L'Ange de Gaurres, les ailes rompues...

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L'Ange de Gaurres, les ailes rompues, ne peut étendre ses ailes

5 février de l'an 510...

Marie-Josepht se trouvait à la merci du roy, captive en sa demeure depuis une semaine entière. Elle n'avait assisté à aucun évènement, n'était sortie que pour prendre ses repas en solitaire - ou avec le moins de personnages possibles - et avait vécu dans le silence de ses chagrins.
Il était injuste qu'on la traita avec tant de froideur. Elle qui avait été un jour princesse! Elle qui était destiné à vivre une vie de plaisance... la voilà qu'on la forçait à s'agenouiller devant un traître tyran, celui (là)-même qui avait fait si cruellement mettre à mort son tant aimé frère!

La belle enfant quitta l'ombre des grandes colonnes blanches et se dirigea vers le lac... La soleil chaud caressa sa chevelure blonde et embrasa son corps endolori par le froid hivernal...
Une petite fumée glaciale quitta sa bouche, alors qu'elle soupirait, retenant ses larmes.

Injustice...
Et le roy Arthur qui lui accordait son congé de la cour! Et par ce fait même, son congé de solde! Ne voyait-il pas ce que son charmant neveu tentait de faire? Que deviendrait-elle, démunie... sans le sous!?
Elle devrait se marier avant que cette calomnie ne se sache et qu'elle doive travailler pour amasser sa pauvre pitance...
Elle! Se battre avec les chiens pour un os ou pour une moulée! Eurk!

La mignonnette effaça d'un geste rageur les larmes qui s'écoulaient de sur ses joues blanches, rosies par le froid hivernal.

Gareth, qui était présent au château depuis la Noël...N'en finissait plus d'y tourner en rond, tel un loup affamé, en cage!

Certes, il avait promis de rester un long moment aux côtés de sa chère épouse, et de leurs jeunes marmots...mais également d'être plus assidu aux très fameuses séances du haut conseil de la couronne (et ce pour le grand plaisir du roy son frère)...

Mais c'était bien plus fort que lui : le goût de l'aventure (et de la sainte liberté) avait beaucoup trop d'attrait à ses yeux pour qu'il se laisse enfermer entre les quatre murs d'un appartement...même luxueux.

Warminster ne le retiendrait plus très longtemps, désormais.
Gareth était chevalier et à ce titre...ne pouvait manquer à son tout premier devoir : la quête!
Ce qui induit le mouvement, le voyage, et par conséquent le départ.
Ce n'était...qu'une simple question de temps.

Autre obligation chevaleresque, justement : le secours aux dames en détresse!
Et la demoiselle qu'il apercevait, juste devant lui, alors qu'il arpentait, lui aussi, les allées désertées (et nues) des jardins...semblait étreinte par un sourd mais puissant chagrin(?)

En témoignaient, les quelques larmes brillantes qui ruisselaient sur ses joues rougies, et que le soleil au zénith, faisait miroiter... telles de petites perles de cristal.

Le prince s'avança lentement en direction de l'inconnue (qu'il remit d'un coup d'oeil) et lui adressa, aussitôt, la parole :

Mes hommages altesse!
Je ne suis guère surpris de vous voir ici.
Les gaurréens aiment braver les éléments...
Dit on.

En effet...les lieux étaient déserts.
Les orcaniens seraient ils donc si...frileux? (ou casaniers!)

Invité

Marie-Josepht n'avait prévenu la venue d'aucune personne.
En quittant ses appartements, était-elle parti à la recherche d'un peu de compagnie humaine ou avait-elle seulement eu besoin de changer d'air, de décor?
La solitude lui pesait. En plus de se sentir prisonnière en Orcanie.

La sœur de l'ogre sourit de façon forcé au jeune prince - fort joli d'ailleurs - , bien qu'elle ne fut aucunement intéresse à se montrer aimable.

- Bonsoir, monseigneur! salua t'elle d'un ton quelque peu énervé, empreint d'un accent aux sonorités plaisantes quoi que peu ordinaire.

Qui était cet avenant étalon?
Il figurait parmi les têtes d'Orcanie, elle le savait pour l'avoir vu auprès du roy lors de son arrivée.
De la famille royale, sans doute, car sa tronche lui rappelait malheureusement celle du roy Mordred.

Bien apparemment, lui savait qui elle était... Mais en de telles circonstances, les us et coutumes souhaitaient que deux personnes qui se rencontrent pour une première (hum hum deuxième) fois se présente...

- Marie-Josepht de Gaurres... , dit-elle en exécutant une rapide révérence.

Et le prince Gareth s'inclina lui aussi bien bas...devant la noble dame...avant de relever la tête, qui s'illumina d'un charmant sourire. On aurait dit...l'ange Gabriel, en personne.

Enchanté altesse.

Je suis le prince Gareth...
Frère du roy et chevalier.

Nous nous sommes...vu, en salle du trône, à votre arrivée ici.

Aussi, et ce malgré la grande politesse de la donzelle...Son caractère plus qu'affirmé était déjà connu...et la cour glosait déjà sur celle qui...osa "tenir tête" au tyran.
Il s'agissait de la prendre avec des pincettes!

Je suis d'ailleurs navré de cette...entrée en matière.
Mord...le roy s'emporte assurément...par trop aisément.
Surtout si...la personne lui faisant face semble employer le même ton que lui.

Il soupira, avant de poursuivre aussitôt :

Nous avons toujours tort de nous emporter et de nous mettre en colère.
Il est fort aisé de vitupérer...
Dialoguer, échanger...beaucoup moins.
Cela est pourtant...plus utile!
Pour tous.

Paroles de bon sens...
La fière princesse les entendrait elle?
Elle qui se trouvait aussi arqueboutée sur ses propres positions...que son cher hôte...si aimable!

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L'attitude de l'angélique frère du roy eut tôt fait de calmer la colère qu'avait engendrée sa présence... mais la mignonette demeurait néanmoins méfiante.

- Ce n'est point parce que l'on est roy que nous sommes maître du monde! récita si bravement la belle princesse, sans se départir de son air audacieux. Vous n'avez jamais connu la guerre, mon brave prince!
Votre petit cœur n'a jamais saigné d'angoisse! Jamais votre monde n'a cessé de tourner...
Jamais vous n'avez jamais vécu la défaite, la honte! La méprise!

Cet homme avait bel et bien raison dans ses propos. Mais il vivait dans un monde idéaliste.
Marie-Josepht revivait en mémoire la mort de son frère. On l'avait conviée à son exécution, mais elle s'était rétractée. Elle avait craint qu'on la force à le rejoindre sur l'échafaud.
La journée où il devait être mis à mort, elle s'était égarée dans les champs entourant la belle Camelot et avait erré, comme une folle, jusqu'au soir...

En effet...La belle avait très certainement énormément souffert.
Et sa situation présente n'était guère brillante...
Mais le brave petit prince n'était point si épargné que cela...
Plus maintenant.

Vous avez tort, hélas.

Il y a peu...je connu la pire des épreuves : voir la vie de mon très jeune enfant menacée...
Là, peut être pour la toute première fois...je connu la douleur.
La sombre, terrifiante et déchirante douleur.

Celle qui vous abat et vous désespère...
Avant qu'un miracle ne vous extirpe, enfin, du clouac du malheur...dans lequel vous étiez...semble t-il englué à jamais.

Cela...et la petite parcelle de volonté, ou de foi qui vous aida à tenir bon, à ne point sombrer définitivement!

En disant cela...Gareth, bras croisés et droit comme un I, regardait devant lui...fixement.
Alors que des larmes menaçaient de s'échapper de ses paupières lourdes et humides.

J'aurai souhaité...mourir pour lui sauver sa pauvre petite vie!
Car son existence n'a aucun prix...
Ormis, celui de mon sacrifice!

Aucun royaume, aucune couronne...n'a plus de valeur à mes yeux que...ce petit ange!
Le voir me sourire! voilà ma quête...quotidienne.

Il se tourna ensuite vers son interlocutrice, ne cherchant aucunement à dissimuler son trouble, son chagrin et surtout...sa joie.
Une larme coula...

Vous parlez d'un fier chevalier, ou d'un prince digne de ce nom!
Ironisa t-il, mi sérieux mi goguenard...
Le loustic ne changerait jamais.

Vous avez beaucoup endurée et souffert.
Et cela se voit...
Vous êtes courageuse et forcez l'admiration.
Lors de l'audience...votre attitude, m'a vraiment...frappé.
Impressionné.

Une personne comme vous...ne peut que survivre...
Alors...faites fi du passé, sachez vous adapter...
Et vous trouverez votre place! ici ou ailleurs.

Sachez que...mon aide vous est acquise! si vous la sollicitez!

Et Gareth était sincère.
Chevalier dans l'âme, il ne vivait que pour servir les autres.
C'était sa raison de vivre...
Cela l'habitait...au plus profond de son être et de son esprit.

Léger en apparence, le petit prince cachait beaucoup de secrets...en lui même.

Invité

Gareth ne connaissait que l'ombre de ce que pouvait représenter les affres de la douleur. Il n'avait connu que la pâleur de la mort. Il n'avait vécu aucun deuil.
Aussi, la princesse décida de ne point le contredire. Que pouvait dire un muet? Que pouvait entendre un sourd?

Marie-Josepht promena son regard sur la berge glacée du lac, refusant de voir la faiblesse qui s'égarait sur les joues de son locuteur.
En Gaurres, jamais elle n'avait vu un homme versé une larme...
Les mâles du reste de la Bretagnes étaient-ils faibles ou possedaient-ils tout simplement des sentiments humains?
Dans son pays natale... Autrefois... Alors que l'Orcanie n'avait point brisé les frontières...

Puis, les paroles du fier père la toucha... et son ego se gonfla.
Certes, elle avait grandement souffert, mais elle avait survécu!
Mais...

- Je veux vivre et non survivre, messire.
Je ne veux point être captive!
Je veux être libre! Libre de toutes contraintes, libre de reigner sur mes terres - la terre de mes aïeux!
Je refuse que mon pays soit souillé par la régence de mains souillées!
Votre réaction serait la même... Croyez-moi, mon cher prince!
Quelle serait votre réaction si votre femme vous chassait de son logis et que son amant prenait votre place? Tolereriez-vous que votre fils l'appel ''père''? Supporteriez-vous de voir dans son petit regard pur tant d'admiration pour un homme à qui il ne doit rien?

Marie-Josepht sourit, sincèrement. Elle s'admirait! Quelle belle comparaison!

- Votre aide me sera précieuse. Je conserve votre offre...
Mais peut-être pourrions-nous passer un moment plus agréable, tout deux?
Quelles fleurs poussent sur ses berges, le printemps venu?

Sans attendre de réponse, la mignonette se dirigea vers le lac.
Elle s'emmitoufla d'avantages dans sa cape de fourrure d'ours... bien au chaud, elle ne pourrait que passer un bon moment, en bonne compagnie.
La perspective de visiter les goeles du roy Mordred ne l'enchantait aucunement... mais elle devait voir les survivants du carnage qu'avait subi son pays!
Elle se devait, en tant que princesse, de leur apporter alcool et pain. Un rayon de soleil dans le coeur de ses démunis...

La fière princesse était décidément fort obstinée...jusqu'à l'entêtement...et même...l'autisme(?)

Elle dramatisait et...devrait se résoudre...à se montrer plus raisonnable!

Et Gareth s'avança donc en compagnie de son altesse en direction de la petite étendue d'eau stagnante des lieux.

Mais à cette période de l'année...les fleurs n'étaient point légion à cet endroit...
Seuls les arbres nus et gelés encadraient le lac...à demi figé, et glacé.

Libre? mais vous l'êtes!
Libre de vos mouvements.
Et vous serez bien traitée, ici...
Mais certaines contraintes...s'imposent à nous tous.

Vous êtes victime d'une injustice certes...
Mais qui est le principal responsable de la tragédie de Gaurres?
Et de votre malheur présent...
Sinon le sir Baléagant lui même!
Qui voulut s'emparer des Orcades, asservir les sujets d'Aron et Minara...entreprit de supprimer tout les héritiers des souverains.
Et n'eut de cesse de piller l'archipel, d'encourager le meurtre et le viol...à des fins guerriers.Fit commettre maintes tueries et massacres.

Que pouvait faire l'Orcanie? sinon venir en aide à ses parents du nord! et rétablir la paix en cet endroit de l'île.
Dès lors que Gaurres fut sans maître...Mordred ne pouvait que rechercher une solution acceptable...sans perdre de vu ses intérêts propres...je vous l'accorde.
C'est la loi de la guerre...et du vainqueur.
L'on peut le déplorer, mais c'est ainsi!

Le prince s'interrompit...quelque peu gêné, mal à son aise.
Il ne voulait heurter la demoiselle...tout en lui tenant...un langage de vérité(?)
Et estimait, déjà, que Marie Josepht méritait une véritable reconnaissance, et même...un rôle important.

Le haut roy entérina le choix du sir Kaarl et de la dame Anna...
Ce qui ne signifie pas pour autant...que le roy ne souhaitera point...vous confiez un statut digne de vous!
Et d'aucun...pourrait y veiller.

Conclu le beau blond tout en décochant un ravissant petit sourire pour son interlocutrice...
Dialoguer avec une dame de caractère était assez...stimulant.
En tout les cas, c'était le sentiment de Gareth...(avant gardiste?)
Qui, il est vrai, avait une mère peu ordinaire (pour cette sombre époque) et qui répondait au doux nom(?) de...Morgause d'Orcanie! :p

Invité

Tout en marchant, la belle resserra sa fourrure contre son corps, afin de se protéger d'une brise encore glaciale.

- Voyez-vous, Sire, avança t'elle d'un ton aimable, nos opinions divergent à cet endroit, ce qui cause notre mésentente.
Vous considérez mon frère, feu roy de Gaurres, comme étant un tyran. Vous considériez autrefois les saxons comme des pilleurs, des barbares!
Mais que pensez-vous de Rome, qui n'a aucun remord de conscience à élargir ses territoires et à éradiquer tout esprit de rébellion.
Nous avons été conquis, Sire Gareth! Et la mort est la seule issue pour tous les insoumis.
Sont-ils des barbares, des tyrans pour autant?
Croyez-vous que les soldats du Sire Pendragon ne pillent pas? Ne viols pas?
Je puis vous confirmer, monsieur, que l'une de mes bonnes amies - issues de la plus noble lignée de Gaurres, a portée l'enfant d'un soldat orcanien. Et cet homme qui l'a engrossé n'était ni son amant, ni son mari!
Elle en est morte... peu de temps avant de mettre son enfant au monde.
Elle était belle, intelligente, douce et aimable! Elle n'était qu'amour et tous, à la cour, la regardait d'un oeil empreint de respect et d'admiration. Elle aimait son fiancé, qui lui a été ravi lors de la guerre...

La Vérité, monsieur, c'est que je suis effrayée.
J'ai longtemps craint le roy orcanien car il m'était décrit - dans les contes - comme étant l'un des pires tyrans de l'humanité!
Et mon doux frère, froid comme l'acier, tranchant comme une lame! Impitoyable...
Lequel de ces deux méritent d'être jugés?

Auriez-vous tenu les mêmes discours si vous auriez été gauréen?

Tout est question de perceptions... d'origine... d'ouverture d'esprit!

Marie-Josepht promena son regard sur l'étendue glacée qui sommeillait sous son manteau blanc.
De l'autre côté de la rive, une biche releva la tête, mi-intriguée mi-effrayée par les bruits du jeune couple.
La princesse sourit...
... l'animal, considérant qu'ils n'étaient nullement un danger, retourna lapée de sa langue rose quelques gouttes d'eau qu'elle puisait à même le lac... à un endroit où mère-nature avait laissé une petite parcelle du lac dégelée.
La forêt, dénuée de sa verdure, se dressait derrière la bête - qui aurait été un souper merveilleux pour la soirée. Quels mystères recelait-elle? Y trouvait t'on les mêmes fées qu'en Gaurres? Les mêmes mythes, les mêmes racines, les mêmes plantes, les mêmes odeurs, les mêmes bruits?

Le discours de la princesse s'avérait fort juste, pourtant cela ne changeait rien à la donne présente : Gaurres se trouvait sous l'entier contrôle de Mordred...Pour pouvoir survivre, les derniers nobles de ce territoire devraient s'incliner devant lui, ou périr.
Le tyran d'Orcanie n'acceptait pas les demi soumissions...qu'il assimilait à de la rébellion passive.

En effet...à la guerre les notions de bien ou de mal n'ont aucune significations!
Le plus fort ou le plus malin l'emporte, et celui ci impose sa vision des choses.Le vainqueur ayant toujours raison, dit on.

Ne reste plus, ensuite, à espérer que le plus fort soit également le plus juste!
Le sir Baléagant commis des erreurs, mais le poids de celles ci ne doivent retomber sur l'ensemble des Gaurréens.
Oui, je crois Mordred plus prompt à la Justice que son ennemi vaincu...plus respectueux des règles régissant nos royaumes, et notre civilisation!
Plus humain, en somme...
Je ne prétends pas Baléagant relevant de la...monstruosité, certes...mais ses torts furent avérés! son action fut une entrave à la paix au nord de l'île, et donc au bonheur commun.

Ceci étant dit...Gareth allait devoir rassurer, une nouvelle fois, son interlocutrice...il se tourna résolument vers elle :

Apaisez vous! je promet de plaider votre cause auprès du roy!
Mordred n'étant point si terrible, voyez vous...nous devrions réussir à l'amadouer, et à l'adoucir, à votre endroit.
Vous verrez...il peut s'avérer très déconcertant, parfois...
Loin, très loin de l'image déformée que l'on se plaît, trop souvent, à brosser de lui!

Mordred était capable d'amour...d'un amour absolu, entier et sans aucune ambiguïté. C'était bien là le signe d'une humanité certaine(?)
Au regard de sa passion envers Ophélia, sans égal, brûlante, incandescente...l'on pourrait affirmer que son coeur semblait aussi vaste que la surface de l'Orcanie, elle même!
Mais les recoins, même, du coeur le plus lumineux, sont parfois d'une noirceur sans équivalent...et lourd, très lourd de menaces dissimulées.

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