On ze road again, cette fois c'est la bonne!

Morrigane marchait, le vent de novembre agitant les pans de son vaste manteau. Elle avait revêtu sa vêture d'errante, sa harpe sur le dos, manteau sombre, cheveux noués et les habits d'un jeune garçon.
Nébuchad voletait à ses cotés, d'un bord à l'autre du sentier, la précédant de peu en goûtant aux joies d'une liberté retrouvée.
Autour d'eux, la forêt murmurait de vagues songes dans la brise, lâchant parfois des averses entières de feuilles jaunies sur la sente peu fréquentée qui serpentait entre troncs, rochers et fourrés hérissés de ronces.

Morrigane marchait, usant ses semelles d'un pas infatigable et mesuré, les yeux perdus dans une douce rêverie et une chanson aux lèvres.
Elle était partie alors que l'aube moirait à peine l'horizon, traversé la ville qui s'éveillait à peine, franchi les prés et les champs tissés de rosée pour s'enfoncer sous le couvert des arbres, laissant derrière elle, presque sans regrets, quelques mois de sa vie enfermés entre les murs gris de Warminster.
Elle eut une pensée pour le père-prince Agravain, pour les rares personnes à qui elle s'était attachée durant ces quelques temps.
Mais Morrigane était comme sont les animaux sauvages, l'esprit libre et le coeur volage, impossible à retenir.

La matinée avançait au-dessus des frondaisons agitées, faisant courir une grise lumière d'automne dans les bois; tout semblait s'enfoncer peu à peu dans une douce torpeur, semée de brumes et de rêveries, encore infusée de murmures.

Le vent forcit, cueillant le souffle de la marcheuse sur ses lèvres, dispersant sa chanson aux quatre coins du monde. Le froid devenait plus mordant, comme si des couteaux volaient sur le fil des rafales. Indifférente, la barde ne marqua même pas une pause et se contenta de resserrer le col de son manteau autour de son cou tandis que Nébu voletait de branche en branche, peuplant la forêt de ses échos.

[HJ : Ce post se situe temporellement AVANT mon post au banquet. Ah, et le titre du topic m'a donné une subite envie d'écouter Turn the page, de Metallica, donc j'imagine ça en musique de fond pendant que mon perso marche... ^^]

Mélinda marchait, elle aussi, mais en direction de la ville, au contraire de la personne qui arrivait face à elle. Elle portait une cape sombre par dessus sa robe rouge sang et s'aidait de son long bâton pour avancer, ses ve^tements malmenés par le vent qui s'était levé depuis un moment. Sur son épaule, Raven, son corbeau, semblait complètement frigorifié. La capuche rabattue sur son visage, Mélinda avançait en direction de Warminster. Elle avait pour projet de se faire entendre par Mordred. Il devait entendre raison. le christianisme devait être banni, et ce définitivement. Elle comptait sur sa beauté et son intelligence pour lui faire entendre raison. Prétentieux, n'est-ce pas ? Elle était ainsi. ne voyait que par elle-même et ne comptait que sur elle-même pour arriver à ses fins. L'orgueil était un péché capital, chez les chrétiens, et c'était un péché qu'elle ne connaissait que trop bien, même si elle ne l'aurait jamais avoué.

Lorsqu'elle arriva à la hauteur de la voyageuse, Mélinda inclina la tête en signe de salut. Elle devait savoir si elle était sur la bonne route. Raven lui avait rapporté que oui, mais rien de tel qu'un autre voyageur pour lui confirmer.

"Bonjour, voyageuse..."

Elle sourit sous sa capuche. La politesse était de mise, et malgré ses vêtements de garçon Mélinda savait qu'elle avait une femme en face d'elle.

"Pourriez-vous m'indiquer si je suis la bonne route vers Warminster ? Je dois y rencontrer le seigneur Mordred..."

La franchise n'était pas son fort, et pourtant elle ne pouvait mentir à celle qu'elle avait en face d'elle. La raison ? Elle ne la connaissait pas. Mais ça ne la dérangeait pas vraiment...

Un bref sourire erra sur les lèvres de Morrigane lorsqu'elle lui rendit son salut. Elle eut l'impression de croiser son reflet.

-Ce n'est pas la route la plus courte pour parvenir à Warminster, mais vous y serez avant la nuit.

Curieux plus que soupçonneux, Nébuchad cessa ses vagabondages dans les branches et se posa sur son épaule en observant l'oiseau de la femme de ses yeux d'ambre.
La barde et le corbeau eurent soudain la même mimique intriguée, inclinant la tête sur le côté en observant la prêtresse et son compagnon.

-Pardonnez ma curiosité ma dame, mais.. peut-on savoir ce qui amène une prêtresse de la Morrigane en terre chrétienne?

La jeune femme avait parlé presque à voix basse, ses mots se mêlant aux sifflements du vent.

Les signes ne trompaient pas... Elle en avait souvent vu, en son jeune temps, de ces femmes fières et sauvages qui sacrifiaient à la dame aux corbeaux qui lui avait prêté son nom. Le rouge de sa robe était criant pour quiconque était un peu familier des choses des anciens dieux.
Et puis.. Quelque chose, dans sa voix, l'éclat de ses yeux, l'expression de visage, portait l'empreinte de la déesse. Comme un feu ardent à peine voilé, comme un écho de sang versé, comme un reflet de lame dans son regard.

Mélinda ne fut pas surprise que son interlocutrice sache qui elle était. Ou du moins, qui elle servait. Il était aisé, pour les païens, de reconnaître les symboles de Morrigan sur Mélinda. Le rouge de la robe, le feu de sa chevelure, le corbeau sur son épaule, sans oublier le cliquetis de sa ceinture d'ossements, jusqu'à l'orbe rouge sur son bâton. Si elle l'avait reconnue, c'était donc qu'elle était comme elle, une païenne en terres chrétiennes. Voilà qui était bon à savoir.

Raven soutenait le regard de l'autre corbeau en silence, et au bout d'un moment il lança un croassement de satisfaction. Cela voulait dire que Mélinda pouvait faire confiance à la jeune femme face à elle. Son corbeau était pur, elle l'était donc aussi. Aux yeux de la déesse, bien entendu. Fascinant à quel point une prêtresse de Morrigan et son corbeau pouvaient être liés, non ? Ils se comprenaient sans parler la même langue, rien que par le regard, les gestes, les croassements pour Raven...

Elle hocha la tête. Puisque la demoiselle voulait savoir la raison de la venue de la prêtresse de Morrigan en ces terres, elle le saurait donc. mais pas avant que Mélinda n'ait appris son nom, au cas où. Aussi, par courtoisie, elle se présenta la première.

"Je me nomme Mélinda, on me connaît sous le surnom de Mélinda la Sombre, et voici Raven." ajouta-t-elle en désignant son corbeau, qui venait de croasser pour se faire remarquer.

Mélinda avait déjà une assez grande réputation en Orcanie et partout en Bretagne. On parlait d'elle comme d'une meurtrière sanguinaire qui avait pour particularité de prendre sur ses victimes (hommes, femmes, enfants et animaux) des os en guise de trophée. Bien entendu, les trois quarts de cette rumeur étaient des boniments, des histoires de vieille femme pour faire peur aux enfants le soir. Fort heureusement pour elle, Mélinda n'avait jamais eu son portrait accroché parmis les têtes mises à prix. Bien sûr, son nom y était, mais personne ne l'avait jamais vue assez longtemps pour donner sa description détaillée...

Elle aurait pu craindre que son interlocutrice la dénonce, mais elle savait pertinament qu'une femme capable de reconnaître les symboles de Morrigan n'irait jamais trahir une prêtresse de la déesse...

-Morrigane Agarwen, barde du roi à mes heures perdues, répondit la jeune femme avec une profonde courbette qui obligea Nébu à crapahuter sur ses épaules pour garder son équilibre. Lui, c'est Nébuchad.

Elle posa un regard songeur sur la prêtresse, un petit sourire aux lèvres. Cette femme était comme une bouffée d'air pur dans une atmosphère viciée par la fumée des encens et des bûchers. Un espoir.

Elle n'avait sans doute pas conscience du soulagement que sa présence apportait à la jeune barde; elle qui avait perdu tout espoir et avait dû, pour sauver sa peau, renoncer du bout des lèvres à ses dieux.

-Prenez garde à vous, en ville. Il ne fait pas bon être païen par les temps qui courent et croyez-moi, j'en sais quelque chose.

Une brève grimace douloureuse déforma ses traits un instant, et l'ombre de ses yeux donna un bref aperçu de la blessure qui lui avait été infligée..

La prêtresse avait pour réputation d'être froide envers tout le monde,
froide et hautaine. Pourtant, elle savait avoir la douceur et la
patience d'un ange en de rares occasions. Comme ici, par exemple. Elle avait vu la douleur dans le regard de la jeune femme alors que celle-ci semblait se remémorer un douloureux évènement de son passé.

La révérence de Morrigane la fit sourire. Son nom était un signe, un
présage de la déesse... Du moins Mélinda le prenait-elle ainsi.
Intriguée, elle questionna la jeune femme.

"Vous portez le nom de la déesse corbeau. Et vous avez reconnu mon appartenance. J'en déduis donc que vous êtes l'une des notres."

Un sourire bienveillant vint effleurer ses lèvres, mais il disparut bien vite. Elle expliqua à Morrigane ce qu'elle venait faire ici. Elle s'approcha d'elle et, à mi-voix pour que personne ne risque de l'entendre - les alentours étaient déserts, mais les arbres ont des oreilles - elle expliqua :

"Je suis ici pour faire changer les choses. Que ce soit en Avalon ou au coeur de l'Irlande celtique, le christianisme n'a pas sa place. Et celui qui fera changer les choses n'est pas encore né. Mordred ne peut pas changer les moeurs de tout un peuple impunément. Il se pliera à la volonté des dieux ou Morrigan se délectera de son sang."

Après ce discours plus qu'éloquent, elle recula de quelques pas, le sourire aux lèvres. Dans ses yeux pouvaient se lire la haine envers le tyran d'Orcanie, envers l'Eglise chrétienne toute entière, la soif de sang et la volonté de triomphe. L'essence de Morrigan à l'état pur.

Morrigane ne put retenir le sourire réjoui d'une petite fille à qui l'ont promet la lune.
Elle lisait dans les yeux de la prêtresse la même flamme qui l'animait autrefois. Conserver la tête haute, coûte que coûte, et faire de sa religion une fierté plutôt qu'une source de menaces.

-Alors je vous souhaite de tout coeur de réussir dans votre mission, ma dame.

La jeune femme fit une profonde courbette, telle qu'aucun roi, prince ou seigneur n'avait jamais pu lui arracher. Sa dévotion lui irait à elle, la servante de la déesse, plus qu'à son roi.
La barde d'ordinaire si fière et si rétive à toute forme d'autorité reconnaissait là la véritable puissance qui régissait sa vie.

-Trop d'entre nous ont souffert des persécutions des chrétiens.. et trop d'entre nous ont perdu espoir.

L'idéal de tolérance mutuelle qu'elle avait apprit auprès d'Agravain semblait bien loin..

Elle se mordit la lèvre à cette pensée, et baissa les yeux.

*Pardonnez-moi mon père, songea-elle. Car je vais vous trahir.*

Les paroles de la jeune femme firent frémir Mélinda. Alors s'en était déjà aux persécutions ? Les rumeurs n'étaient donc pas fausses ? La prêtresse ancra son regard dans celui de Morrigane en lui lança un sourire plein d'espoir.

"Tout ça changera bientôt, mon amie. Ce n'est qu'une question de temps. Pendant que les chrétiens répercutent sur nous les horreurs que leur ont fait subir les romains, la Très Grande construit sa vengeance."

Les augures lui avaient en effet prédit que Morrigan préparait la guerre et avait besoin d'une armée de fidèles suivants pour la mener à bien. Le regard de la belle sembla se brouiller un court instant alors qu'une pensée lui traversait l'esprit. Puis elle lança, comme pour elle-même, à voix basse :

"Dire que s'il n'y avait pas ces persécutions nous n'aurions pas à en arriver là..."

Elle était dévouée à la déesse guerrière, certes, mais Morrigan n'était pas la déesse sanguinaire dont on lui accordait l'image. Non, elle était la déesse de la Mort, mais de la Mort vient toujours la vie, et Mélinda savait que trop de morts pouvaient faire contrebalancer le poids du royaume des Morts. Elle craignait bien plus qu'une éventuelle guerre "sainte" de la part des chrétiens. Il fallait mettre un terme à tout ça, un point final. Et c'était elle que la déesse avait chargé de cette délicate mission. Et voilà que maintenant elle avait mis sur son chemin une convertie repentante affublée de son nom. Décidément, Morrigan était plus espiègle qu'il n'y paraissait...

La prêtresse sortit de ses pensées pour poser de nouveau son regard sur Morrigane. un regard déterminé, dur et froid.

"M'aideras-tu dans ma tâche ?"

Elle s'était maintenant mise à la tutoyer, c'était venu naturellement après la révérence de la demoiselle. Elle avait comprit à cet instant que la jeune femme lui serait dévouée. Et ça ne serait que bénéfique, pour toutes les deux.

Morrigane ferma les yeux un moment et resta silencieuse.

Ne valait-il mieux pas vivre avec un espoir vain que sans espoir du tout? Elle svait que c'était irréalisable à présent. Il était trop tard. Les païens reculeraient dans les brumes de leurs terres et ne seraient plus vivants que dans les marges de leurs bibles ou sous les masques de démons dont la chrétienté les avaient affublés.

Pourtant.. pourtant elle voulait croire à la promesse faite par la prêtresse... Malgré tout, malgré ses blessures, malgré les croix qui se dressaient toujours plus nombreuses dans les sources et les bosquets sacrés.

-Oui, ma dame, répondit lentement la jeune femme.

Son regard bleuté était dur et farouche.

-Je vous aiderai même si cela doit faire de moi une traîtresse au roi que je sers.

*Mais ne t'as-il pas trahie toi?*

La réponse de la jeune barde à la question de Mélinda fut une véritable bouffée de soulagement. Elle était prête à trahir Mordred pour vivre avec son idéal. Voilà qui était une preuve flagrante de soutiern inconditionnel envers la déesse. La prêtresse hocha la tête en souriant légèrement. Parfait. C'était parfait.

"Morrigan te récompensera de tes efforts et de ton soutien."

Elle sourit avec bienveillance à la jeune femme et posa un regard sur son corbeau. Sur sa propre épaule, Raven fixait son congénère sans bouger, les yeux grands ouverts. Mélinda laissa échapper un sifflement et Raven s'envola en direction de la ville.

**Je te retrouverai aux environs de la ville, mon frère.**

Elle était proche de cet oiseau comme rarement prêtresse ne l'avait été. C'était un peu son frère d'âme, du moins le considérait-elle ainsi. il lui était dévoué, et elle-même aurait donné sa vie pour ce corbeau. Comme toute dévouée à Morrigan le ferait, d'ailleurs...

Se rendant compte que son interlocutrice se dirigeait loin de la ville, Mélinda osa une question.

"Où te rends-tu, comme ça ? Tu quittes la cour du roy ?"

Elle-même comptait s'y rendre et se faire passer pour une jeune femme s'étant faite attaquer par des brigands. Ca fonctionne toujours, ça inspire la pitié et la plupart du temps les monarques sont piqués dans leur honneur lorsqu'on leur assure que leur royaume n'est pas sûr. un véritable jeu d'enfants que de se faire ainsi inviter au château...

Morrigane piqua du nez sur ses pieds comme une enfant prise en faute.

-Disons que je prend mes distances avec la cour. Une païenne n'a plus vraiment sa place dans un royaume chrétien, et j'en ai assez de devoir porter le symbole d'une foi qui n'est pas la mienne.

Elle releva les yeux et son regard se perdit dans les ombres des bois.

-Et puis cela fait trop longtemps que je reste au même endroit. Jamais je n'ai été aussi sédentaire de ma vie, et c'est une sentation qui m'est incroyablement désagréable.

Ce n'était pas une fuite... Ou alors une fuite en avant pour échapper à la menace..
Non; ce qu'elle désirait au plus profond d'elle-même c'était un peu de paix pour panser ses blessures. Ce qu'elle n'avait pas prit le temps de faire durant tout ce temps.. Même si ses cheveux avaient repoussé, même si elle avait passé des heures à refaire ses précieuses tresses, rien au monde ne semblait pouvoir effacer les meutrissures de son dos qui avaient presque effacé les arabesques de ses tatouages.

-Je désire juste un peu de repose au bout de mon voyage, murmura-elle. Revoir la mer, et me poser en terre païenne.

Mélinda était loin d'être stupide. Avant même que la jeune femme lui explique pourquoi elle quittait la ville - et probablement l'Orcanie entière - elle avait deviné qu'il lui avait été infligé maints supplices, plus horribles les uns que les autres. Après tout, on était pas païen impunément, par ces temps de terreur.

Même si Morrigane ne l'avait pas énoncé clairement, elle avait subi de nombreuses tortures avant de renier ses croyances. Mélinda en aurait mis sa tête à couper. En tant que prêtresse de la sombre déesse, elle se devait de redonner espoir et foi à ses fidèles. Et puis, la part encore humaine d'elle-même la poussait à réconforter la jeune femme face à elle...

"Tes bourreaux seront punis, ne t'en fais pas. Je peux immaginer ce que tu as traversé. Crois-moi, c'est la vérité."

Non, elle n'avait jamais été obligée de renoncer à sa foi à la suite de nombreuses maltraitances, mais les coups et autres violences volontaires, elle avait subi ça toute sa jeunesse. Aussi, son regard compatissant était on-ne-pouvait plus vrai. Cette fois-ci, elle ne simulait rien du tout. D'ailleurs, avec Morrigane, elle avait été sincère depuis le début. Cependant, si la jeune femme partait, comment Mélinda allait-elle faire pour entrer à la cour, connaître les manies et habitudes du roy ? Il fallait qu'elle restât. Impérativement.

"Je sais que tu veux partir d'ici le plus vite pour aller le plus loin possible. mais je te demanderais une seule faveur : reste avec moi, tu seras sous ma protection, la déesse t'aidera. Mais il faut que tu m'assistes... Accepte, au nom de Morrigan la Sombre !"

Elle devinait que la jeune femme se sentirait prise entre deux feux, après cette requête. D'un côté, la liberté, et de l'autre sa croyance. Choix difficile, mais Mélinda avait confiance. La décision de Morrigane serait la bonne, pour toutes les deux.

Cette fois Morrigane se mordit les lèvres jusqu'au sang.

-Je crains de ne pas vous être trés utile, murmura-elle en baissant les yeux à nouveau.

Elle voulait tant pouvoir fuir... Tout laisser, dés ce jour, tout laisser derrière elle comme elle l'avait si souvent fait.

Mais où était déjà sa promesse? Elle avait juré de l'aider, au nom de leurs dieux, au nom de ce qui lui était si cher; elle ne pouvait décemment pas la laisser entrer seule à Warminster...

La jeune femme releva la tête et eut un sourire espiègle.

-Cependant je vous aiderais, ma dame. Le château n'a plus de secrets pour moi, et si c'est une entrevue avec le seigneur Mordred que vous désirez, je puis vous y mener.

Sans toutefois se faire voir... Elle savait trés bien que si le roi avait vent de ses velléités de fuite, il mettrait tout en oeuvre pour la retenir.

Mélinda avait remarqué que la jeune femme face à elle avait du mal à se décider. C'était tout à fait naturel, d'ailleurs. Comment vouloir revenir dans un endroit où l'on a subi les pires souffrances ? Pourtant, sans que la prêtresse n'eut rien à ajouter, Morrigane, sans doute au prix d'un grand effort, déclara qu'elle resterait pour l'aider.

Voilà qui était agréable à entendre, aussi Mélinda gratifia la jeune femme d'un sourire sincère.

"Merci de ton soutien, Morrigane."

Avoir un entretien avec le roy Mordred, hein ? Voilà qui était intéressant. Cependant, Mélinda ne voulait pas l'aborder de but en blanc. Elle savait ce qu'elle risquait s'il apprenait qu'elle était païenne... Aussi, son idée était toute autre...

"En voyageant j'ai appris qu'il y avait un grand banquet au palais. Je pense m'y rendre sous une fausse identité, me faire apprécier de Mordred et mener à bien la mission que Morrigan m'a confiée..."

Simple à comprendre, non ? Elle comptait mentir au roy, le charmer, le mettre dans son lit et le manipuler, comme tout bon monarque l'a toujours été...

-Alors que votre mission soit couronnée de succès, ma dame.

Morrigane sourit et passa une main songeuse dans le plumage de l'oiseau sur son épaule.

-Mieux vaudrait nous mettre en route dés à présent, dit-elle doucement. Je vous montrerait la route mais je ne me montrerais pas. Si mon maître savait que je projette de partir vers Avalon je doute que la nouvelle lui fasse grand plaisir.

Elle fit quelques pas, songeuse, et dépassa la prêtresse. Elle avait presque hâte de s'acquitter de sa tâche pour enfin reprendre sa route.
Tournant résolument le dos au ruban tentateur de la route qui s'enfonçait sous les arbres, la jeune femme attendit patiemment que Mélinda daigne lui emboîter le pas.

-Bientôt, murmura-elle en posant ses lèvres sur le plumage de Nébu. Bientôt...

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