[ Les jardins ] Promenade de la reine et sa suite.

Ophélia avait recouvert sa bonne humeur, dès l'instant où elle fut sortie de la salle d'audience où son époux, le roi Mordred, reçevait le conseil familiale. Tout soucis s'était évaporé tandis qu'elle replongeait dans son monde peuplé de fées illusoires et de chimères.
Son entretient avec Nicolas Florin, le responsable des âmes en son royaume, l'avait changé. Du moins, le croyait-on. Elle ne parlait plus du seigneur Mckeith ni ne pleurait en pensant à lui. Ophélia ne laissait parraître qu'une morosité grandissante habituellement suivit d'une joie enfantine, parfois démente. Comme celle qui avait séduit Mordred à leur toute première rencontre.
Dieu l'avait choisit pour régner à ses côtés. Il avait tout d'abord rappelé son tout premier époux auprès de lui, le jour même de leur époussaille. Puis lui avait volé l'écossais. Elle était désormais seule... seule avec ce petit être qui grandissant en elle.

La lumière du soleil caressait le velours blanc de la peau d'Ophélia, illuminant par le fait même sa chevelure de feu, ornée d'un mince diadème d'or et d'une fleur de nénuphar blanche. Vêtue d'une simple robe verte, lacée au dos par un mince ruban de soie, l'épouse du roi ressemblait à une jeune nymphe qui portait le fruit de la terre en son sein.
Après une courte ballade parmis les fleurs et les papillons, la douce Émeraude avait opté pour une excursion sur les eaux de la rivière peu profonde situé à moins d'une lieue du château royal. La belle était accompagnée d'un homme armé et de deux dames de compagnie. Certaines jeunes nobles, trouvant la folie légère de la reine remplit de sagesse et de délicatesse, s'étaient jointes à elle mais, pour cause de peu de place dans la petite barque, étaient demeurées sur la rive à brodé et à discuté tout en dégustant de petites merveilles au miel.

La barque passa sous un arbre qui poussait à même la calme rivière.

- Oh! Quelles sont magnifiques!, s'extasia l'une des demoiselles qui accompagnaient sa bien-aimée souverraine, en désignant l'une des grappes de fleurs mauves.

Le garde se leva, en prenant soin de ne pas faire chavirer l'embarcation, afin de se saisir de l'une d'entre elles. Il y arriva sans mal. Et c'est d'un amical baiser sur la joue qu'il fut récompensé par sa belle...

Ophélia avait appuyé son menton contre le rempart de la barque, laissant trainé ses doigts délicats à la surface de l'eau, laissant ses pensées voyager avec les ondes qu'elle créait.

- Ma Dame... Ma Dame... N'est-ce pas notre bon souverain, là bas?, annonça une voix familière.

La reine leva son regard d'un vert pâle vers la berge, là où quelques cavaliers aux armes du roi s'approchaient au galop de leur monture.

- Ah, certe Bérénice... Il s'agit bien des hommes de mon époux. Allons l'acceuillir comme il se doit! Garde! de grâce, portez moi dans les bras aimant de mon époux.

Ceci dit, ceci fait. L'embarcation royale se dirigea vers la rive, là où l'attendait déjà celui qu'elle avait trahit. À peine furent-ils accostés que la reine se jetait hors du navire. L'eau lui arrivait aux hanches, mais celle-ci ne sembla pas le remarquer. Un sourire aimant et les yeux brillant, elle alla à la rencontre de son époux.

- Ah! Messire! Vous m'avez fait languir...

Aylla avait suivie Dame Ophélia. Ce qui pour une suivante semblait tout à fait ordinaire. Elle appréciait beaucoup sa maîtresse et sa joie de vivre. Quoique depuis quelques temps celle ci sembait se ternir légérement. Comment aurait il pu en être autrement ? Les derniers événements avaient de quoi bouleverser n'importe quelle femme, mariée à un roi et amoureuse d'un amant. Aylla avait été désolée, même révoltée de voir la reine pleurer toutes les larmes de son corps. Elle ne savait plus quoi inventer pour lui faire penser à autre chose. Alors de la voir si joyeuse en ce jour la ravit au plus haut point. Autant que de la voir se jeter dans les bras de son mari. Durant un instant Aylla était restée accoudée à la barque, le menton dans sa main, un sourire rêveur flottant sur ses lévres et s'était adressé aux gardes :
- Ils forment un beau couple vous ne trouvez pas ?

Comme une autre dame de Compagnie riait, Aylla ne put s'empêcher de lui lancer d'un geste taquin un peu d'eau. Une bataille d'eau générale commença dans la barque jusqu'à ce que le garde se racle la gorge plus fort qu'à l'accoutumé. Aylla réalisa que le souverain les avait peut être vues et qu'il était inconvenant de ne pas le saluer. Elle fit donc enmener la barque sur la rive et en sortit comme à son habitude sans attendre la main du garde et lestement en s'adressant à lui avec un sourire espiégle

- Garde, pouvez vous nous attendre ? Nous continuerons notre promenade une fois que nous aurons salué sa Majesté

Elle rit
- Je suis sure que grâce à vous le calme régnera sur notre embarcation!

Elle remit un peu d'ordre à sa tenue et fit une grâcieuse révérance sans se départir de son sourire.
- Je vous souhaite le bonjour Votre Majesté!!

Aylla pensa à quel point il serait agréable de se prélacer au soleil avec sa et aprés avoir engager une bataille d'eau une fois les salutations d'usage terminées.

Avec les préparatifs de la guerre, les initiatives diplomatiques ( officielles ou non), la gestion du royaume, le sort qu'il convenait d'appliquer aux détenus et surtout à Vohan, les journées du Roi Mordred étaient fort chargées ...
Aussi quand celui ci put enfin se libérer afin d'aller rejoindre son épouse aux jardins, il n'hésita guère a confier à ses proches conseillers l'achèvement de certains travaux et alla se délasser ...
En effet après la réunion de famille qui c'était tenue en la salle du trône, avec pour principal sujet abordé la situation aux Orcades, le Roi avait ensuite dût s'acquiter de deux autres obligations ...
Il avait en effet reçu ses principaux conseillers pour évoquer le châtiment à infliger aux prisonniers (hj : topic à venir ), puis convié les principaux artisans ( Erwana, Petrus et Pat Roach ) de la capture des ennemis de l'Orcanie ceci pour leur annoncer ou officialiser leurs récentes promotions ...
Ce n'est donc qu'après l'accomplissement de ces différentes taches que Mordred prit le chemin des vastes jardins du palais, escorté par sa garde personnelle ...
Le Roi esquissa un léger sourire lorsqu'il vit Ophélia sauter dans l'eau afin de pouvoir l'accueillir le plus vite possible ...
Il avança sans tarder à sa rencontre et l'embrassa avec fougue ...
Mordred considéra les personnes présentes en ce lieux de son regard pénétrant et impérieux, puis s'attarda plus particulièrement sur une jeune suivante qui vint le saluer avec déférence ...
Le Roi réagit aux propos de la Reine qui sonnaient commes un reproche ...

- Pardonnez moi très chère ...

Les affaires du royaume, qui ne souffrent aucun délais de traitement, m'ont tenu trop longtemps loin de vous ! ...

J'aurais à coeur de me racheter, ma reine ...


Mordred revint à Aylla et demanda à son épouse :

- Qui est donc cette charmante damoiselle, mon amie ?! ...

C'est, il me semble, la première fois que je l'apperçoit à vos côtés ...

Ceci dit, le jeune souverain adressa un sourire cordial quoiqu'un peu autain à la nouvelle venue ...

- Il s'agit de l'une de mes suivantes, mon seigneur!, déclara Ophélia avec une fierté enfantine. Connu sous le nom d'Aylla. Elle est à mon service depuis un moment déjà! Mais vous m'accordez tant et tant de domestiques que vous-mêmes ne parvenez pas à les recconaître! Cette dame et moi avons en commun une toute particulière occupation... celle de jouer de la harpe! Elle me fait parfois la lecture! Que j'adore ces soirées passé dans la salle commune des dames, à me prélasser et à m'extasier auprès de mes sujets!


La reine poussa un soupire rêveur en se remémorant ce petit péché qu'elle se permettait peut-être trop régulièrement. Personne ne lui reprochait cependant, puisqu'elle portait en son sein l'avenir du royaume.

L'Émeraude lui sourit avant de se réfugier dans la prison de ses bras, la tête posé contre son torse.

Le geste plein de tendresse de la Reine combla d'aise le si passionné et possessif Mordred ...
Mais celui ci ne pût s'empécher de ressentir dans le même temps un très vague et très diffus sentiment de malaise ...
Le Roi aimait encore son épouse, cependant les derniers évènements avaient laissés des traces et le poison qui avait été alors distillé avait causé des dégats quasi irréparable ...
La passion originelle s'était désormais éteinte et l'enfant à naitre, qui devrait rapprocher les deux souverains, ne verrait pas le jour avant plusieurs mois ...
Aussi la relation entre Mordred et Ophélia était, dès lors, davantage fondée sur les convenances et l'apparat, la comédie des apparences que sur des sentiments réels et sincères ...
Néanmoins les souvenirs communs des deux êtres réussissaient encore, malgré tout, à entretenir un semblant d'affection ...
Liens fragiles tissés dans un passé pas si lointains, reflet d'un bonheur intense mais fugace, presque révolu ...
En réponse à la douce étreinte de l'émeraude de Warminster, le Roi embrassa tendrement son épouse sur le front et s'extrayant lentement des jolies bras d'Ophélia, considéra avec curiosité et amusement la suivante de cette dernière ...


- Je vois ...

Et bien ma chère, que diriez vous d'une promenade dans les jardins ? ... Votre suivante pourrait aller quérir son instrument et agrémenter notre conversation d'une agréable mélodie ! ...

Qu'en dites vous, mon amie ?! ...

Une vague de tristesse, bien que passagère, envahit les traits légers de la reine. Celle-ci avait saisit depuis un long moment le malaise de Mordred. Il lui en voulait, et avec raison. Et elle également, se sachant malgré tout dans l'erreur. Elle le suspectait de vouloir se débarrasser au plus tôt de sa personne... dès que leur enfant sera de ce monde. Ainsi, priait-elle, jour et soir... et même parfois la nuit.

Néamoins, elle lui était reconnaissante de cette proposition. Demeurer cloîtrer dans ses appartements, la journée durant, l'ennuyait. Elle aurait aimé se laisser dépérir, mais trouvait espoir et bonheur en voyant ses malaises physiques dût à sa grossesse s'écarter... et l'espoir grandissant de voir un jour cet enfant à naître. À cette époque, la fatalité frappait réguilièrement les enfants en bas âge ainsi que ceux n'ayant pas encore vu le jour.

Ophélia porta la main de son époux à ses lèvres et y posa un baiser empreint de respect et de gratitude.

- S'il sied à Sa Majesté... ,prononça t'elle, tout en s'inclinant à demi.

Le couple royal s'était instalé sur un simple banc de pierres, au milieu des jardins luxuriants du palais ...
Quelques dignitaires de la cour et plusieurs soldats entouraient les souverains ...
Leurs faisant face, dame Ayla et d'autres suivantes régalaient leur auditoire d'une douce et joyeuse mélodie ...
Fait amusant, les oiseaux peuplant les arbres fruitiers des jardins semblaient répondre à la musique et aux voix qui s'élevaient et envahissaient peu à peu ces lieux ...
Mordred, était plus que charmé par la mélodie et n'était pas faché d'oublier pour un instant les affres de sa fonction et les nombreux problèmes qui semblaient l'assaillirent chaques jours davantage ...
Le jeune Roi considéra Ophélia et esquissant un léger sourire, prit sa main dans la sienne et la serra affectueusement ...
Il reporta ensuite son regard sur les musiciennes, tout en maintenant sa douce étreinte ...
Mordred observa un instant Ayla ...
Cette suivante, dont il se rappellait l'existence, était d'une fidélité, d'une discrétion à toutes épreuves et semblait réelement affectée par les tourments frappants la Reine ...
Attention qui était rare à la cour, qui ne comptait surtout que des courtisants aussi avides que miéleux ...
Voilà un bon élément sur lequel Ophélia pourrait toujours compter et même s'appuyer ...

Revenant à la Reine, Mordred embrassa tendrement son épouse sur la main qu'il continuait à tenir dans la sienne et lui murmura quelques mots ...

- Ophélia ...
Pardonnez moi mes erreurs et mes errements et ... repentez vous de vos péchés ...
Vous m'avez offensé, mais je vous absous ! ...
An nom de notre enfant en devenir et ... pour le bien du royaume ...
Je ... je vous aimes toujours ...

Le Roi se tût, baissa les yeux, puis fixa de nouveau le groupe de suivantes devant eux ...
Tandis que de légers murmures résonnaient autour du couple royal ...

Mordred, transporté par l'ambiance magique qu'emmenait des chants, s'empara de la main de sa douce. Puis il la baisa. Les paupières de la reine s'abaissèrent, savourant ce savoureux contact. Un long frisson parcourut l'échine de la reine. Elle ne s'eut pas si cette réaction était du à un profond dégoût ou au désire et à l'amour qu'Ophélia portait encore à son époux.
Quoi qu'il en soit, elle regrettait amèrement sa faute. Elle ne pouvait nier avoir aimé et éprouver toujours quelques sentiments pour son amant. Mais sa place était aux côtés du souverain de Warminster.

Son pâle regard s'ouvrit brusquement sur le monde alors que Mordred lui avouait sa passion. La lumière pénétra dans son regard, rendant l'iris de ses yeux encore plus merveilleux. Il palit et chaque paillette, qu'elle soit d'émeraude ou d'or, était maintenant perceptible. Elle ne s'eut que penser de cette aveu. Il l'aimait encore... et il était indéniable qu'elle ressente encore quelques attachements, bien qu'il fut le bourreau de celui qu'elle avait aimé avec passion... Cette passion même qui l'avait conduite à pécher! Non... Certe... Elle devait s'en repentir. Mais persuadé qu'elle l'aimait toujours était une autre histoire... L'aimait-elle seulement encore?

Ses délicieuses lèvres s'étirèrent en un rictus bien heureux.

- Ah! Votre Majesté!, dit elle en posant une main délicate sur la joue de son roi. Vos paroles me semblent encore plus chaude à ressentir que la douce caresse des rayons du soleil. J'ai été bien sotte, en effet, et je désire me repentir de mes erreurs. Mais je ne puis malheureusement effacé mes erreurs, le passé étant impossible à modifier. Vous me regarderez toujours, en pensant à l'acte abominable que j'ai commise. Vous poserez votre regard bienvaillant sur votre héritier et y trouverez peut-être quelques prétextes pour croire qu'il... n'est point comme vous. Vous trouverez quelques excuses, peut-être, pour me reprocher silencieusement cela... Et vous croirez que cet enfant n'est peut-être pas... le vôtre. Sans jamais posséder une exact certitude.

Après tout... cela était vrai. Comment Ophélia avait-elle pu être sotte à ce point? Croire que cet enfant venait de Vohan! N'avait-elle pas partagé la couche de deux hommes, pendant une même semaine? Cette petite poussière de vie, qu'elle portait en elle, était peut-être l'enfant de Mordred.

- Mais je vous aimes, mon cher ami. Malgré nos disputes, malgré nos erreurs, mon coeur est à vous. Le blâme me revient, entièrement. Jamais plus je ne commeterai d'aussi sottes erreurs...

Alors que Aylla et ses consoeurs attaquaient une nouvelle chanson, cette fois ci consacré au chef arverne, celui qui osa résister à la puissante Rome, Mordred n'écoutait plus que la douce petite mélodie d'Ophélia ...
La douceureuse complainte de la contrition et du repentir, suivis d'un couplet sur la confiance retrouvée et l'amour renaissant de ses cendres ...
Le Roi ne chercha point a jauger le degré de sincérité de son épouse et se persuada que tout pouvait recommencer, comme avant, un passé pas si lointains ...
Mordred trésaillit de plaisir en sentant la petite main de la Reine venir effleurer sa joue : quelle agréable sensation ...
Il se saisit de nouveau de sa main et l'embrassa, puis lui caressa à son tour ses délicates joues roses, s'attardant ensuite sur son adorable petit menton ...
Les lèvres royales ne tardèrent point a entrer en contact avec celles de l'émeraude ...
Puis la regardant avec passion :

- Je vous pardonne, je vous crois et ... je vous sais de nouveau sincère ! ...
Je vous fais confiance ...
Cessons de nous tourmenter avec le passé ! ...
Et je vous assure que ... je changerais ! ...
Je changerais pour vous complaire ...

Mordred considéra ensuite sa douce avec affection, mais grimaça en réalisant ce que chantait Aylla et ses amies ...
Comment ? ...
On osait glorifier devant lui le héros de la Gaulle pour mieux dévaloriser le grand César, l'une de ses idoles ?! ...
Que cela ne tienne : le Roi se leva et tappa dans les mains ...

- Damoiselles !! ...
Veuillez s'il vous plait jouer un air plus romantique et ... entrainant ! ...
Car ... le Roi danse ! ...

Ceci dit, sur un coup de tête, Mordred insita Ophélia a se relever et lui glissa :

- Voulez vous ma chère ?! ...
Juste une danse ...
Mais aidez moi, j'ai bien peur de ne point m'y connaitre suffisamment ...
Heu ... Comment s'y prend t-on ? ...

Attitude touchante et cocasse d'un Roi plein de bons sentiments ( pour sa femme ), mais point toujours très dégourdis ...
La rigidité étant l'un de ses principaux traits de caractère ...
C'est donc pas très assuré que Mordred invitait sa chère épouse à faire quelque pas de danse ...
Si celle ci avait pût conduire à sa place, cela l'aurait arrangé ...

Ophélia lui avait offert l'un de ses plus tendres baisers et s'était détaché de lui avec peine. Elle était heureuse. Son coeur palpitait sous sa jeune poitrine et chantait comme un rossignol après la pluie. Mordred lui avait pardonné. L'homme qu'elle aimait la tenait à nouveau dans ses bras et lui prommettait d'oublier ses erreurs... et les siennes.

L'Émeraude de Warminster, le rose aux joues, fut entrainé par son époux sur l'herbe. La reine savait très bien danser cependant... le pourrait-elle avec ce ventre qui la gênait en compagnie d'un homme qui ne possédait aucun talent et aucun savoir en la ce qu'il proposait de faire.

- Eh bien, messire...

( a suivre )