Lancelot Vs Ellac : le duel !

Lancelot se promenait dans la forêt en cet après-midi lorsqu’il aperçut un homme au bord du lac.
Il reconnaissait cet homme : c’était le barbare dont tout le monde parlait.
On disait de lui qu’il avait une force incroyable, mais Lancelot, lui, n’avait pas l’intention de croire ces ragots.
Il était presque certain qu’il pouvait battre cet homme sans la moindre difficulté
D’ailleurs, maintenant, il avait le temps.

Il arriva à hauteur de l’homme et le salua poliment, un once d’arrogance dans la voix.

- Bien le bonjour, messire

Il mit pied à terre, puis posa sa main sur le pommeau de son épée. Ce geste n’avait rien d’hostile, c’était seulement un réflexe chez lui.

- Enfin je rencontre celui dont tout le monde parle à l’auberge du coin.
On dit que vous êtes excellent en combat.

Il jeta un gant au pied du Hun, puis attendit.

- J’aimerais bien voir cela …

A cette époque, il y avait en Pannonie deux partis qui luttaient entre eux et n'épargnaient rien pour se détruire l'un l'autre.
La plupart des chefs de clans s'étaient déclarés, en toute circonstance, pour le grand khanat de la horde d'or, quant au clan d'Ellac, celui-ci était inféodé au Basiléus Léon I er, en regard aux terres concédées aux marches de l'Empire romain d'Orient, dont le père d'Ellac était dépositaire.
On comprendra facilement, par ce qui va suivre, pourquoi Ellac, favorisait plus le dialogue que véritablement le combat à tout prix.
Ellac, loin de passer pour un couard, ne comprenait pas pourquoi ce jeune jouvenceau, dont il ignorait le nom, voulait lutter contre lui.

D'autant, que l'inconnu bien que de solide constitution, ne paraissait pas représenter un danger immédiat pour le robuste et athlétique barbare.
Ellac décida de connaître quel était le litige qui les opposait, en interpellant l'homme, qui venait de lui jeter ainsi son gant à ses pieds.

Messire que me vaut l'honneur de cette attention? je suis certes pauvre et démunis mais je ne manque point de matériel, d'autant que le froid n'est pas de la partie!

Ellac, tout en souriant à l'homme qui le dévisageait avec insistance, lança d'une voix déterminée à ce dernier, une mise en garde:

Hors de mon chemin beau sire! hors du chemin! ou je devrais passer sur votre corps!

Un sourire de haine contractait désormais, le beau visage d'Ellac, celui-ci attendait maintenant la réaction de l'individu hostile.

Lancelot ne cherchait pas les hostilités, mais il avait besoin d’un petit défi. Il savait qui était cet homme. Depuis son arrivé en Orcanie, tous les bonnes gens de l’auberge voisine parlait du Hun et tous disaient qu’il avait une force incroyable.
Le chevalier de la Table ronde voulait simplement le voir de ses yeux.

- Peut-être aurais-je dû me nommer avant …
Sir Lancelot du Lac, chevalier de la Table ronde, champion et bras droit du Haut-roy de Bretagne.

Peut-être serait-ce un argument pour obtenir un combat.

- Tout le monde parle de vous ici, disant que vous avec une grande force. J’étais simplement curieux de voir cela !
Je ne voulais point créer d’hostilité, seulement vous affronter dans un combat … amical…

Lancelot remarqua ce sourire haineux qui se dessinait sur le visage du barbare et décida de rester prudent, bien qu’il n’avait point peur.

- Refusez vous le combat qu'un noble chevalier vous lance, messire ... ?

D'une voix tonitruante Ellac rugissait: EN AVANT! EN AVANT !

Le beau barbare tira du fourreau son épée de géant, il saisit la poignée des deux mains et la fit tournoyer si rapidement, que ce Lancelot du Lac, même lui, n'osait s'approcher du Hun, car chaque coup de son arme terrible, pouvait briser en une seule fois, tel un coup de marteau tranchant, même la plus résistante des armures.
Ellac voulait en finir vite avec cet impétueux jeune homme, il utilisait sa lourde et longue épée germanique de son père, et l'employait de façon brutale et spectaculaire, il voulait impressionner le champion de Bretagne.

Pour autant, Lancelot semblait impavide, immobile, inébranlable, tandis que les révolutions de l'épée du barbare Ellac, se rapprochait de lui, Lancelot, croisait les bras sur sa poitrine et fixait d'un regard calme Ellac.

Ellac interloqué s'écria:

Sire Lancelot, vous êtes le chêne suprême qui brave la colère et les efforts de l'ouragan!

Le barbare ne put s'empêcher d'admirer la grandeur de ce Lancelot du Lac dont pourtant quelques instants auparavant, il voulait combattre et abattre.

Lancelot n’avait pas peur du barbare, mais il n’avait pas eu le choix de reculer quand ce dernier avait fait tournoyer son épée.
C’est vrai qu’il était imposant et que son arme était impressionnante, mais un bon chevalier n’avait peur de rien et d’aucun défi, voilà pourquoi il était resté impassible devant ce spectacle.

Et vous, Sire Ellac, la tempête qui défait tout sur son passage …

Lancelot était le Champion de Bretagne et ne reculait devant aucun défi et ce n’était pas devant cet homme qu’il pouvait se résigner. Après tout, Lancelot n’avait jamais gagné parce qu’il était imposant, mais parce qu’il savait équilibrer force et précision et qu’il avait de l’adresse.

Il tira doucement son épée de son fourreau et dit :

- Si vous avez tiré votre épée, j’en conclue que vous acceptez ce combat. Bien sûr, ce n’est pas un combat à mort.
Parfois, il est intéressant de se mesurer à de nouveaux adversaire, mon ami

Les intentions du chevalier n’étaient pas mauvaises. Ellac pourrait s’avérer un bon ami, qui sait ? …

A peu de distance du château du roi Mordred, il y avait une place carrée, autour de laquelle quelques maisons en pierre étaient bâties l'une prés de l'autre; au milieu se dressait un pilier en pierre, droit comme une aiguille, auquel était attachée une chaîne munie d'un collier de fer; c'était le signe de la justice d'Orcanie et le carcan ordinaire auquel on exposait les malfaiteurs.

A côté se trouvait une maison assez haute, le seul cabaret ou taverne du coin, ou l'on vendait de la bière et du vin.
Le nom de cet estaminet était sculpté au-dessus de la porte, mais travaillé si grossièrement qu'il eut été difficile de reconnaître des chevaliers autour d'une table ronde dans ce tableau de pierre.

Une cheminée gigantesque remplissait le fond de la vaste salle , composant ainsi le lieu de débauches et de beuveries dans lequel, Ellac avait convié Lancelot du Lac à la fin du simulacre de duel.

Des sièges lourds et des tables plus lourdes encore se trouvaient çà et là dans la salle.
L'hôtesse courait de droite à gauche pour servir et verser à boire aux nombreux convives qui s'y trouvaient.

Les coupes d'étain n'étaient jamais en repos, et les appels joyeux des buveurs se mêlaient à un doux murmure que l'on ne pouvait comprendre, aux accents mâles et sonores qui retentissaient prés de la cheminée.

Pendant qu'Ellac et Lancelot du Lac vidaient leur coupes avec de joyeuses exclamations, le barbare s'adressa ainsi au champion de Bretagne:

Messire Lancelot! à ta santé et à ta chance dans le combat et la guerre!
Eh bien, puisque je vois que tu es impatient et que tu as soif, je t'invite à boire à ma coupe, je te souhaite que cela te fasse du bien.

Tandis que Lancelot du Lac prenait la coupe des mains d'Ellac avec un geste de reconnaissance , le barbare de Pannonie tout en regardant l'hôtesse avec hardiesse, cria:

EH! Donzelle! un pot de bière ! vite car nous sommes pressés, mon nouvel ami et moi!
Ellac renchérit, en disant avec force et conviction:

Vraiment Sire Lancelot, vous êtes un beau champion, vous avez des yeux de lion, je suis dorénavant ton ami!, buvons un dernier coup pour qu'il ne soit pas dit que nous partons avec la bouche sèche!..

Le combat n'avait duré à peine que quelques minutes , sans qu'aucun coups d'épée ne soient échangés véritablement, cependant, Ellac et Lancelot étaient charmés d'avoir pu se trouver ainsi, une amitié semblait se nouer entre les deux vaillants combattants.

Lancelot avait été vraiment surpris de l’issu de cette rencontre avec Ellac. Il se serait attendu à un combat difficile et fatiguant, mais au lieu de cela, voilà que les deux hommes buvaient comme deux bons compagnons, sans même avoir échangé un seul coup de lame ! …

Ce fut avec plaisir qu’il trinqua avec le barbare ! Finalement les deux hommes s’entendaient plutôt bien !
L’alcool coulait à flot, ils étaient en pleine célébration d’une nouvelle amitié !

Le champion de Bretagne donna une tape amicale dans le dos du Hun, puis s’exclama, entre deux gorgées :

- Alors mon ami, voilà qu’il n’y a plus de combattants comme toi ! Forts, vaillants et honorables ! Je suis certain que tu ferais un excellent chevalier, crois moi !
Le chevalier reprit une autre coupe de cette si bonne bière, puis, à l’intention de son nouvel ami, il dit :

- Y’a rien d’mieux que la bonne bière et les femmes quoi !

Il frôla une jeune donzelle qui passait entre les tables pour servir les clients et celle-ci lui flanqua une gifle dans la figure, ce qui fit bien rire Lancelot !

- C’est comme ça qu’on trouve les filles aux mœurs légères par ici, mon ami !

Et voilà que c’était reparti pour une autre bière

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