Bureau de Florin

Nicolas Florin pénétra non pas par la porte qui menait à la chapelle, mais par une autre qui devait mener à ses appartements.

Entre temps, le jeune Amadeo, beau comme un ange mais aussi silencieux qu'une tombe délabrée, avait installé confortablement le prince parmis une multitude de coussins finement brodé de fils d'une multitude de couleurs exotiques.

- Ah! Son Altesse! Nous vous souhaitons la bienvenue dans notre humble bureau...

Et ceci dit sur une bonne hurmeur qui ne lui était pas coutume! Étrange...
Il prit place en face de son invité, apparement ravis de le voir aussi tôt.

- Encore un peu de vin de Rome?

, lui proposa t'il avant de s'en verser lui-même un verre.

Florin avait l'air ravis de le voir, mais Émerick avait une tout autre opinion des choses. Le jeune prince se contenta d'un mince sourire en signe de réponse puis attendit que son interlocuteur parle.

Lorsque celui-ci lui proposa une coupe de vin, Émerick répondit avec entrain.

" Je serais un piètre invité si je refusais ... Alors, j'eaccepte la proposition du vin, de plus, ne dit-on pas que le vin de Rome est le meilleur ?"

Il tentait vainement de dérivé la conversation sur un autre sujet, mais il savait bien que s'était perdu d'avance. On disait qu'il fallait se méfier de Florin et c'est ce qu'Émerick avait l'intention de faire.

" je suis venu dès que j'ai reçu votre missive, monseigneur ... Pourrais-je savoir quels points devons-nous éclaircir ?

L'évêque, courtois comme il se devait de l'être avant d'entreprendre le délicat sujet pour lequel il avait fait venir le prince, remplit de nouveau la coupe de son invité.

« [...] ne dit-on pas que le vin de Rome est le meilleur?»

Un bref rire, sous forme de soupire, indiqua l'hilarité du représentant du Saint Père en Orcanie. Qu'espèrait donc ce jeune imbécile? S'attirer les bonnes grâces du puissant seigneur qu'il était (quoi que cela lui eut été utile!)? Dissimuler son trouble derrière une façade de gentilhomme?

Mais apparement, cet inexpérimenté de la vie n'avait utilisé qu'une façade, aussi brève fut-elle pour ne pas s'attirer la disgrâce de Florin. Néamoins la brutalité avec laquelle Sire Émerick emmena le sujet le vexa. Un monarque, aussi petit fut-il, devait contenir son impatience... maîtriser ses nerfs!

La commissure des lèvres de l'évêque s'affaisa ( Hj: Ouf! Son visage était sur le point de fendre ).

Parfait... S'il le désirait! Florin le conduirait droit au but.

S'écrasant dans la masse volumineuse de coussins, l'évêque prit une attitude des plus sérieuses. Son regard d'un gris d'acier était soudé à celui du prince.

- Êtes-vous bon chrétien, mon prince?

Émerick prit la coupe de vin que lui donna l'évêque et bu une petite gorgé, en soutenant le regard de Florin.

Il n'était pas question de se laisser impressionner par qui que ce soit et surtout pas par un évêque qui vous envoie une missive dès que vous voulez épouser une femme.

Le sujet de la missive avait beaucoup chqué le jeune prince, amsi avec Florin, il prit une attitude de légèreté.

Lorsque celui-ci lui demanda s'il était un bon chrétien (Hj: ou crétin ? ), Émerick avala son vin de travers. Comment osait-il lui emander cela alors que le jeune prince se devait montrer l'exemple pour son peuple...

" Bien sûr que je suis un bon chrétien ! Je m'éfforce de montrer l'exemple à tous ceux que je gouvernerai !

Mais , si vous me le permetez, je ne vois aucun rapport avec l'objet de votre missive, monseigneur. POuvez-vous, je vous en prie, ne pas passez par quatres chemins et me dire ce qui se passe ? "

Il s'accota le dos sur un cousin, et tenta de se calmer, bien qu'il n'était pas énerver que cela. Seulement il était un peu impatient ...

Nicolas ne connaissait que très peu ce seigneur ami du roy. Il ne s'était entretenu qu'en de rares occasions avec lui...
Sa réponse le choqua d'avantages. Comment osait-il?

- J'ai ouï dire par des sources sûres que votre désir était d'épouser - pardonnez le terme que j'utiliserai mais qui convient à la situation - un souillon.
Bon sang, Émerick! Cette enfant n'est point noble! C'est une servante...! Une simple catin! Croyez-vous qu'elle vous aimes pour vous? Ne croyez-vous pas que pour elle, vous n'êtes qu'un sauveur?

Émerick déposa sa coupe sur une petite table non loin puis se facha. Comment lui osait-il se mêler des affaires des autres ?

" Et bien, je vois que vous avez une source fiable car oui, j'ai la ferme intention d'épouser ce que vous qualifier de "souillon ".

Ce n,est ps une catin et qu'elle ne sois pas noble n'a aucune importance pour moi ... Je sais qu'elle m'aime et en retour, je l'aime aussi ...

je suis peut-être son sauveur, mais je sais qu'elle m'aime réellement, alors je vous serais gré de ne point l'insulté "

Il respira un peu, tentant de retrouver son calme. Il pensait à gwen et cette qualification de "souillon " l'avait dégouté car Gwen n'était pas un souillon, loin de `là

" Je demanderai au roi de l'anoblir et je l'épouserai ..."

La réaction à laquelle il s'attendait l'ennuyait grandement.
L'évêque bailla.

- Veuillez prêter une toute particulière attention à ce que je vous direz. Il m'est possible, en un claquement de doigt, de vous placer sur un bûcher et de faire consumer votre chair. Il est en mon pouvoir d'envoyer votre âme souffrir pour l'éternité en enfer.
Asseyez-vous, pauvre sot et calmez vos ardeurs adolescentes!
Vous êtes un monarque... usez donc de votre patience!

Amadeo refit son apparition mais ne dérangea point l'entretien. Discrètement, il se contenta de placer un document sur le bureau de l'évêque... et disparut à nouveau.

- Je ne conteste pas vos épousailles avec cette femme de moindre rang. L'amour rend aveugle, c'est un classique. Et, en tant que premier conseiller de Sa Majesté, j'eu cru que mes conseils auraient pu vous être précieux.
Par exemple, je vous aurais plutôt offert d'épouser une dame de haut rang qui vous permetterait d'accroître vos richesses, d'élargir voetre territoire ou bien afin de contracter une précieuse alliance... Et conservez la jeune et jolie servante comme demoiselle a qui vous offrirez des privilèges.
Si vos sentiments savèrent sincères auprès de votre fiancée jamais vous n'aurez besoin du péché de la chair.

Émerick tentait bien que mal de garder son calme et de respirer profondément. Il ne voulait certes pas finir sur un bûcher et que l'on repende ses cendres partout, non, ce n'était pas son choix de vie.

" Veuillez m'excuser, seulement, je ne tolère pas le manque de respect envers les autres.

Ce que vous dites serait une soluition envisageable, mais je n'ai pas le droit de l'acceptée . J'ai juré sur mon honneur qu'il n'y aurais qu'elle dans ma vie et j'entends bien respecté ce serment ...

Je suis un homme de parole, Votre Éminence, je ne veux pas faire souffrir cette demoiselle ... "

Il se tut un instant puis ajouta :

" Il est aussi hors de question que je prenne pour épouse une autre femme et que je traite celle que j'aime vraiment, tel un vulguère objet de plaisir, c'est immonde comme comportement ..."

- Et pourtant, c'est le comportement de bien des hommes!
Ce que je dis est la meilleure solution. Un souverain doit savoir faire des sacrifices pour le bien de son pays, quitte à bafouer sa parole auprès d'une unique sujette.
Je ne vous encourage point du tout à mentir, mon seigneur. Mais parfois, péché par devoir devient une obligation. Mais si vos fautes sont confessées et pardonnées, jamais votre âme ne se perdra.

Nicolas soupira... Un revirement de situation.

- L'autre point pour lequel je vous ai fait venir concerne encore vos épousailles. Vous n'êtes pas sans savoir qu'il n'y a que deux prêtres en ces terres... Moi-même et mon acolyte, Maelhrys. Nous sommes les deux seuls susceptibles de célébrer une messe... et donc un mariage.
Malheureusement, celui-ci n'aura pas lieu avant la guerre... Nous sommes occupés à vaquer à différente occupation ainsi qu'à... gérer le royaume!

Il eut un petit rire. Satisfaction? Plaisir? Démence? Notre petit Florin semblait avoir plus d'un tour dans son sac!
Sa position au sein de l'Orcanie était bel et bien assuré!

- Il faut faire venir votre famille et la sienne, il faut débourser une somme considérable, etc...

" Je veux seulement que vous sachiez que je n'épouserai que celle à qui j'ai promis de l'épouser. Je ne suis point un menteur et ne désire , en aucun cas, le devenir. Que cela soit plaise ou non aux autres, je m,en moque . "

Tentant de garder son calme, il continua sur le même ton calme :

" Pour ce qui est de sa famille, elle n,en a plus, elle est orphéline et la mienne est déjà réunie icic, alors voila qui nuos règle un problème. Pour l'argent, ce n'est pas non plus un très gros problème, mais si ni vous et ni votre acolyte n'est disposé à célébrer ce mariage avant la guerre, alors j'envoirai mes soldats aux Orcades et ils me rammeneront Mgr Kadfaël, évêque aux Orcades,

Je crois bien qu'il se fera un grand plaisir de procéder à cette cérémonie de mairage ..."

- Je ne crois pas, messire, que Son Éminence Kadfaël, ne soit disposé à reçevoir votre demande...

Amadeo, petit chérubin oeuvrant pour l'évêque, vint s'asseoir aux pieds de son maître. Tout en pensant, la main de Nicolas se posa sur la chevelure de son serviteur afin de caresser l'abondante toison blonde.

- Votre agressivité, monsieur, me blesse. Je vous ai reçut tel un gentilhomme, tel un ami... Je vous ai offert une place de qualité dans mon bureau, au lieu de vous laisser languir debout. J'ai partagé le meilleur vin que je possède. Et je vous offre des conseils. Et comment me traitez-vous en retour?

Émerick se détendit et prit un ton plus calme que celui sur lequel il avait parlé à Florin.

" Je .. je suis désolé de m'emporter aussi facilement, c'est une habitude c'est temps-ci, surtout avec tout ce que j'apprends, mais je vous offre mes excuse les plus sincères "

Il ferma les yeux un instants, puis les rouvrit pour continuer:

" Mais, dites moi, pourquoi Monseigneur Kadfaël ne serait pas disposé à recevoir ma demande ? Il sert les Orcades, alors il me sert moi. Il doit accepter toute les demandes que je lui transmets, j'ai de la difficulté à comprendre pourquoi il ne pourrais pas venir Ici et célébrer mon mariage, peut-être pourriez-vous m'éclairez sur la question ? Je vous prie ... "

- Ah? Vous êtes le dirigeant des Orcades, mon seigneur?, questionna ironiquement l'évêque. Eh bien, peut-être en ce cas pourriez-vous me dire ce qu'un roi fait hors de ces terres, aussi loin de son royaume?

Nicolas rit, tout doucement, en portant la coupe à ses lèvres.

- Nous sommes en tant de guerre, Votre Altesse. Les routes sont dangeureuses pour un mourrant!

(hj: Et comme le dit Momo! ''Quel alcoolique de Florin!'' _

Répondant à l'invitation de l'évèque, Agravain, qui avait lui aussi des raisons de rencontrer Florin, frappa à la porte du bureau attenant à la chapelle ...
Un jeune garçon vint ouvrir et le dévisagea avec curiosité ...

- Bonjour mon p'tit ...
Monseigneur Florin est il là ? ...
Dis lui que le prin ... que frère ... Agravain souhaite lui parler ! ...

Le jeune prince allait devoir s'habituer à son nouveau statut ...

Émerick regarda Florin avait un regard meurtrier, mais fit disparaitre cet air lorsqu'il prit la parole:

" Vous savez très bien que je suis l'héritier, et , je vous prie, garder ironie pour ceux qui ont plus de patience que moi ...

Je rejoindrai bientot les orcades, et j'y resterai pour y gouverner ... cette situation n'est que temporaire ...

Mais pourquoi dites-vous " pour un mourrant" ? À ce que je sache, Monseigneur Kadfaël n'est pas un mourrant ..."

- Taisez-vous.

Le sourire de l'évêque disparut. La voix, impétueuse, ordonnait. Le Chien d'Orcanie avait japper. Le juge qu'il était venait de présenter sa sentence. Il n'y avait plus rien à rajouter, à moins d'être un fou qui ne craint ni la mort, ni la violence, ni l'humiliation publique.

- Insolent petit prince!, chantonna l'évêque de sa voix mielleuse.

Amadeo se risqua à lever son regard d'ambre en direction de son maître. Il découvrit celui-ci, souriant d'une façon bien particulière... un long frisson lui parcourut l'échine.
Il lui sourit cependant, autant pour se rassurer que pour offrir un certain réconfort à son maître. Nicolas le lui rendit bien.

- Vous osez m'ordonner! Alors que vous ne savez même pas ce qu'il advient des personnages importants de votre royaume! Ah! Sottise! J'ironiserai avec qui bon me semblera. Tenez votre langue, louveteau, ou je vous la ferai couper.
Un roi n'échappe pas aux lois que ses ancêtres ont établient avant lui. Un roi n'échappe pas à la Justice Divine. Et je suis le Saint Représentant de Dieu en Ses terres qu'il a voulut confier à Sire Mordred Pendragon.

Émerick se tut et n'jouta plus rien. Il avait, disons, été peut-être trop insolent avec Florin, mais celui-ci ne pouvait tout de même pas se mettre dans la tête qu'il pouvait lui donner des ordres. Si Émerick comprenait bien, Kadfaël était mourrant ...

Il en avait choisi un moment pour mourir !

Le jeune prince se leva aussitot et s'inclina devant l'évêque.

" Je crois que votre temps est très précieux alors je ne pense pas que je vais vous retenir avec ce problème d'ordres mineur ... Je parlerai au roi de ce ;eger contre-temps puis je réglerai tout par moi-même ..."

Il se dirigea vers la porte pour sortir puis tomba sur Agravain , son cousin.

" Agravain ? Que faites-vous ici? Je suis content de vous voir ici, mais si c'est pour parler à l'évêque Florin, il a l'air de très mauvaise humeur aujourd'hui ..."

Agravain fût aussi content que surpris de voir son cousin des Orcades ...

- Emerick ! ...
Heureux de vous voir également ...
Et en effet je dois m'entretenir avec monseigneur Florin ! ...
Si vous voulez bien m'excuser ...
Nous nous reverons tantôt ! ...

Le prince, ordonné prêtre il y a peu, adressa un dernier sourire a son cousin, puis se dirigea vers la porte entrebaillée du bureau de l'évèque ...
Il apperçut Florin de dos et hésita quelques secondes ...
Finalement il tapa doucement contre la porte en bois ...

- Monseigneur ...
Vous m'avez fait demander ? ...

Agravain était plutôt anxieux : à la fois inquièt et honoré de rencontrer l'homme de dieu, le personnage le plus important du château après le Roi lui même ...

En effet, Nicolas ne semblait pas d'humeur aujourd'hui. Il ne prit même pas la peine d'accompagner le prince à la porte, ni même de saluer son nouvel invité.

- Oui, je vous ai fait demandé... et vous m'avez fait tarder!

Amadeo, son jeune valet, lui tendit sa coupe avec un regard débordant d'admiration amoureuse.

- Prenez place, je vous pris.

Le novice quitta lespieds de son maître. Il erra un moment dans le bureau... sans comprendre ce que lui même cherchait. Il finit par disparaître, tout simplement, lorsque l'attention du frère du roy se porta à nouveau sur l'évêque.

- Depuis quand êtes-vous dans les ordres, Votre Magnificience?

Agravain rougit, honteux, lorsque l'évèque lui fit remarquer son retard ...
Il balbutia :

- Veuillez ... m'excuser monseigneur ...

Le jeune prêtre s'instala et adressa un léger sourire à Amadeo ...
Il réagit aussitôt à la demande de Florin, les joues encore empourprées : cette fois ci à cause du tèrme " magnificience", c'était vraiment trop ...

- Depuis plus de deux ans mon père ...
Mais je n'ai été ordonné qu'il y a trois mois de cela ! ...
Et placé depuis à votre service par mon frère le Roi, monseigneur ...

Bien sur Agravain devait sa rapide ascenssion au souverain et à leur chère mère ...
Le jeune homme, impressionné par l'aura de son supérieur, osa préciser :

- Ce qui est un grand honneur et ... même davantage ! ...

Florin leva un regard inquisiteur sur le prince.

- Alors, mon fils. Peut-être pourriez-vous m'éclaircir! Qu'en ai t'il de votre relation avec Morrigane l'Hérétique?

Agravain fût littéralemment foudroyé par les paroles tranchantes comme l'acier de Florin ...
Il ne s'attendait certes point à cela, du moins, il ne pensait pas que l'évèque oserait l'épingler aussi directement ...
Le jeune prêtre déglutit et tenta de soutenir le terrible regard de son supérieur ...

- Ma ... relation avec ... ?
J'ai ... il est vrai de la sympathie pour ... la barde de notre roi ...
Mais cette ... relation est tout à fait ... formelle ! ...


Pour être déstabilisé, il l'était, ( Florin avait réussis son coup ) mais Agravain tenta de se reprendre tout à fait ...

- J'ai ... pût ainsi me rendre compte de la sincérité de la conversion de Morrigane ...
Tout récemment celle ci est venue se confesser et ... ne réchigne plus a assister aux messes du dimanche ! ...
Elle a réellement changée ! ...
Je ... Je m'en porte garant ! ...

Le jeune prince crût bon d'en rajouter :

- Son attitude a changée ! ...
On ne peut rien lui reprocher il me semble ...
Réjouissons nous de notre ... ( petit sourire ) de votre victoire ...
Mon père ...
C'est votre pouvoir de persuasion qui a redressé cette âme perdue ! ...
Réjouissez vous ! ...

Agravain se tût ...
Il avait la désagréable impression d'avoir par trop parlé et d'avoir ainsi exposé implicitement son attachement envers Morrigane ...


*Agravain, maudit bavard, tiens ta langue ...*

Un rictus ironique naquit sur les lèvres bien dessinées de l'évêque.

- Ah! Mon fils... Confessez-vous à moi.
Je n'aime point le mensonge, car celui-ci est péché.
Je crains de ne pas avoir été assez... persuasif lors de mon entretien avec Morrigane.
Je vous demanderais donc de vous confier à moi. Et n'oubliez pas que protéger une hérétique égale le crime de celle-ci.