

Un sourire affichant une satisfaction et un remerciement modestes étira les lévres de la druidesse. Une complicité naissante paraissait s'installer entre les deux femmes, ce qui faisait grand plaisir à Clelianys. En ces temps obscurs, mieux valait s'employer à créer des amitiés qu'à s'attirer les foudres des puissants.
De même, son interlocutrice avait saisi sa main avec une douceur qui l'avait profondément émue. Etant plus familiarisé avec la rude tendresse de ses "frères" druides, elle en avait presque oublié la puissance maternelle.

Vos gestes sont sûrs, certes, mais votre esprit?
Est il suffisamment affûté et... En éveille?

Son attention se raviva, pleinement, toujours prêt à relever n'importe quel défi capable de prouver son intelligence, sa ruse et sa vivacité.
Mais aux paroles de Morgane, son assurance première s'effrita, et son visage reprit sa teinte mélancolique et neutre. Elle savait pertinemment que celle-ci ne désirait pas le moins du monde la mettre dans l'embarras, et cependant...
Son regard indiquait franchement que les réponses à ces questions successives ne poseraient guére de soucis pour elle.

Comme vous le savez, sans doute, la parole n'est que mensonge.

Cette maxime qui était la sienne troubla la jeune femme. La pretresse savait donc si bien lire en elle ? Ou bien percevait-elle simplement la philosophie de vie qui était la sienne ? La seconde hypothése était sans doute la plus probable.
Résignée, elle énonça alors :

" Le seigneur Méladius n'apparaît autrement que comme un homme brutal et audacieux, tant par ses actes que par ses mots, mais qui dissimule avec une subtilité toute à son honneur un être dangereux, redoutable, porteur d'une grande volonté ambitieuse, et qui, en dépit de cette enveloppe rustre, abrite une intelligence et une cruauté sournoise et inquiétante, madame. "

Méladius se retourna car il n'entendais plus les voix des 2 femmes derrière lui. Apparemment elle avait disparu, enfin presque car les traces de pas qu'elles avaient laissé dans la terre où l'herbe étaient assez visibles. Il les suivi le plus silencieusement possible. Il avait pris soin de prendre son destrier avec lui.

Ainsi donc cette belle dame était donc sorcière de "magie blanche". Il ne savait pas ce que cela signifiait mais comptait bien le découvrir si cela pourra desservir ces dessins dans le futur. Les sorciers dans son pays était tous membre de l'ordre du serpent et s'enfermaient des semaines entières dans des catacombes ou des tours fermés pour concocter toutes sortes de machines étranges plus dangereuses les unes que les autres.
En fait les sorciers Drakkhen avaient recours a une certaine forme de techniques et de connaissances en mécanique, physique et énergie électrique. Rien a voir avec les pouvoirs de magiciens.

Les traces le conduisirent à un vestige de ce qui avait du être autrefois un grand bâtiment. Autrefois car et très vraisemblablement celui-ci avait été attaqué et mis a sac. Mais une étrange impression s'en dégageait. Son instinct lui dit de ne pas essayer d'entrer pour le moment. Les 2 dames, Morgane & Clelianys devaient s'y trouver. Alors il allait être patient et attendrait le temps qu'il faudrait a l'extérieur.

Bien que au bout de quelques temps la faim commença a lui tirailler l'estomac.

Morgane opina franchement de la tête, à l'écoute de l'analyse de la jeune druidesse...

La duchesse n'aurait sut mieux dire!

Clelianys s'était appuyée sur le comportement du messire, tout en allant au delà des apparences, afin de sonder les tréfonds de son âme.

Et ce que laissait entrevoir le guerrier étranger n'était sans doute rien comparé à sa nature profonde...

En effet...

Les êtres dissimulateurs portent en eux une considérable puissance de nuisance!

Hélas... Mon neveu, le roy, semble par trop apprécier ce genre d'individu.

Individu qui ne se vendent qu'aux plus offrants!

Puis... Ne perdent aucune occasion de se défaire de leurs anciens maîtres ou alliés...

Morgane considéra, alors, son interlocutrice avec gravité, mais également une pointe de complicité.

Puisque nous savons, déjà, nous devrons nous montrer vigilantes et mettre en garde Mordred, si cela s'avérait nécessaire!

Bref! Désormais vous connaissez ce qu'il vous faudra faire, le cas échéant, afin de prémunir notre roy de tout... Désagrément.

La dame d'Avalon se tut, soudainement, et sembla tendre l'oreille.

Après une poignée d'interminables secondes...

Morgane ajouta, le plus sereinement du monde :

Je crois que notre ami approche.

Je vais finir par penser que ce rude guerrier est aussi habile a user de son esprit, ou de son flaire, que de ses muscles!

Un large sourire apparut et s'épanouit à n'en plus finir sur les nobles traits de la tante du roy... Rehaussant encore un peu plus la beauté, quasi juvénile, de la très espiègle "sorcière".

D'ores et deja, Clelianys savait que sa superieure partageait largement son point de vue. Sa reponse confirma cette pensee et elle ne put qu'acquiescer a chacun des dires de la pretresse. Et pourtant... tellement nombreuses etaient ces creatures malfaisantes qui portaient et dissimulaient a loisir le mal en elles, pour un simple plaisir ou besoin de destruction nefaste a l'essence meme d'une humanite reflechie. Pas de surprises non plus quant a ce qui concernait Mordred. Ce n'etait qu'un homme prisonnier de ses pulsions bestiales, et qu'un eclat de lucidite soutenait de temps a autre...
Cette idee morose fut chassee bien vite grace a la mine eclairee de Morgane. Une mine amicale, comme si elle l'encourageait a ne pas tenir compte de ces obstacles dangereux et a les franchir avec la plus grand des aisances. Peut-etre avait-elle raison, apres tout...

" Je vous promet une surveillance constante. Ma vigilance ne s'amoindrira pas le moins du monde. Si je m'apercois que les choses derivent du mauvais cote, vous serez la premiere avertie et moi-meme, la premiere a agir a l'encontre du danger. "

Mais aucun mot ne sortit de la bouche de son interlocutrice, celle-ci trop occupee a ecouter. Curieuse, la druidesse l'imita un moment, laissant sa conscience parcourir le temple et ses abords. Elles n'etaient plus aussi seules...

Je crois que notre ami approche.

Je vais finir par penser que ce rude guerrier est aussi habile a user de son esprit, ou de son flaire, que de ses muscles!

La jeune femme ne put que lui rendre son sourire et, apres avoir hoche de la tete, elle prit place a ses cotes, calquant son pas sur le sien, se dirigeant toutes deux vers la sortie du temple. L'inquietude et la peur ne la taraudaient plus. La sorciere les avaient chassees par son calme exemplaire que sa disciple avait recouvert avec surete. Elle se tenait prete a affronter les regards insistants de leur troisieme et preoccupant vis-a-vis...

Il n'avait pu résister a ce délicieux pommier qui poussait paisiblement près des ruines. Mais surtout a ces fruits rouge et parfumé. Pour une fois son estomac l'avait vaincu et c'est a belles dents qu'il croquait aux fruits de l'arbre.

Pour cela il avait dû ôter son heaume en forme de tête de loup laissant son visage a découvert. Un manque de respect total pour un Drakkhen qui ne se rencontraient que le visage couvert. Les sans masques étaient généralement des sous fifres sans intérêt. Mais pour l'heure son appétit lui fit oublier ces anciennes règles. De plus il avait pu remarquer qu'ici les seigneurs et manants montrait leur visage très facilement. Dans cette partie du monde montrer son visage n'était pas signe de honte. il fallait qu'il intègre cette nouvelle donnée afin de ne pas commettre d'impairs.

Il fut tellement pris pour la dégustation monstrueuse des fruits de cet arbre qu'il entendis les 2 femmes remonté a la dernière minute. Il eu juste le temps de se retourner la bouche encore plaine de pomme ainsi que une dans chaque mains. Visiblement il ne restait plus de fruits mur sur l'arbre. Les autres ayant très probablement fini dans l'estomac du seigneur Méladius.

Il déglutit. Son heaume se trouvait sur son cheval. Il devait donc maintenant laisser ces femmes voir son visage. Pourtant il se contrôla afin de ne pas laisser paraître son léger malaise face a cette situation. Pourquoi ne pas jouer d'humour dans ce cas ? Après tout il devait se rendre le plus agréable possible.

Mesdames je suis enchanté de vous retrouver. Votre soudaine disparition m'a fait craindre le pire. Mais j'ai pu rapidement vous localiser et voyant que vous n'étiez pas en danger je vous ai attendu ici.

Heureusement que l'ami pommier et ces fruits étaient là pour me soutenir, enfin mon estomac pour être précis. Elles sont délicieuses. Voulez-vous y goûter ?

Son regard était moins appuyé sur dame Clelianys. Il avait compris que si il voulait s'attirer ces bonnes grâces il ne fallait pas pratiquer comme il l'avait fait auparavant. Il leur lança même son plus franc sourire pour détendre l'atmosphère. Il est vrai que sans son heaume il ressemblait maintenant a n'importe quel humain et non plus a un loup garou sorti des pires cauchemars de l'humanité.

Les deux prêtresses s'avancèrent donc résolument en direction de l'imposant guerrier...

Lequel les attendait en dégustant sans aucune retenue les belles pommes juteuses de cet endroit décidément "enchanteur"...

Lorsque les deux femmes s'immobilisèrent devant le colosse, celui ci leur adressa aussitôt la parole, pour leur expliquer qu'il s'était inquiété pour elles...

Et pour leur proposer quelques fruits.

C'est tout sourire, mi sérieuse mi ironique, que Morgane lui répondit :

Messire,
Avec un guerrier tel que vous à proximité, nous ne risquions, en vérité, nul danger!

Puis sur l'énoncé de cette évidence, Morgane accepta sans vergogne la pomme que lui tendait Méladius, pour s'empresser ensuite de la donner à la jeune druidesse.

Nous n'avons plus aucune raison de demeurer ici, partons!

Et d'une simple oeillade, la tante du roy enjoignit son aide de s'avancer...Lui qui avait rassemblé ses affaires et qui tenait la monture de sa maîtresse par la bride...

Méladius avait bien saisi l'allusion de dame Morgane. D'ailleurs le fait que celle-ci ai pu avoir un serviteur "invisible" si proche ne fit que renforcer sa première impression.

Vous me flattez ma dame de votre compliment. Mais je ne doute pas qu'une dame de votre rang, ainsi que dame Clelianys, qui s'aventura dans cette forêt sans escorte ne doit pas avoir d'ennemis proches. Ou alors, sait comment les tenir a distance.

Il avait appuyé le ton de cette dernière phrase, ainsi que son regard, volontairement pour lui faire comprendre qu'il ne la sous estimait pas et que bien qu'étranger a la région il savait aussi observer les évidences. La propre tante du roy voyageant quasi seule est un indice très parlant.

Il jeta son trognon de pomme par dessus son épaule et s'avança vers dame Morgane. Le comportement qu'elle avait eu avec cette pomme offerte en disait long sur son caractère et son éducation. Méladius savait maintenant a qui il avait affaire et comment se comporter devant celle-ci.
Quand elle invita tous le monde a partir il répondit.

Avec plaisir gente dame. Et bien entendu je me ferais une joie de vous escorter, comme promis, jusqu'à vos demeures respectives. Puis-je vous donner la main afin de vous aider a vous mettre en scelle ?

Puis il tourna le visage vers dame Clelianys.

Dites moi damoiselle je ne vous ai point vu venir avec une monture. Si c'est bien le cas je puis vous proposer la mienne. Il serait mal poli de ma part de faire voyager une femme de votre classe a pied comme un manant.
Nous autres militaires somme rompus a la marche a pied, ne vous en faites pas pour moi. Mes bottes me mènerons jusqu'au bout des mondes si il le faut.

Le visage de Meladius lui apparut. Sans artifices aucun. Seulement son visage, tel qu'il se trouvait etre. Ainsi, il paraissait evidemment moins menacant, ressemblant a n'importe quel seigneur ou guerrier de la region. Mais la druidesse savait que cela ne signifiait rien pour autant...

* Les apparences sont trompeuses... *

L'homme en question paraissait avoir reussi a passer le temps et a combler son estomac par la meme occasion. Les pommes de cet arbre avaient l'air delicieuses, a en voir les mains de l'individu et sa bouche encore pleine. Un eclair de malaise passa dans ses yeux. Clelianys l'interpreta evidememnt comme une simple gene de se presenter ainsi en flagrant delit de gourmandise, et ne chercha pas plus loin. Elle ne connaissait pas les coutumes que son territoire d'origine mettait en pratique.

* Il est subtil de dissimuler la spontaneite du corps par la faussete des mots... *

La jeune femme se sentait plus legere, liberee en grande partie par l'absence de grossierete dont Meladius avait fait preuve en la devisageant de la sorte quelques instants plus tot. Elle n'etait pas dupe, et se doutait qu'il ne se corrigeait que pour s'assurer un meilleur succes a l'avenir. Ce personnage lui faisait decidemment froid dans le dos...
Elle ne reussissait pas a se detendre face a ce sourire qu'elle devinait hypocrite, a cette mine qui, bien que rustre, s'entetait a paraitre sympathique a leurs yeux.

Messire,
Avec un guerrier tel que vous à proximité, nous ne risquions, en vérité, nul danger!

Sa disciple sourit a son tour, mais interieurement. Ses levres ne s'etirerent pas pour autant. Avec Morgane a ses cotes, les choses paraissaient plus simples. Il etait fort dommage qu'elle s'avere etre la tante du tyran... tout serait tellement plus agreable, sans cela...
Surprise dans ses pensees, Clelianys se vit obligee d'accepter distraitement la pomme que l'interessee lui avait glisse entre les mains. Son regard alla du fruit a son expediteur, avant que sa main ne la fasse disparaitre dans une de ses discretes besaces de cuir.

Nous n'avons plus aucune raison de demeurer ici, partons!

La magicienne etait d'accord. Rien ne servait de s'attarder davantage. Un besoin pressant de s'abriter dans les murs du chateau la prenait, tout d'un coup. En presence du soldat, la nature ne lui paraissait plus aussi accueillante. La reflexion appuyee qu'il emit a leur intention ne fit que la renforcer dans son apprehension, d'ailleurs. Il savait... sentait qu'elles n'etaient pas que de banales guerrisseuses. Et cela l'interessait au plus haut point. Pourquoi ?

Avec plaisir gente dame. Et bien entendu je me ferais une joie de vous escorter, comme promis, jusqu'à vos demeures respectives. Puis-je vous donner la main afin de vous aider a vous mettre en scelle ?

Clelianys ne l'ecoutait pas vraiment, songeuse, jusqu'a ce qu'elle sentit qu'il se rapprochait d'elle. Aussitot, ses reflexes revinrent brutalement a la charge, et son visage reprit une teinte des plus neutres.
Silencieuse, elle ecouta la proposition de Meladius de lui offrir le confort de sa monture le temps de retourner dans l'antre de Mordred.
Agreable, elle acquiesca.

" Votre proposition est bien aimable. J'accepte avec plaisir et vous en remercie. "

L'aide de Morgane approcha la monture de sa maîtresse et celle ci accepta volontiers la main virile et secourable de Méladius...

La prêtresse eut tôt fait de se hisser sur son frêle destrier et de s'y installer en amazone.

Puis le jeune garçon l'escortant reprit possession des rênes de l'animal, et le fit avancer au pas...

La tante du roy adressa alors un curieux sourire au sir guerrier et lui lança :

Oui, messire...
On ne se méfie jamais assez des femmes.
Elles sont parfois aussi redoutables que leurs semblables masculins!
Avec d'autres méthodes, souvent...Plus efficaces.

Sur ces considérations, plus ou moins limpides, Morgane se tourna vers Clélianys, les sourcils froncés, et l'air grave.

A propos...
Je ne saurai trop vous conseillez, Clélianys, de demander audience à la reyne Blanche.
Celle ci semble souffrante, et vos dons seront donc très appréciés en ces temps difficiles!

De plus, Morgane supposait que la jeune druidesse arriverait certainement plus aisément a gagner la confiance et l'estime de la souveraine que de son terrible neveu...
Une fois Blanche "conquise", Mordred s'en remettrait à son épouse.
Tout en avançant, la dame d'Avalon considéra, cette fois ci, le seigneur étranger :

Si vous le souhaitez, messire, je puis informer le roy de votre présence, et celui ci consentira très certainement à vous recevoir, sous peu!

En effet, une demande d'audience initiée par Morgane avait toute les chances d'aboutir très vite...Méladius devait s'en douter.
Surtout que la venue d'un imposant guerrier à la cour aurait sûrement le don de réjouir grandement le tyran ( fou d'ambition )...

Ce qui arracha un large sourire à la noble femme, car celle ci se souvenait encore du visage satisfait de Mordred...Étant petit, lorsque Morgause ou elle même lui offraient des hochets en bois imitant le sceptre de son roy de père ( Loth ).

Son neveu n'avait guère changé(?), pour le meilleur et surtout pour le pire...

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