Le serment de Silas

Une atmosphère pesante régnait ces derniers temps au château et si Silas y était habitué ce n'était pourtant pas de son fait. Mais il n'était pas là pour jouer les épaules réconfortantes. Il avait un marché à proposer au roi, un marché qui si il acceptait lui permettrait sûrement d'accomplir son projet.

Les gardes annoncèrent enfin son arrivé au roi et le firent entrer. Il s'avança alors, sa tenue créant presque l'illusion qu'il flottait au ras du sol. Loin d'être au fait du protocole et de l'envie de s'y plier il s'arrêta devant le trône en attendant que Mordred sorte du silence.

Même si Mordred avait bien d'autres choses à faire et penser, en ces temps fort troublés et incertains...Celui ci se décida à recevoir ce très étrange visiteur. Tout offre de service ne pouvant être trop rapidement écarté...

Pourtant...mis à part ses préoccupations au sujet de son épouse, et les préparatifs de départ en campagne...rien ni personne n'occupait l'esprit fébrile du jeune souverain.

Alors...cet individu improbable devrait se montrer concis et convaincant.
Auquel cas...il serait expédié sans aucun ménagement.

Que pouvait donc vouloir proposer à la couronne cet homme...aux allures de mage noir?
Voilà qui éveillait, au moins, la curiosité du tyran d'Orcanie.

Qui se mis à toiser le solliciteur avec une pointe de suspicion...
Autant en venir au fait immédiatement.

Messire Silas De Pal?
Je vous écoute.
Mais soyez bref!

Le bougre était dès maintenant avisé : le roy n'était guère très...patient.

Droit au but ! Voilà qui plaisait à Silas, il n'était pas du genre à aimer perdre son temps et si il y avait bien quelque chose qui l'ennuyais par dessus tout c'était tout les courbettes que les bourgeois faisaient entre eux. Il ne perdit pas de temps pour répondre au roi.

- Je serais donc bref. J'ai besoin d'argent, quant à vous, aucun magicien semble être à votre service. C'est pourquoi je viens vous proposer les miens moyennant salaire. Ainsi à l'instar du roi Arthur je serais votre Merlin. Bien qu'à mon avis mes talents vous soient bien plus utile.

Je met donc à votre disposition mon savoir en contrepartie de quoi vous m'octroierais la jouissance d'un laboratoire et d'un salaire afin de mener à bien mes travaux. Desquels vous serez le premier à en bénéficier cela va sans dire.

Qu'en dites vous ?

Quoi?! un magicien! un sorcier?

Et l'insensé osait venir faire cette proposition au plus chrétien des souverains de cette île?!
Ceci ne pouvait être toléré plus longtemps!

Mordred se redressa de toute sa hauteur avant de foudroyer l'impudent de son regard le plus noir.

Il suffit!
Sachez que j'ai prêté allégeance à Dieu tout puissant!
Et je n'escompte pas faire "commerce" avec les adeptes du Malin!
Les païens sont tolérés, en Orcanie...
Point les fidèles du Diable! que sont les sorciers.

Le roy marqua un temps d'arrêt...peut être...s'emportait il un peu trop vite?
Un véritable "sataniste" ne serait sûrement pas venu à sa rencontre.
Peut être...était il temps, à l'instar des enfants de la Déesse, de faire davantage confiance...en ces enchanteurs.
Si inquiétants soient ils, car ils pouvaient (en effet) s'avérer...fort utiles!

Mordred se réinstalla...toujours perplexe.

Je n'aime guère...ce genre de pratiques.
De quoi êtes vous capable, d'ailleurs?

Silas disposait, encore, d'une maigre chance...de convaincre le tyran de ces terres.

Bien loin de se décontenancer devant la colère du roi Silas lui répondit sans tressaillir.

- Je n'ai rien d'un sataniste. Si je l'étais je devrais admettre l'existence de votre dieu... Mais avant de vous répondre j'aimerais apporter quelques interrogations. Vous dites que les païens ne sont que tolérés en Orcanie. Pourtant, n'est ce pas des païens qui sont à vos cotés lorsque la maladie frappe l'un de vos proches ou vous mêmes ?

Bref ce n'est guère important. Vous voulez connaitre mes atouts et bien outre le fait que mes connaissances en matière de guérisons sont au moins équivalentes à celles de vos amis païens que vous tolérez, je puis également servir votre armée face à l'ennemi. Je pense que vous avez sûrement entendu parler du fléau de Dal Riade, et bien sachez que je n'y suis pas étranger.

Je pourrais également mettre à votre disposition toute nouvelle découverte si tant est que l'argent ne vienne pas contré l'avancée de mes recherches.

Le regard sombre de Mordred braqué sur son interlocuteur se fit plus...interrogateur.
Que souhaitait donc ce Silas? proposer ses services ou faire la leçon au tyran d'Orcanie?!
Mais qu'importe! son discours était cohérent, et même relativement efficace...donc, par conséquent...convaincant.

Oui, les païens sont tolérés...et acceptés lorsqu'ils servent bien la couronne.
Car les loyaux serviteurs de l'Orcanie ne sont jamais ignorés...et même grassement récompensés!

Décidément...Silas intriguait autant qu'il agaçait le jeune roy...
Son exposé méritait quelques précisions.

Le fléau de...?
Expliquez!
Dites m'en davantage.

Devenir le Merlin de Warminster...
C'était fort bien parti pour!
Le messire parlait déjà comme le vieux fou d'enchanteur, par énigmes...
De quoi coller un début de migraine au peu patient seigneur Mordred.

» Silas de Pal