Suite et fin : Promenade au crépuscule

Niniane sentît que son hésitation n'avait en rien gêné le conseiller. Au contraire, celui-ci l'encouragea à appuyer ses gestes. Ce qu'elle fit avec un peu plus d'assurance se laissant embrasser et sentant ses doigts courir à la fois dans son dos et sur ses hanches.

La grande prêtresse, quant à elle, finit par poser ses doigts sur le torse de son amant et à glisser sa mains par les ouvertures de son vêtement. Tout doucement. Comme si elle cherchait à mémoriser chaque parcelle de sa peau.

Alors qu'elle avait passé ses doigts sous la tunique de Talbot, elle avait sentit la peau de ce dernier frissonner. Puis, la situation s'était inversée : Le conseiller avait ôté sa chemise et apparaissait devant elle, torse nu. Elle n'eût pas le temps d'ouvrir la bouche que celle-ci répondait déjà aux baisers que lui administrait le doulx amant tout en détachant la tunique qu'elle portait.

A son tour, elle frissonna, une sensation de plaisir qui se dirigea jusqu'à son ventre. Fermant les yeux, elle apprécia chaque instant.

Niniane se laissa dévêtir entièrement, regardant sa tunique tomber le long de ses longues et fines jambes. Après qu'elle eût été entièrement recouverte des baisers du conseiller, celui-ci la souleva de terre dans sa tenue d'Eve. Passant un bras autour de ses épaules, elle gardant l'autre contre sa poitrine et se laissa porter vers sa couche située au fond de la pièce.

Frissonnant, elle plongea son regard plein de désir dans celui de Talbot, comme si elle lui réclamait de la douceur et rien que de la douceur.

Une fois allongée, Niniane laissa le conseiller la rejoindre dans sa couche et échangea de longs baisers pendant qu'elle l'étreignait tendrement. Il continua à la caresser et elle fit de même, parcourant son corps de ses doigts fins. Puis, elle le regarda se redresser et tourner son visage vers la table de chevet où elle avait, précédemment, posé la bougie puis il souffla dessus les plongeant dans l'obscurité la plus totale. Le serrant contre elle, elle lui répondit :

« Je vous aime tant mon aimé !»

Plus tards dans la nuits, les deux tourtereaux endormis, le silence régnait à nouveau. Mais l'un d'eux semblait bien agité dans son sommeil, assaillit par un étrange songe. Talbot seul sur une route trainait un cercueil. A l'intérieur nul autre que son amour, Niniane. Il trainait cette carcasse de bois par delà les reliefs et les courts d'eau. Des voix venant de nul part et de partout à la fois résonnaient. Certaines l'encourageant d'autre l'agressant ou le défiant.

https://www.youtube.com/watch?v=_Gv7fo6mefo

- Je ne veux pas être ici…
– A cause de ma souffrance…

- Seul l’amour compte…
- A cause de ma maladie…

- Tu dois savoir à qui tu as à faire…
- Rien n’a d’importance…

- Comme un étranger il pourrait venir ici avec une arme…
- Je ne me suis pas comporté comme j’aurais dus…

- Et que ferais tu…
- Tout ce dont tu as besoin est autour de toi…

- J’ai pensé pouvoir contrôler ma vie…
- Le seul danger est en toi…

- Cette porte reste fermée…

- Il y a des choses que tu ne peut contrôler…
- Ceci n’est pas la réalité…


Cette dernière phrase résonna dans la tête du conseiller encore et encore jusqu'à le mettre à genoux. Talbot prit sa tête entre ses mains pour étouffer l’écho et les voix reprirent de plus belle.

- Et pourquoi…
- J’ai essayé de te justifier…

- Par où commencer à soigner cette blessure…
- Je ne peux pas me libérer seul de cette prison…

- Essai de rester en vie…
- Ceci est un regret …

- NON...
- Il est trop tard…

- C’est erreurs que tu as fait…
- Non tu devrais faire ça…

Talbot se sentit pousser dans le vide alors qu'il portait le corps de sa bien aimé à flanc de montagne

- Le plus grand regret de ma vie…
- Ne meurt pas…

- Que devrais je faire… Dit il en tentant de retenir tant bien que mal le cercueil.

- Ferme les yeux est détend toi…
NON...

- Quel plaisant cauchemars…

- Tout ce que tu doit faire c’est ouvrir les yeux…
- Je sent que je perd la tête…

- Tout ce que tu doit faire c’est ouvrir les yeux…

- Elle est à nous!

Cette fois ci Talbot ne pu retenir sa chute dans le précipice. Une chute interminable durant laquel une voix tentait en vain de le rassurer

La maladie de ce monde est en train de détruire tout les rêves. Les fous sont les rois. La course à la complication engendre la réaction. Le manque de cœur des hommes, je grandi loin du noyau.
Tu emprunte ce corps le temps d'une vie. La coquille retourne à la poussière.

Je me concentre sur le présent, attentif à ce que je trouve. Accélérant la vision loin de la malédiction du temps. Apporte la lumière à mon attention, les murs du vide tombent. Cette force grandi et me dit où aller.

Renforce mes sens, je comprends, je trouve la volonté de vivre droit. Je sens le changement, le cercle vicieux devenant vertueux. J'ai le monde entre mes mains.

C'est la peur de tomber qui nous garde de la compréhension. Le seul moyen de trouver la force et de regarder à l'intérieur. Accélère ta chute vers ton but et laisse cette rivière couler. Maintenant tu tiens ce secret loin du néant.
Souviens toi de ce que tu es, le centre de ta vie. Tu es arriver jusqu'a ce point personne ne peut te dire comment. Tu as ramper et saigner tout le long mais tu étais le seul qui as souffert par son âme, tu t'es finalement trouver.

L'impact se rapproche de plus en plus...

Dans la suite de la nuit, Niniane s’était endormie dans les bras de son aimé, sa longue chevelure rousse retombant en cascade sur son dos. Sa respiration s’était apaisée. Elle dormait à présent la tête contre son torse, lorsqu’elle sentît sous elle le corps de son compagnon prit de tremblements.

Elle fût réveillée en sursaut et, le regard encore embrûmé, chercha à tâtons la bougie précédemment éteinte qu’elle ralluma assez vite. Talbot était en sueur et remuait dans le lit comme pris de spasmes et murmurant des paroles presqu’incompréhensibles. Par réflexe, la prêtresse posa sa main sur son front et tenta d’entrer en contact avec son inconscient.

Elle fût alors projetée dans un monde de ténèbres où tout n’était que désolation. Au-dessus d’elle, le ciel était rouge sang cerclé de nuages noirs et épais. Toute la végétation était morte, aucun souffle de vent, aucun battement de cœur animal … Niniane en eût un pincement au cœur. Ainsi, ce dont avait parlé son aimé était sur le point de se réaliser.

Où était Talbot d’ailleurs ? Elle se tourna dans tous les sens pour l’apercevoir. Et appela son nom qui s’engouffra comme un souffle de vent :

« Mon aimé … »

Au loin, elle aperçut une silhouette solitaire trainant quelque chose derrière elle. Elle se rapprocha. Du moins, elle tenta de se rapprocher et reconnût Talbot. Son amant semblait avoir pris vingt ans d’un coup tant son visage était tiré par la fatigue et_à sa grande surprise_le désespoir.

Tout à coup, autour de lui, des formes noires se dressèrent. Des formes qu’elle seule voyait à cet instant. Elles tournaient autour du conseiller comme des vautours cherchant à dérober ce que l’homme trainait derrière lui. Elle se rapprocha et fût prise d’un haut-le-cœur lorsqu’elle découvrit le contenu du cercueil. Car, dans cette boite, c’était elle-même qu’elle voyait. Les yeux clos, le visage apaisé, elle semblait dormir. Pourtant, aucun tressaillement ne vint faire frémir sa tunique.

Morte … Elle était morte ….

Comme si son corps l’avait décidé avant son esprit, elle s’adressa à Talbot :

« Mon aimé ! Reviens-moi ! »

Niniane avait toujours le regard fixé vers son cadavre. Elle observait Talbot qui serrait fortement son corps contre le sien, hurlant de désespoir :

« Niniane, ho mon amour, sort de ce lourd sommeil qui te tien loin de ton amant meurtrit. »

Soudain, elle se sentit comme aspirée à l'intérieur du rêve de son doulx amant, vers ce corps sans vie qui gisait sur le sol. Elle ne fit soudain plus qu'une avec elle-même, reprenant son souffle face au conseiller. Bien sûre consciente qu'il ne s'agissait là que de son subconscient, ce phénomène l'effraya. La Niniane-esprit ouvrit les yeux vers Talbot et murmura :

« Je suis en vie, mon amour ! Réveilles-toi ! »

Niniane continuait à lutter pour que son amant lui revienne. De là où elle était, elle l’appelait pour le tirer des abîmes dans lesquelles il s’était enfoncé. Talbot appela sa belle, celle-ci l’écouta :

« Niniane, ma belle, quel piètre protecteur je fais. J'ai échouer dans ma tâche. Tout ces démons ont eut raison de moi. »

Elle le regardait, désirait le toucher :

« Non mon tendre ami ! Ceci n’a pas eu lieu et n’existera jamais ! Ce que vous avez vu n’est qu’une image d’un futur que nous pouvons éviter. Prenez ma main, mon aimé ! Je vous ramène dans l’autre monde ! »

La prêtresse tendit sa main vers le conseiller. Sa peau, jusqu’alors translucide, se matérialisa dans l’esprit de Talbot. Elle apparût à son amant tel un ange descendu du ciel, pourtant bien réel .

« Vous voyez bien, mon tendre, je suis ici ! Partez donc avec moi hors du pays des songes ! Repartons ensemble construire un autre avenir ! »

La prêtresse serra doucement la main de son amant dans la sienne et l’attira vers lui. Le corps du conseiller était gelé par la peur que constituait l’eau des abîmes de son songe. Elle le serra contre elle. Lui, leva son regard vers la jeune femme :

« Mon amour je vous suivrais n'importe où pourvu que vous soyez toujours en vie. Menez-moi vers un endroit où je pourrais à nouveau sentir la chaleur de votre corps emplir mon âme de joie. »

Pour unique réponse, elle rapprocha son visage du sien et déposa un baiser sur ses lèvres. Puis, les ténèbres autour d’eux s’estompèrent et le seul noir qu’ils trouvèrent fût celui de la chambre, plongée dans l’obscurité la plus totale. Rien n’avait changé dans la pièce. Le jeune couple dormait maintenant paisiblement l’un contre l’eau le corps cependant secoué par moments de tressautements de peur.

Niniane, endormie, sentit que son aimé se rapprochait d'elle par la chaleur qui se propagea dans tout son corps. Les traits de son visage se détendirent et elle repartit paisiblement pour les limbes du sommeil, jusqu'au lendemain matin.

Le soleil qui brillait à travers les carreaux de la demeure de la prêtresse à la peau de lait, vint chatouiller sa peau, faisant cligner les paupières de la belle qui se retourna pour se cacher de la lumière aveuglante. Elle pressa son visage contre le bras de Talbot alors encore étendu à côté d’elle. Les émotions de la nuit l’avaient épuisée. Des images de peur se succédèrent encore dans son esprit qui vacillait à présent entre sommeil et éveil.

A tâtons, la jeune femme chercha le bras de son doulx amant pour se persuader qu’il était encore à ses côtés. Après cette nuit, elle se sentait liée à lui plus que jamais. La prêtresse cligna des yeux ; ouvrit une paupière ; puis l’autre et ramena sur son corps nu un des draps de sa couche. Elle se releva sur l’oreiller, contemplant son amour qui avait l’air soucieux. Puis, comme pour se persuader que l’un comme l’autre, ils étaient bel et bien vivants, elle se glissa jusqu’à lui et vint se poser près de lui, hanches contre son dos, l’encerclant tendrement de ses bras et posant son menton dans le creux de son épaule.

Talbot s’éveillait enfin. Niniane, rassurée, caressait doucement ses épaules afin de vérifier qu’il était bel et bien réel. Le cauchemar de la veille l’avait plus qu’affectée.

« Suis-je déjà arrivé au paradis? Un ange vient me faire l'honneur de se blottir contre ma personne. », avait dit le conseiller un sourire aux lèvres, ponctuant sa phrase d’un long baiser qu’elle lui rendit avec amour, caressant sa joue avec douceur.

« Ceci n’est point encore le paradis mon aimé ! Je vous ai juste ramené à mes côtés car votre absence eût été une cruelle souffrance ! »

Elle ramena les draps sur eux-deux.

« Vous avez fort raison, la nuit a été fort éprouvante pour nous deux ! Mais promettez-moi une chose ! », dit-elle en le regardant avec sérieux.

Alors qu’elle le regardait avec sérieux pour capter son attention, le conseiller fit de même, preuve qu’il la comprenait sans qu’elle n’ait besoin de beaucoup se prononcer :

« Promettez-moi de ne jamais me quitter ! Sans vous, je dépérirais … »

Et elle se blottit une nouvelle fois contre lui, cherchant le réconfort dans la chaleur de son corps. La déesse avait désiré qu'elle tombe amoureuse. Aussi devait-elle s'attendre à ce que son amour subisse mille embûches.

A présent, le conseiller couvrait la prêtresse de baisers, apportant chaleur et réconfort à son être malmené. Il était apparût dans sa vie l’histoire d’une soirée et depuis, ne l’avait, plus quittée. Sa présence la rassurait, la rassérénait. Elle tourna la tête vers lui alors qu’il lui posait une nouvelle question :

« Dame Niniane pensez vous que notre amour puisse être la volonté de forces qui nous dépasse? »

Niniane prit la main de Talbot et la couvrit d’un baiser. Elle avait toujours pensé que leur amour avait été décidé puis commandé par des forces supérieures. Comme il en est souvent le cas de l’amour de chacun. Peut-être que cela avait toujours été son destin que de s’allier à Talbot. Dans ce cas, les esprits n’avait pas mal choisi, pensa-t-elle.

« Je ne saurai vous répondre à cette question, mon aimé ! Je puis seulement vous dire que la Nature ne doit pas être étrangère à ce fait ! »

Talbot réfléchit un instant à l'idée qui lui trottait dans la tête depuis la veille. Il se ressaisie et regarda à nouveaux les yeux ravissant de Niniane.

Dans ce cas je pense qu'il serait judicieux que vous m'initiez aux rites et croyances qui vous guides.

Talbot avait passer sa vie à rester éloigner des religions qu'il pensait être source de conflit. Et maintenant pour l'amour d'une femme il allait renoncer à ses principes.

Je veux tout savoir mon amour. Afin que ceux qui ont décider de nous unir n'ai aucune question sur la sincérité de notre engagement. Nous seront la fusion de leur volonté. Je ne peux m'engager partiellement.

Niniane considéra longuement le conseiller qui partit en réflexion puis replongea à nouveau son regard dans le sien, les yeux pétillants d’une idée nouvelle :

« Dans ce cas je pense qu'il serait judicieux que vous m'initiez aux rites et croyances qui vous guident. », annonça-t-il très sereinement.

Cette nouvelle étonna la jeune femme mais, au lieu de la frustrer la ravit au plus haut point. Ainsi, il serait lié à elle plus que jamais. Un tas de questions trotta cependant dans sa tête : Pouvait-elle initier un athée aux rites de l’ancienne croyance ? La déesse voudrait-elle bien de lui ? Et si ce n’était pas le cas, qu’adviendrait-il de lui ?

Niniane passa la main dans ses cheveux. Une solution trottait dans sa tête. Elle savait que c’était celle que lui insufflait la déesse à ce moment précis. Mais, Talbot l’apprécierait-il ?

« Il existe bien une solution … », annonça-t-elle, les yeux pleins de mystères.