Chanson du crépuscule

Il faisait encore chaud, quand Morrigane, perchée sur un balcon, crapahuta jusqu'au toit le plus proche.

Le crépuscule tombait sur la ville, et la température baissait doucement, l'air chaud de la journée dilué par une douce brise marine; le ciel se noyait de camaïeux enflammés, quelques nuages déchiquetés tranchaient l'horizon de déchirures rosées.
Allongée sur les tuiles encore infusée de lumière estivale, la jeune femme lézardait paresseusement, chantonnant pour elle-même dans sa propre langue. Sa voix voletait, faible, ténue, comme un oiseau trop faible pour s'envoler.

Doucement, tandis qu'elle fermait les yeux, la chanson prit plus d'ampleur, balade mélancolique pour un soir d'été, requiem pour le soleil mourant, prière païenne depuis longtemps oubliée. Et Morrigane chantait, étendue sur le toit, les yeux clos sur ses paroles, tandis que résonnait son chant, dans une langue que nul ici ne parlait plus. Il y avait une certaine tristesse dans cet air doux, un peu de nostalgie, également. C'était une de ces chansons étranges, douce-amère, mêlant la tristesse à la joie la plus éclatante.

Toute à sa musique, la jeune femme ne vit pas la silhouette qui apparut au balcon le plus proche.

Encore une nuit que l'insomniaque de Machaut allait passé à travailler. Il s'assit sur le guéridon en face du tableau qu'il avait fait installer pour son travail. Constantin aimait avoir un œil constamment sur le travail qu'il avait en cour. Soudain il eut un petit sursaut et s'approcha du tableau et y inscrivit un nouveau symbole.

Ha te voila enfin Si bémol rebelle !

Il se recula, un petit sourire de contentement au visage, pour contempler son œuvre avant de s'avancer à nouveau près du tableau pour continuer son travail.

Il fut interrompu quelques minutes plus tard par une voix semblant venir de l'extérieur. Constantin sorti alors sur le balcon pour voir de quoi il retournait. Il fut surpris de voir une jeune femme allonger sur le toit.

Voudriez vous bien arrêter de chanter je vous prie. Demanda Constantin poliment mais fermement à la jeune barde allongée sur le toit jouxtant les appartements que lui avait attribué le roi.

Bien que votre voix ne soit pas désagréable, elle m'empêche de me concentrer sur mes compositions.

La jeune femme se tut soudainement et se redressa, posant un regard curieux sur l'homme à la fenêtre.

-Mille excuses, messire; je ne vous avais pas vu...

Elle sourit, un peu gênée. La musique, c'était sacré! Et pour avoir subi le même genre de désagréments, il était particulièrement horripilant de se voir interrompu, pour un motif ou pour un autre...

Morrigane voulut se lever, mais ses pieds nus dérapèrent sur les tuiles, et elle chuta assez lourdement sur les fesses; elle se releva à nouveau, avec plus de précautions, et marcha sur la flèche du toit, ses pieds se tordant étrangement pour conserver son équilibre. Parvenue au bord, tout près du balcon, elle s'assit, tandis que Nébu venait se poser sur son épaule.

-Je crois ne vous avoir jamais rencontré, monsieur; je connais tous les musiciens de la cour, mais votre visage m'est inconnu. Etes-vous arrivé récemment?

Merci !
Répondit Constantin lorsque la demoiselle s'excusa pour la "gène" qu'elle avait occasionée. Lorsqu'il la vit tomber lourdement sur les fesses il ne put s'empêcher de penser "Si elle avait su comment fonctionne l'adhérence de deux matériaux elle n'aurait pas fait cette chute. Erreur de débutant." Non sans un habituel sourire de fierté devant cette nouvelle démonstration de sa supériorité intellectuelle.

Mais il eut l'air moins fier lorsque la jeune barde s'installa tout près du balcon rejoint par son compagnon. Il eut même un léger recul sans que nul ne puisse déterminer si c'était la présence de la demoiselle ou de l'animal qui le dérangeait le plus. Constantin répondu tout de même poliment à la question qui venait de lui être posée.

Ho bonjour, je m'appelle Constantin de Machaut. Vous avez déjà dus entendre parler de moi tant mon talent est reconnu dans cette partie du monde. Il s'adressa à nouveau à lui même mais à voix haute cette fois ci. Un jour il faudra que quelqu'un invente un système pour que tous puisse voir mon visage et me reconnaitre.

Perplexe, Morrigane eut un sourire en coin et pencha la tête sur le côté, l'air intrigué. Il semblait si sûr de lui qu'elle n'osa pas dire que non, décidément, elle n'avait même pas entendu parler de son nom. La façon qu'il avait de se parler à lui-même était également assez déroutante, mais ça l'amusait. Pour une fois qu'elle ne rencontrait pas quelqu'un d'ennuyeux à mourir...

-Enchantée de vous rencontrer, alors; dit-elle en souriant. C'est un honneur de pouvoir parler à un si grand musicien.

Elle fit une courbette, ses interminables cheveux roux cascadant autour de son visage, sur ses épaules, jusqu'à se répandre sur les tuiles où elle était assise.

-C'est rare, de rencontrer des confrères au château. Il y a bien peu de musiciens, par ici.

Morrigane sourit à nouveau. Il ne lui avait même pas demandé son nom... mais après tout, s'il se prenait pour la crème de la société, à ses yeux, elle devait en être la lie...

Constantin reprit confiance après que son ego fut flatté par se qu'il ne prenait pas pour de la simple courtoisie. Il acquiesça à la remarque de la jeune barde souriante.

En effet je n'ai encore vus aucun autres musiciens. Il faut dire qu'il n'y à guère de place pour la concurrence par ici. Je n'ai croisé que quelques ménestrels *Ce mot lui arrachant une belle grimace* dans la ville qui n'ont guère supporté que je leur démontre en quoi ils n'étaient pas musiciens.
Mais que faites vous donc sur les toits à une heure pareille ?

Demanda il, soucieux dans apprendre davantage sur les comportements sociaux de ses congénères.

Morrigane laissa échapper un éclat de rire. Les musiciens qu'elle connaissait n'étaient pas des enfants de choeur, et se servaient autant de leurs poings que de l'agilité de leurs doigts.

-Ne recommencez pas cela, à l'avenir, prévint-elle. Les ménestrels et autres violonneux que l'on rencontre en ville n'ont que la musique pour gagner leur vie à peu près honnêtement, et je peux vous dire que ce n'est pas facile. Il pourrait vous arriver des bricoles, si vous vous aventurez de nouveau dans certains quartiers.

Elle sourit à nouveau, et jeta un regard autour d'elle. La nuit tombait à vue d'oeil, tandis que ca et là on pouvait voir des lumières aux fenêtres. Le vent soufflait, faisant tinter avec légèreté les multiples ornements accrochés dans les cheveux de la jeune femme.

-Sur les toits? C'est le seul endroit à Warminster où je puisse avoir vraiment la paix. C'est un endroit très agréable, vous savez.

Ce disant, elle gratta la tête de Nébu qui se frotta contre sa joue, avant d'attraper les perles qui dansaient dans les cheveux de sa maîtresse.

-Ici on est plus proche du ciel et des oiseaux, et j'y ai un peu plus l'impression d'être libre.

Le jeune de Machaut fut un peu surprit de la réponse que lui donna Morrigane.

Il est illusoire de vouloir se rapprocher du ciel en montant sur un simple toit de château et comment pouvez vous être libre dans un endroit où la mort par une chute importante vous encercle ?

Encore une fois le musicien avait tout prit au premier degré que son air perplexe devait surement trahir.

Vous en avait d'ailleurs eut la démonstration tout à l'heure, où vous avez bien faillis finir votre course en bas du château à défaut de votre fessier.

Il eut un ricanement discret si étrange qu'il démontrait là son in habitude à rire.

-Ce ne sera pas la première fois que je passe près de la mort, dit-elle en souriant avec un brin de tristesse. Je ne regarde plus ce qu'il y a autour, lorsque je suis ici. Il suffit de faire abstraction de certaines choses, et c'est soudain comme si plus rien n'existait d'autre que le ciel, et moi.

Morrigane sourit à nouveau, avec cette expression de joie enfantine qu'elle avait si souvent. Le corbeau sur son épaule continuait à jouer avec ses cheveux, pinçant les perles dans son bec, agitant ses ailes pour garder son équilibre. Il voleta un moment autour d'eux, trottinant sur la bordure du toit, avant de se poser sur les genoux de la barde. Ses yeux d'ambres se posèrent sur Constantin, avec curiosité, le détaillant sans animosité. De toute manière, il n'avait rien de menaçant pour sa maîtresse, et il s'en désintéressa au bout d'un moment, préférant essayer de fouiller dans la besace que Morrigane portait en bandoulière.

Cellle-ci tendit une main fine et tatouée à Constantin, et eut un petit signe de tête.

-Venez donc voir par vous-même, monsieur le ménestrel.

Morrigane se doutait bien qu'il refuserait. Se dégageait de lui une étrange impression de fragilité, sans doute dû pour une grande part à son visage juvénile, et à sa silhouette maigrelette. Si droit et si ordonné dans ses manières, même sa manière de parler trahissait une certaine passion pour l'ordre. Ce qui ne manquait de faire sourire la jeune femme..

Il refuserait, mais elle avait envie d'essayer, juste pour voir sa réaction.

Pourquoi diable me risquerais je à venir sur le toit ?

Demanda perplexe le jeune musicien, bien que la réponse lui reste inaccessible. Il avait vraiment du mal à comprendre les agissements de ses congénères mais loin pour lui de se sentir exclu il en profitait pour étudier leurs comportement. Car certes officiellement il était compositeur et musicien mais il passait également énormément de temps à étudier toutes sortes de choses. Un autre moyen de prouver aux autres sa supériorité.

Mais aussi surprenant que cela puisse paraître il se saisi de la main de Morrigane. Non pas pour la rejoindre mais pour contempler le tatouage qui ornait sa fine main. Et tout occupé à étudier les formes du dessin il ne put s'empêcher d'exposer à voix haute ses réflexions.

Fascinant ! Il admirait la main et le poignet de la jeune barde tout en continuant.

La plupart du temps le tatouage accompagne généralement les rites initiatiques et marque l'accession de l'adolescent au statut d'adulte ou il traite à la fois des systèmes d'alliances et d'appartenance à un groupe social, rend compte de l'histoire individuelle et restitue ainsi l'identité propre de l'individu. Mais le votre me semble différent de ceux que j'ai pus étudier. D'où vient il ?

-Pourquoi n'y viendriez-vous pas? Répliqua la jeune femme en riant. Voir par vous même vaut mieux que le plus long des discours...

Elle sourit, la main tendue, et sembla un peu surprise lorsque Constantin la saisit pour observer ses tatouages.

-Différents? Sans doute, sourit Morrigane. Bien peu portent ces symboles si loin au sud. Ils m'ont été faits par les tribus qui vivent par-delà le mur, ceux que les romains nomment Pictes; et ces dragons également, lorsqu'ils m'ont initiée à certains de leurs rites.

Ce disant, elle releva les manches de son corsage et dévoila le motif qui s'enroulait autour de ses poignets et de ses avant-bras, sous les lourds bracelets de cuivre et les perles grossières de ses bijoux.

-Je pourrais y passer des heures, vous savez; comme vous le dites, chacun d'eux a une histoire, et une signification. J'ignorais que vous étiez instruits en ces choses... Décidément, vous me surprenez, monsieur.

Allons ! Dit il d'un air déçu. Constantin avait tendance à oublier que tout le monde n'était pas au courant de ses passions pour tout ce qui est étudiable. Il continua à contempler le tatouage de la jeune barde lorsque son esprit s'illumina. Il se redressa brusquement avant de déclarer :

Il faut que je le recopie !

Et sur ces mots il retourna dans ses appartements à toute vitesse laissant Morrigane seule sur le toit. De nombreux sons se dégageaient de la porte du balcon. Constantin semblait ne pas trouver ce qu'il cherchait il en oublia presque que quelqu'un l'attendait dehors. Il revint finalement muni d'un carnet qui regroupait tout ce qui lui passait par la tête et qu'il étudierait plus tard ainsi que de quoi écrire. Il s'installa finalement sur un tabouret et commença à dessiner le tatouage.

La jeune femme sembla surprise lorsqu'il annonça son intention de recopier le motif; mais elle se garda bien de bouger, évitant de troubler son ouvrage, même lorsque la fatigue commença à se faire sentir.

-C'est bien la première fois que l'on prête une si grande attention à ces tatouages, dit-elle en souriant. En principe, ils ne doivent pas être reproduits, mais je veux bien vous faire cette faveur.

*l'aurais-je refusé, m'aurais-tu écouté?* compléta-elle en silence.

Les anciennes tribus du nord croyaient dur comme fer au pouvoir de l'écrit; et ces motifs, qui clôturaient l'initiation à certains de leurs cultes les plus secrets, étaient non seulement symbole du savoir qu'elle avait acquis, mais aussi porteurs d'une grande puissance. La terre et le ciel, unis dans la courbe des dragons et des oiseaux, l'âme et le corps, et le mystère qui se tapissait au-delà des brumes et du mur...

Une fois son dessin terminé Constantin détacha la feuille du reste du carnet, le déposant sur la balustrade. Il se leva sans même remercier Morrigane de la faveur qu'elle lui faisait comme si tout lui était du et il s'en retourna dans ses appartements sa feuille à la main. Quelques instants de silence plus tard de la musique s'échappa de la porte fenêtre encore ouverte. Constantin semblait bel et bien avoir oublié la jeune barde sur le toit ainsi que ses notes.

Mais la musique qui se dégageait suffisait à excuser le comportement que pouvait avoir eut Constantin. Sa musique envoutante, malgré l'éloignement envoutait Morrigane et l'air en lui même semblait étrangement familier.

HJ: Jolie musiqueConstantin Wink

Hj: merki même si ça sonne mieux au piano

HJ : Vive la musique baroqueu!

Restée seule, la jeune femme eut un sourire étrange, un peu rêveur; ses yeux s'égarèrent au fil de la musique, par-dessus les toits, dans le ciel du crépuscule gagné par les ombres de la nuit.

Doucement, elle ferma les yeux, se laissant porter par les notes qui s'envolaient, cristallines, ruisselant en averse invisible.

Elle replia ses genoux contre elle-même, posée là sur l'avant-toit comme un grand oiseau immobile, sa chevelure à peine soulevée par la brise qui sifflait entre les tuiles. Sa voix, d'abord à peine perceptible, s'envola avec légèreté, fredonnant un air qui se mêlait, s'entremêlait, ajoutait une couleur supplémentaire à la mélodie jouée par Constantin; en restant toutefois discrète, des fois que l'ombrageux ménestrel trouve encore quelque chose à redire.

Quelques minutes passèrent une fois la musique terminée avant que Constantin ne retourne sur le balcon. Il était venu récupérer ses notes et fut un peu surpris de retrouver la jeune barde encore sur le toit. Il se saisie du carnet et s'adressa à Morrigane.

Ho vous êtes rester ! Et bien j'espère que vous avez reconnus l'air que j'ai joué. Il s'agit du motif que forme votre tatouage.

Un jeu que s'amusait à faire Constantin dans son jeune âge pour entraîner son oreille et son écriture.

Mais peut être souhaiteriez vous que je vous le transcrive par écrit ?

Morrigane resta muette un instant. De la musique, à partir de ce qu'elle avait sur la peau? C'était bien la première fois qu'elle voyait ça...
L'instant de surprise passé, elle sourit et hocha la tête.

-C'était très beau, vous êtes vraiment à la hauteur de votre réputation, et encore, je pense qu'elle est encore en-dessous de la vérité.

Elle sembla gênée, lorsqu'il proposa de mettre la musique par écrit; voilà bien une chose qu'elle ne comprenait vraiment pas, cette manie qu'avaient tout le monde de figer une chose sur le papier, plutôt que de la laisser vivre et s'enrichir dans la mémoire des gens. Une fois de plus, ce que les chrétiens appelaient "civilisation" lui paraissait vraiment bizarre.

-J'en serais heureuse, dit-elle enfin avec un petit sourire embarrassé. Mais c'est que je ne sais pas lire, et la musique encore moins..

La jeune femme laissa passer un instant de silence avant de poursuivre.

-Mais peut-être pourriez-vous me l'enseigner?

Le jeune de Machaut n'était pas contre l'idée de partager son savoir mais encore fallait il qu'il trouve quelqu'un à la hauteur de sa prétention. Mais par curiosité pour Morrigane il décida d'accepter.

- Vous instruire ? Pourquoi pas si vous pensez pouvoir supporter mon enseignement.

Lui répondit il avec un petit sourire au coin de la bouche. Tout ceci pourrait bien résoudre son problème d'ego. Il aurait une dose régulière de flatterie sans guère d'efforts.

Quand désirez vous commencer jeune fille ?

Voila qu'une jeune barde avait réussi à faire sortir Constantin de sa réserve et s'ouvrir quelque peu aux autres à moins que cela ne soit une nouvelle expérience qu'il voulait étudier.

-Nous verrons bien, répliqua-elle en haussant les épaules, un sourire malicieux aux lèvres.

Un bond gracieux et parfaitement calculé l'amena sur le balcon du musicien, et elle se redressa dans un froissement de jupes, ramassant sa chevelure interminable pour la nouer sur sa nuque.

-Je n'ai pas apporté ma harpe avec moi, mais j'espère qu'une simple flûte suffira...

Son instrument préféré était resté entreposé dans la chambre que Morded lui avait allouée, et qui servait principalement de débarras pour tout ce qu'elle ne pouvait pas garder avec elle; mais la pièce était loin, et son impatience débordait déjà.

-Que diriez-vous de commencer maintenant? Proposa-elle en souriant.

Constantin fut ravi d'entendre la proposition de la jeune barde. Bien que d'habitude personne n'était autoriser à entrer dans ses appartements il daignait faire une exception pour la petite sauterelle qui venait d'atterrir sur son balcon.

Ne vous souciez pas de voter harpe j'ai une collection suffisante d'instrument pour que vous trouviez celui qui vous convienne. Mais sachez avant d'entrer qu'en pénétrant dans mes appartements vous serez soumise au règlement en vigueur à savoir : pas de sifflement intempestifs, pas de boisson ou de nourriture, vous disposez de trois avertissements avant d'être bannis, pas de sarcasme sur ma personne.

Il faudra d'ailleurs que je retrouve le contrat pour vous le faire signer. En attendant vous êtes autorisé à entrer.

Il entra le premier dans la pièce bien remplie que découvrit Morrigane. Une pièce remplie d'instruments de toutes tailles et sortes : flûtes, cornemuses, tympanon, harpes, luth et plein d'autres encore tous entourés d'imposantes étagères et bibliothèques prouvant la quasi maladive soif de savoir de Constantin.

Et bien trouvez vous quelque chose d'intéressant ?

Demanda il assez fier de la collection qu'il avait accumulé au fil du temps.

Et par quoi voulez vous commencer ? Théorie, rythme, mélodie, harmonie, formes , improvisation, instrument ?
Ajouta il plus sérieusement.

La jeune femme dissimula à grand peine un sourire à l'énumération de ce qu'elle ne devait pas faire. Les mains croisées dans son dos, elle posa un regard curieux sur la chambre et tous les instruments rassemblés, puis s'arrêta soudain sur une petite harpe irlandaise, dont le bois triangulaire était sablé de poussière.

-Celle-là me conviendra parfaitement, répondit-elle en la pointant du doigt. Et, sans vouloir abuser de vous, si nous allions plutôt sur le balcon? Je m'y sentirai plus à mon aise... Et je ne voudrais pas déranger vos appartements...

Elle eut un sourire un peu gêné, et lui lança un regard presque suppliant.
Lois et règlements, et des murs de pierre; il ne lui avait pas fallu quelques minutes pour se sentir étouffer. Comme si un collier de fer lui était passé autour du cou, comme si d'un coup les barreaux qu'elle redoutait l'avaient rattrapée pour l'emprisonner. Museler sa nature sarcastique et désordonnée, une fois de plus?

-Je voudrais que vous m'appreniez l'air que vous jouiez tantôt; jouez d'abord, et je répèterai ensuite, si vous n'y voyez pas d'inconvénient.

Après des jours passés à mémoriser des chansons interminables, des milliers de vers et de mélodies, la nature avait consenti à doter la jeune femme d'une excellente mémoire auditive.

- Allons sur le balcon oui, cela vous évitera de briser quelque chose.

Une fois son tympanon installé et la jeune barde la harpe en main, Constantin lui donna ses dernières instructions.

Bien ! J'espère que votre mémoire ne vous jouera pas des tours, il n'y à rien de pire que d'être interrompu en pleine interprétation. Je vous ferai signe lorsque votre tour viendra. Mais n'en oubliez de vous laisser porter par la musique.

Il débuta finalement la mélodie devant un publique plutôt habitué au calme de la nuit. Constantin faisant signe à son élève pour qu'elle prenne le relais. Et rapidement le dialogue s'installa entre les deux instruments.

Une fois leur dialogue terminé le jeune de Machaut laissa passer quelques instants de silence avant de s'adresser à Morrigan.

- Vous êtes une élève prometteuse jeune fille. Remarque assez comique venant de quelqu'un d'à peine deux ans son ainé.
- Continuez ainsi et cette harpe sera peut être à vous.

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