Bureau de Florin

Nicolas s'assied à demi sur son bureau, les bras croisé sur sa poitrine, et regardait le frère du roy avec ses beaux yeux d'un gris aussi glacial qu'un glaçon d'hiver.

- Ah oui... Vraiment?
Pourtant, ce n'est point ce que l'on m'a rapporté!
J'ai besoin de vous, mon fils. Vous possédez mon entière confiance.
Ne vous enfoncez point dans les abîmes brumeuses de l'amour terrestre. Vous avez décidé de conssacrer votre vie au Divin... ne vous perdez pas pour l'amour d'une hérétique. Rappelez-vous que c'est Ève qui offrit la pomme à Adam... c'est à cause de cette femme qu'aujourd'hui, nous sommes contraincts de mener une existence de souffrance et d'épreuves!

Agravain hocta de surprise et rétorqua aussitôt :

Monseigneur, je vous assure ...
Je ne comprends pas ! ...
Je n'éprouve aucun sentiments de ce genre pour l'hér ... pour la barde du Roy ! ...
Je vous le certifie formellement ! ...

Le jeune prince réfléchit un court instant tout en tachant de rester calme et finit par déclarer, sur le ton de la confidence :

Votre éminence ...
Si vous doutez de la conversion de cette jeune donzelle, qui il est vrai pourrait fort bien jouer double jeu ...
Je pourrais m'en assurer, tenter de la percer à jour et la contraindre a se dévoiler ! ...
Celle ci se confiera à moi avec d'autant plus de facilité ! ...

Agravain esquissa un rictus ironique qui ne lui était pas familier ...

Nous pourrions ensuite la mettre à l'épreuve de la manière qu'il vous conviendra ...
Et si au contraire vous désirez que je prenne mes distances avec cette ... douteuse personne ...
Je m'exécuterai monseigneur ! ...

*Mon Dieu, qu'ai je dit ? *

Nicolas écouta attentivement le discours que tenait son frère de profession. Il connaissait les échanges qu'il avait eu avec Morrigane, la barde au corbeau. Ceux-ci lui avaient été rapportés de source sûre.
Et pourtant... il doutait!
Peut-être Agravain était-il sincère?

L'évêque inclina la tête sur le côté et regarda en l'air, réfléchissant. Ce n'était pas une si mauvaise idée après tout. Il n'avait pas besoin du frère du roy pour connaître la vérité sur l'hérétique peste qui lui filait entre les doigts, certe non qu'il n'en avait pas besoin! L'Homme de Dieu possédait (oui oui, ''possédait'') ses propres sujets, fidèles et entièrement dévoués à sa cause.
Cependant, le jeu était interressant. Et Sire-Frère Agravain pourrait s'avérer, dans le pire des cas, à être un bel exemple pour le peuple!
Au pire, si la populace avait déjà compris le message qu'il tentait de faire passer... eh bien! Il aurait rajouté du piquant

Il se mordit la lèvre pour ne pas sourire.

- J'accepte votre proposition, Frère Agravain. Veuillez tenir cette Morrigane à l'oeil... et rapportez moi ses moindres faits, gestes, actions et paroles!
Vous avez ma confiance... et mon appui.
Je vous donne tout droit sur sa personne.


Florin se saisit de sa plume d'oie et trempa l'extrémité dans un pot d'encre noire. Puis, il entreprit de griffonner une lettre avec lenteur et application (presqu'avec paresse et dégoût!).
Il tendit ensuite le papier à Agravain.

- Donnez cette missive au Sergent Fanler. Il vous offriras les services de trois de mes gardes...
Cette lettre ne doit être ouverte que par mon excécuteur...

-" J'accepte votre proposition, Frère Agravain. Veuillez tenir cette Morrigane à l'oeil... et rapportez moi ses moindres faits, gestes, actions et paroles!
Vous avez ma confiance... et mon appui.
Je vous donne tout droit sur sa personne."


Agravain n'était vraiment pas sûr d'avoir réussit a convaincre le très roué évèque Florin mais acquiesça malgré tout d'un air entendu ...

Bien sûr monseigneur ...
Je ferais comme il vous plaira ! ...


Enfin ce damné Nicolas lui tendit une missive et lui donna ses dernières recommandations :

-" Donnez cette missive au Sergent Fanler. Il vous offriras les services de trois de mes gardes...
Cette lettre ne doit être ouverte que par mon exécuteur..."

Agravain fronça quelque peu les sourcils mais opina aussitôt ...

Merci mon père ...
Je transmetrai vos ordres à qui de droit ! ...


Le jeune prince se releva et s'inclina :

Monseigneur ...
Avec votre permission, je vais désormais me retirer ! ...

Cette mission était véritablement à double tranchant : Agravain pourrait veiller sur son amie mais ... devrait se montrer aussi rusé que prudent pour ne point perdre sa protégée et ... se perdre lui même ! ...
Il n'en fallait guère plus pour rendre notre jeune prêtre plus que nerveux ...