Pensée Obscure

D'une façon très discrète, Gwendoline entra dans la chambre de sa maîtresse, autant hâtive de la revoir pour l'aider dans ses problèmes que pour être consolée. En fait, surtout pour parler avec elle, car elle s'en ennuyait grandement. Florin avait raison sur ce point, il était égoïste de sa part de laisser sa maîtresse pour son bonheur! L'Évêque a toujours raison, d'ailleurs, en théorie... En tout cas, cette vérité brisait le coeur de Gwen et elle s'en trouvait dans tous ses étas émotifs, mais ne devait en aucun cas détruire le bonheur de quelqu'un d'autre avec sa peine et encore moins réveiller Anna qui dormait déjà, sans doute.

Beaucoup d'évènements lui étaient arrivés en seulement soirée et seule Anna, sa maîtresse, aurait les mots pour l'apaiser. Mais un évènement malheux était arrivé à sa vie et il s'appelait Florin! Toujours aussi doucement, elle avança vers le lit d'Anna, éclairé par la maigre lueur d'une chandelle mourrante et s'assit à côté d'elle en espérant qu'elle ne remarque pas imédiatement que ses yeux étaient rouges de chagin et encore humide par de fraîches larmes. Pour tenter de masquer sa détresse, elle demanda d'une voix qui se voulait forte:

'' Vous allez... allez bien, madame? Vous... vous ne dormez pas encore?''

Gwendoline avait toujours été très mauvaise pour cacher ses sentiments, à son grand déplaisir! Sa maîtresse, sa plus grande confidente, voulait être bonne en l'écoutant raconter les émois de sa confession. D'une voix tremblante, elle avoua, voyant que s'éclisper de ce moment fatidique était sans issu:

'' J'ai... réalisé, récemment, que je... je n'avais pas le droit de... de me marier avec... Émerick! Dieu ne me le... le pardonnerait jamais... Tout le monde se.. se révolterait et... j'emmenererais malheur à... à celui qui m'a donné tant... de bonheur en... en une seule soirée... Je n'ai pas le droit de... de penser à moi et mon bonheur, car... cela porterait sûrement... nuisance à son royaume... Après tout, je ne suis qu'une sotte imprudente, une... une effrontée...une... ''

Sa voix se brisa dans un sanglot. À force de répèter les paroles de Florin, elle en avait froid dans le dos. Comment un être poussé par Doeu pouvait dire de telles choses? Pourquoi devait-on tant souffrir pour plaire à Dieu? En voulait-il vraiment autant?

Gwendoline n'en dit pas plus. Son expression crispée de douleur, ses mains tremblantes et son lourd silence en disait long: Florin avait encore fait sa marque de commerce dans l'esprit d'une jeune chrétienne influençable par la faiblesse révèlée par la peur de faire un pêché! Il serait terriblement facile pour Anna de savoir que Gwendoline venait de parler à Florin et que celui-ci l'avait renversée...

De lourdes larmes coulaient sur les joues de la jeune femme et elle avait envie d'une seule chose: se faire serrer dans ses bras pour oublier sa souffrance. Toutefois, même le plus tendre des câlins n'atténuerait jamais sa crainte et sa souffrance d'avenir... Quelques autres de ses cheveux tombèrent alors subitement de son attache pour retomber devant ses yeux humides de chagrin...

* Si je lui dit et que je fais encore effronterie face à Dieu je ne gagnerai jamais mon ciel...et puis bon... quant à pêché continuellement, continuons!* pensa la jeune femme, le cerveau assez lassivé par l'Évêque.

Toutefois, elle préfèrait perdre son ciel et aller en enfer que vivre une minute de plus seule avec les révélations de Nicolas. D'une voix encore tremblante, mais un tantinet contrôlée pour faire plaisir à sa maîtresse, elle répondit:

'' Vous... vous ne pouvez pas savoir... savoir à quel point Notre Père Florin est fâché contre moi. Il veut que... que j'oublie votre frère et... que je m'exile dans un couvent... couvent avant de revenir docilement... auprès de vous... Et... et il va y veiller pour... pour le Salut de Dieu!''

Elle fut secouée, à nouveau, par ses sanglots et arrêta de parler un instant, forte émotionnée au souvenir des paroles froides de celui qui se prenait pour l'Homme de Dieu.

'' Est-ce... Est-ce véritablement la volonté de Dieu, vous croyez? Dois-je... écouter l'Évêque, même si mon... mon coeur saigne.... et saignera toujours?''

Elle ferma doucement ses yeux lourds de sommeil et irrités de chagrin. Comme elle était bien auprès d'Anna: jamais elle ne serait capable de s'en séparer! Elles étaient unies comme des soeurs et entre soeurs, on se soutient!

''Par... pardon de vous infliger de nouveau mes sentiments... vous en avez certes déjà assez des vôtres... Mais, je n'ai jamais revécu... revécu pareil torture du coeur... J'ai besoin de... de vos conseils pour... éclairer ma lanterne éteinte! J'aime votre... votre frère à un tel point que je serait... serait même prête à l'oublier si... si pour son royaume il faut que je sois absente. Mais... mais je dois savoir si... si vous croyez que ce que Florin dit... est... est vrai ou si.. si je dois pousser l'audace et... et me marier sans le conssentement de l'Évêque? Ce.. ce qui me paraît... insensé et... drôlement impossible!'' ajouta-t-elle enfin.

Sur ses paroles brusques, mais paradoxalement réconfortantes de sa maïtresse, elle finit par s'assoupir sur ses cuisses sans ajouter un mot. En fait, elle avait bien tentée de rajouter quelques mots, mais elle était arrivée au bout du rouleau et la simple ouverture de sa bouche pour affirmer quelque chose avait été suffisant pour lui confimer qu'elle n'avait plus une once d'énergie. Elle drmait, maintenant, à point fermé. Pendant ce sommeil, elle rêva d'Émerick. Elle le voyait clairement face à elle et il lui souriait doucement. Il lui disait:

- Approche, ma belle, vient prendre ma main!

Pourtant, mystérieusement, à chaque pas qu'elle faisait dans l'espoir de le rattrapper, le jeune prince se distançait d'elle. D'une voix désespérée, elle hurla dans ce songe:

- ÉMERICK, NE PARS PAS! J'AI BESOIN DE TOI!!

Puis, ruisselante de sueur, elle s'éveilla, blanche comme un drap. Elle était, désormais couchée dans le lit de sa maîtresse, auprès d'elle. Comme lorsqu'elle était jeune, Anna avait gardé l'habitude de permettre à Gwendo de dormir avec elle lorsqu'elles étaient tourmentée l'une ou l'autre. Toutefois, dans le passé, jamais Gwendo n'avait dégelé son coeur à la tristesse à ce point. Elle soupira: elle n'avait plus sommeil, elle se sentiait beaucoup trop angoissée pour se rendormir. Un instant, elle se demanda, avec curiosité, si Anna dormait depuis longtemps ou si elle feignait de le faire...

Dans un murmure, elle dit:

'' Merci pour... pour ce réconfort... Je vous aims tant!''

À tout jamais son coeur serait réservé à sa maîtresse, à son amour et à ses enfants. C'était décidé, elle se batterait pour son bonheur: pas questionn de laisser Florin détruire sa vie. Et si pour ça elle devrait aller en Enfer, elle prit la pleine responsabilité d'assumer ses choix.

* Et puis, de toute façon, si je m'occupe bien de mon futur royaume et de mes enfants, peut-être que Dieu me pardonnera d'avoir fait offense à son Évèque?*

Sur ce, elle referma les yeux et tomba dans un demi sommeil.

Le reste de la nuit, Gwendoline réussit à la passer dans un demi sommeil, toujours troublée par le sermon à tendance tyranique de Nicolas Florin, l'Évêque Tout-Puissant. En se réveillant, en cette matinée baignée par un soleil radieux et doré, la chère dame de compagnie d'Anna se sentait empli d'une force dont elle n'avait jamais été empli. Une force de résistance. Toute la nuit, elle avait fait le pour et le contre de sa situation actuelle et la seule réponse qu'elle avait pu trouver à cela était:
- Pour une fois dans ta vie, n'est pas peur d'affirmer qui tu es, tu es restée trop longtemps recourbée sur toi-même. Tu aimes Émerick, prouve-le!

Puis, énergiquement, elle était sortie de sous la couette de sa maîtresse. Elle n'avait qu'une envie: retrouver son amant. Toutefois, lorsqu'elle vit qu'Anna n'était pas à ses côtés, elle estima, grâce à son intuition, qu'elle n'avait pas dormi longtemps parce qu'elle devait, elle-même, être troublée par quelque chose. Maintenant que Gwendo se sentait mieux, elle avait l'impression que son devoir était de rendre la pareille à sa charmante maîtresse avant de partir pour les Orcades...

'' Madame Anna, où êtes-vous?'' demanda-t-elle de la voix la plus forte qu'elle pouvait avoir.

Contente de voir que sa maîtresse n'était non loin, mais soucieuse de ce qu'elle allait lui raconter, Gwendoline se dirigea au balcon d'un pas plus décidé que d'habitude et dans un silence abasourdissant. Toutefois, elle le brisa rapidement pour déclarer:

'' Bon matin, madame! Comme la température est charmante.. En tout cas, comment allez-vous? Vous vous êtes levée tôt ce matin, dites donc!''

Elle étira un timide sourire au coin de ses lèvres pour montrer à Anna que la nuit lui avait bien portée conseil et qu'elle était, de nouveau, fraîche et dispose.

Néanmoins, dans son for intérieur, elle ne pouvait s'empêcher de voir la veille comme un drastique chambardement dans sa vie!

Gwendoline ne savait pas trop si elle devait se sentir heureuse ou mélancolique par ses révalations, car elle sentait un joli mélange entre les deux.

'' oui, je vais mieux, la nuit m'a fait... grand bien! Je... vous remercie pour tout ce que vous voulez... faire pour moi! Nos vies risquent de... tellement changées, mais... mais je veux être certaine d'une... d'une chose...''

Elle prit un grand respire et poursuivis en disant:

'' Peu... peu importe qui m'aidera dans... dans ma vie, peu importe mes choix et... peu importe ce que je deviendrai et ce que vous deviendrez, mais je... je veux toujours qu'on se souvienne de... ce temps merveilleux où... vous m'avez receuilli auprès de vous... comme une mère et qu'on... reste toujours amie... ''

Elle soupira, en ajoutant:

'' Mais une... une chose m'inquiète, vous ne croyez pas que Père Florin vous... fera la vie dure à vous et à Émerick, par... par ma faute?''

Elle souriait, toujours, timidement, mais ses yeux reflètaient la crainte encore présente en son coeur.

Gwen était toujours sur le balcon avec sa maîtresse jusqu'au moment où la voix de son amant, de l'autre côté de la porte des appartements d'Anna sans doute, vienne à ses oreilles. Les yeux pétillants, elle se tourna vers sa maîtresse en lui demandant, le coeur qui battait à tout rompre:

'' Puis-je répondre à la porte ou vous voulez le faire? C'est... vos appartements après tout! Et... votre frère...''

Gwendoline, le coeur battant autant d'amour, de bonheur, de crainte et de tristesse, regarda Anna avec gratitude, avant de se presser vers la porte. Aussitôt, elle l'ouvrit. Sans dire un mot, elle regarda son amant avec considération, pendant une longue minute angoissante.

Étrangement, l'intriguant mélange de sentiments qui se bousculaient en elle ne put s'empêcher de rouler sur ses joues en quelques larmes. Puis, comme un chat blessé, elle se blottit contre Émerick, en murmurant:

'' Émerick... Éme... Émercik... ''

Elle n'en dit pas plus, car elle regrettait d'avoir montré à Émerick qu'elle était confuse. Elle voulait se reprendre, elle voulait effacer le temps pour empêcher l'Évêque d'apprendre son pêché, elle voulait reculer le temps pour que tout redevienne comme avant, elle voulait changer le temps pour avoir au moins l'honneur d'accueillir Émerick d'une façon moins émotive. Mais il était trop tard. Elle ne pouvait ni effacer, reculer ou même changer le temps... Elle se sentait si impuissante, si... mélangée à la fois. Elle voulait se détacher des bras de son amant et arrêter ses larmes de couler, mais elle n'en était pas capable. Son coeur voulait sentir celui d'Émerick!

'' Émerick..., continuait-elle de murmurer. Émerick...''

Elle n'était plus capable de dire rien d'autre.

Quand Émerick l'amena à s'assoeir, Gwendoline rougit. Pourquoi son subconscient avait-il décider d'agir aussi bêtement? Pourquoi? Était-elle tant dans la misère? Elle devait se reprendre et affronter ses démons. Elle ne devait pas retomber dans son ancien mutisme imposé par sa peur de souffrir éternellement. Elle avait promis à Émerick de ne plus jamais mettre en doute leur amour et à l'Évêque de faire le meilleur choix pour tous. Elle devait se jetter à l'eau et écouter les élans de son coeur.

L'Évêque n'était pas la science infuse et seul son coeur, gorgé par la puissance de Dieu, pouvait lui dicter son destin et celui de tous. Seul lui pouvait la guider... maintenant. Elle sentait, dans toutes ses fibres, qu'elle ne devait pas abandonner son amour.

Elle sentait aussi que, pour une fois, elle ne devait pas laisser les autres parler pour elle. Elle l'avait trop fait avant. C'est pour cela que, près de son amour, sa force de vivre, elle réussis à dire quelques mots:

'' Ce... qui se passe c'est... que l'Évêque me trouve sotte et impure et veut que... je t'oublie. Je ne le... peux pas! Je sens que l'Évêque a tort et que ma rencontre avec toi est un signe du destin et de Dieu. Je... je regrette tant de.. m'avoir confessée, mais... en bonne chrétienne, je n'avais pas le choix...''

Étrangement, ces révélations ne la submergea pas de honte et de crainte, mais plutôt d'une satisfaction, jusqu'alors inconnu. C'est comme ça qu'on se sentait quand on brisait le mur de la timidité? C'était réconfortant...

Gwendoline, prise entre la joie et la tristesse, ne répondit pas immédiatement. Néanmoins, le grondement de son estomac la supplia d'accepter. En tournant un regard étoilé vers son amant, elle chuchota:

'' Nous réussirons ensemble. Nous échouerons ensemble. Nous mourrons ensemble. C'est ce que l'Amour m'a appris de plus beau... TOUT ensemble...''

Puis, en regardant Anna, elle répondit vaguement:

'' Oui, oui, allons donc manger et...''

* Partir comme ça? Sans préparatif, sans dire au revoir à personne? Bon, j'avoue que je n'ai pas beaucoup de connaissances ici, alors...*

'' Et partir pour... pour les Orcades!''

Une chance que son hésitation avait été très courtes. Les apparences étaient sauvées.