Le nouvel appartement de la Reine

Hj: Je te répond jeudi soir ou vendredi, promesse de... uh... lutin luthier héhé!

Ophélia ne put s'empêcher de sourire aux remarques de sa bien nièce.

- Est-il exaspéré par votre fougue et votre innocence, demoiselle Gwenaelle?

La reine serra le petit corps de la princesse contre le sien, puis l'embrassa sur le front.

- Mais le but de votre visite n'était pas de venir m'importuner avec ces histoires de religion, n'est-ce pas? dit-il sans cesser de sourire. Si vous désirez voir les héritiers d'Orcanie, il vous faudra aller demander la permission au roy. Je n'ai guère d'emprise sur ces petits... ce ne sont pas entièrement les miens...

Et elle ne croyait pas si bien dire. Ses enfants étaient ceux de Mordred. Les héritiers de la courrone... de la courrone du souverain d'Orcanie. Ce que l'on proclamait haut et fort était cette vérité.
Injuste, il en va de soi. Mais elle était ainsi. Qu'importe que cette marmaille soit de lui... ou d'un autre. Ils étaient siens, sur ces terres...

- Si le roy est occupé... Ils se trouvent au même étage que le roy, dans une chambre voisine.

Lorsqu'il entra dans les appartements de la Reine, Hector attendit que le garde se soit retiré pour offrir ses plus sincères salutations à la merveilleuse souveraine ...

Bonsoir, Hector!

Il se demandait bien quel honneur il avait droit puisque la reine l'Avait appelé par son préom ...
Il se disait qu,en temps normal elle aurait dit " Sir De Winter", mais pas cette fois ...

Avec un doux regard, il dit:

- Bonsoir Ma Reine ...

Il posa un genou par terre et rajouta:

- Je tiens à m'excuser pour mon attitude de cet après-midi ...
J'ai peur de vous avoir offenser ...

Il ne pouvait pas détacher son regard de celui d'Ophélia ...
Depuisqu'il savait son nom, il ne cessait de se le répéter, mais savait bien qu'il nourrissait quelque chose d'impossible ...
Un amour sans fondement et sans possiblité ...
C'Était un simple amour impossible ...

- Allons, mon ami! Relevez-vous, de grâce!
Votre place n'est pas plus à mes pieds qu'à mes côtés!
Relevez-vous et venez prendre place près de moi! Festoyons cette victoire qui est vôtre! Votre Victoire! À Vous, Messire... Champion de la Reine d'Orcanie et ami d'Ophélia!

L'Émeraude lui sourit. Ce simple geste passa comme la caresse d'une brise tiède, chargé de mille parfums floraux, sur le coeur du chevalier. Ce très appréciable mouvement, divin même dans son immortalité, était comme un baume sur l'âme blessée de l'homme dont le coeur était tiraillé entre l'amour pour l'impossible... et l'amour pour la facilité.

- Vous prendrez bien une coupe d'hydromel en ma compagnie, Sire?

À cette mention, la servante qui brodait près du feu se leva et sortit de la pièce, laissant les deux amants seuls à seuls.

- Comment se sent-on après une si éprouvante journée?

Ophélia ne put s'empêcher de sourire aux remarques amoureuses du chevalier. Ses paroles étaient simples, dénuées de poésie mais débordante d'un désir que lui refusait la reine.

- Oh! Certe! Je l'ai bien remarqué! dit la reine en retirant sa main de l'étreinte qu'exercait De Winter sur celle-ci. Vous méritez vos titres, plus que quiconque et je ne puis qu'être fière de vos prouesses, mon Sieur. Cependant, celle-ci ne me rassasient pas entièrement... Il ne suffit pas de remporter quelques combats contre d'habiles adversaires de grandes renommées pour épater une reine...

La fragile nymphe observa avec attention, voir même avec affection, ce beau visage souriant.

- J'ai ouï dire que votre douce demoiselle, la soldate Abby, se portait au mieux! Ferez-vous bientôt votre demande auprès du roy?

Il ne suffit pas de remporter quelques combats contre d'habiles adversaires de grandes renommées pour épater une reine...

- J'en suis conscient, Ma Reine ...
Et sachez que je suis prèt à faire ce qu'il faudra pour vous épater ...
Je serais prêt à faire l'impossible que pour vous ...

Il aurait bien aimé que le reine n,enlve pas sa main, mais il ne pouvait pas insister ...
Il ne voulait certes pas s'attirer la colère de la Reine ...

J'ai ouï dire que votre douce demoiselle, la soldate Abby, se portait au mieux! Ferez-vous bientôt votre demande auprès du roy?

Hector n'aimait pas parler de cette descision, mais puisque la Reine le demandait, mieux valait lui répondre ...

- Non ...
Je ne peux m'y résoudre car ...
Une autre femme occupe mon coeur ...

J'avais l'intention de lui dire, mais ...
L'occassion ne s'est pas présenté ...

- Ah?! s'étrangla la reine, étonnée. Cette demoiselle doit-être bien heureuse... Pourtant, Abby était un bon parti...

Hector n'était pas dupe! Il devait perçevoir le malaise de sa douce amie.
Ophélia était au plus mal. De Winter précipitait les choses... et ne semblait pas comprendre les besoins de sa souveraine.
Si elle l'avait tout d'abord approché, c'était par curiosité... et par désir de se divertir. Puis, elle s'était attaché à cette nouvelle connaissance... jusqu'à ce qu'il tombe follement amoureux d'elle.
La nature de l'homme (comme de la femme), était bien complexe! La reine se disait que si De Winter n'était pas resté indifférent à ses charmes... mais que ses sentiments pour Abby ne s'étaient pas envolés... sera attisé les flammes de leur relation. De la compétition, de l'adversité... Un peu de piment dans sa vie!
Elle aurait pu gagner le chevalier. Mais il s'était lamentable soumis... et au lieu de progresser doucement pour faire flanchir la reine, il s'élançait sans gêne et piétinait le jardin fleurit de l'Émeraude de Warminster.

Non, cela ne lui convenait pas. Ou bien De Winter devrait-il réalisé rapidement qu'Ophélia ne pouvait s'engager dans ce genre de relation, ou bien le chasserait-elle de manière indirecte et se prendrait-elle un autre amant!

- Mais prenez garde, messire, à ce que son petit coeur n'appartienne point à un autre... Vous pourriez y perdre d'avantages que votre bonne humeur!

Et telle était sa mise en garde!

Hector comprenait qu'il s'avançait sur un terrain dangereux et qu'Ophélia n'était pas vraiment à l'aise …
Lui on plus, d'ailleurs …
Il comprenait aussi le fait que es choses allaient beaucoup trop vite et que c'était de sa faute …

Certes il y a toujours une partie de moi qui l'aime, mais l'Autre partie non …

Je sais que je dois être prudent , c'est pour cela que je ne veux pas prendre de décision tout de suite …

Ça c'était ce qu'il y avait de plus vrai …

- Je la connais depuis longtemps et je sens qu'entre nous ça pourrait fonctionner, mais tout à l'heure, pendant une joute, j'Ai remarqué que la jalousie pesait dans son regard …
Sûrement parce que j'ai accepté de concourir pour devenir votre champion au lieu d'être le sien …

Il se détourna un instant, puis se massa l'épaule …
Le coup de Sire Fraser l'avait blessé à l'épaule et s'était bien douloureux …

- Veuillez m'excuser …
C'Est-ce qui arrive lorsqu'on prend des risques stupides …

Il sourit, puis c'est comme s'il avait arrêté tout charme …
Il devait prendre son temps et la conquérir petit à petit …

- Mon Sieur, si je vous ai désigné pour être mon champion ce n'était point par amour, mais par amitié pour vous. Je ne désirais pas briser ce petit coeur si tendre, qui appartenait déjà à une belle demoiselle.
Certes, j'en éprouve quelques jaloux sentiments... de vous voir vous amouracher à une femme si... différente. Mais je suis l'épouse d'un homme bon... Un homme d'importance je...


Ophélia avait débuté son discours avec un calme serein. Et maintenant, elle semblait pataugé... Sa bouche s'ouvrait et se refermait, sans qu'aucun son n'en sorte.
Elle battit des paupières, alors qu'une vague de chagrin la submergeait. Pourquoi? La raison ne semblait connue que d'elle seule...

Un garde pénétra dans l'appartement privé d'Ophélia, dégoulinant de sueur. À sa mine effrayée, la reine comprit aussitôt que Mordred se dirigeait vers sa chambre, probablement bouillonnant de colère.
Elle venait de reçevoir dans son lieu intime, que peut de gens fréquentaient, l'un de ses nombreux soupirants. Et le terrible tyran d'Orcanie n'était pas sans savoir que le nouveau champion de son épouse n'était pas indifférent aux charmes de sa douce!

L'officier royal annonça l'arrivé du Grand Roy de Bretagnes.

Bien qu'elle eut deviné à l'avance ce qui se passerait, la fragile nymphe fut d'avantages effrayé d'apprendre que son époux se dirigeait vers elle à grand pas.
Il était trop tard pour reculer... trop tard pour se soustraire à Sa Justice.
Comment réagirait le Loup en voyant sa tendre et douce moitiée, sa perle précieuse, son désir le plus chéri en présence du Capitaine de la Garde Chrétienne de Son Éminence, l'Évêque Nicolas Florin?

La belle se leva, blanche comme une morte, pour accueillir son mari.

Celui-ci entra, désinvolte, dans la chambre de sa promise.

Laissez nous ! , tonna sa voix.

L'Émeraude sursauta. Elle tremblait comme une feuille...

Un regard suffit pour confirmer à De Winter qu'il vallait mieux qu'elle s'entretienne seul à seul avec son mari.

- Oui, mon seigneur. Nous avions terminé... murmura Ophélia, effrayée. Parlez, je vous suis toute ouï...

- Mon Sieur... murmura la reine en détournant sa tête lorsque Mordred vint prendre sa petite main tremblante dans la sienne. Était-il en train de la supplier de revenir?. ... La couche que nous partagions avant mon enlèvement est encore chaude de la présence de cette dame que vous avez aimez et... chérit... en mon absence.

Sa peur ne s'évanouit pas. Ses craintes demeuraient... Et sa défensive également. Mordred croyait-il pouvoir faire plier sa précieuse Émeraude en la cajolant de promesses?

- L'idée m'eut semblé ravissante si la faute n'était pas si grave, Votre Majesté. Et peut-être m'eut-elle parût plaisante si je ne partais pas demain pour le compté d'Aurey.

La reine tourna le dos à son doux ami et croisa les bras sous sa poitrine gorgée de lait... légèrement douloureuse. Il était temps pour elle qu'on lui apporte ses petits afin qu'ils puissent se nourrir et ainsi soulager la pauvre mère qu'elle était devenue.
Un sourire mesquin apparut sur ses lèvres délicieuses, que son époux ne put voir. Fort heureusement, car elle ne pouvait plus s'en retenir!

Elle avait menti, mais le loup vorace n'en savait rien! Car sa décision de partir avait été reporté... et à moins que la princesse Gwenaelle est ouvert son grand clapet... ... ... ...

Ophélia se retourna brusquement, bouillonnante de colère.
Avait-elle bien entendue?! Quelle indignation! Il l'avait trompé, il s'était joué d'elle... non pas parce qu'il aimait une autre femme, mais pour complaire son ego! Quel égoïste!

La reine se retint de ne pas se jeter sur son tyrannique époux.

- Vous me dégoûtez...

Les ravissantes promesses de Mordred furent reçuent comme de l'eau mise dans de l'huile chaude.

- N'avez-vous point saisit, Sire, que si je pars... je ne reviendrai pas?

Et cela était vrai... Elle souhaitait quitter l'Orcanie pour ne plus jamais y remettre les pieds.

- Je laisse nos enfants ici, puisque tel est votre souhait. Mais Sire de Winter, mes dames de compagnie et votre nièce, la princesse Gwenaelle, m'accompagneront. Ma suite reviendra en Orcanie, je vous laisse vos hommes... je n'en ai besoin que pour voyager sécuritairement.

La reine tremblait d'avantages d'effroi maintenant, mais tentait de conserver une apparence digne. Que ferait maintenant le roy? Lèverait-il la main sur elle? S'effondrerait-il à ses pieds, la suppliant de demeurer? La répudierait-il? Tenterait-il de s'en prendre à sa vie... ou à celles de ses héritiers? Il la menaçerait... cela était certain.
Mais il ne la laisserait pas partir... Oh ça! Non, jamais!

Mais Ophélia était décidée. Ses projets dissimulés avaient été dévoilés au grand jour. Elle devrait donc affronter l'inévitable.

Dans le pire des cas, elle partirait réellement demain. Gwenaelle la rejoindrait plus tard... Son père, Gauvain, ne verrait aucune objection à la reconduire jusque chez sa tante. Mais accepterait-il que sa fille soit placée sous la tutelle d'une femme qui ne possède plus le titre de souveraine?! Elle n'aurait aucun pouvoir, aucune influence là où elle trouvait refuge. Son père ne possédait pas l'avantages de marier une princesse de sang royal à un bon parti... C'était déjà un miracle pour lui que sa fille soit devenue reine!

Croyez vous que je puisse porter cet ... objet en toute circonstance ? ! ...
J'ai dut le laisser ... dans mon bureau se me semble ...
Vous l'aurez avant votre départ !

Ophélia, en rage, jeta sans ménagement une masse imposante de tissus bourgogne... recouverte d'une fine draperie diaphane d'un blanc recouvert d'une pellicule d'or.

- Vous le portiez bien, avant notre mariage! Et que vous importait les circonstances à cette époque?! Vous êtes roy! Votre peuple se plie à votre volonté! Un jour vous pouvez rédiger une loi et le lendemain la défaire! Personne n'aura sa pensée à clamer! Vous passer au dessus de toute ces... Ah et puis! À quoi bon?

Et de plus ... Vous me fatiguez à la fin !!

Au même instant, la suivante de la reine qui avait été dépêché pour aller quérir de l'hydromel revint. Elle s'arrêta dans l'embrasure de la porte, effrayée par ce qu'elle voyait.


Que les choses sont simples et évidentes avec vous !

Vous êtes le bien outragé et je suis le mal absolu !
Je suis un monstre hideux et vous ... l'innocente victime !!

Et bien si vous le dites !! Vous avez assurément raison ! ...

Vous pourrez bientôt le clamer partout ou vous passerez !!

Grand bien vous en fasse ! ...

- Ce n'est pas moi, après votre pardon accordé, à été me jeter dans les bras d'une maîtresse!


La reine cessa son va-et-vient, un tissus brodé pandant dans ses mains. Elle s'arrêta, à quelques mètres du roy, avec une expression qu'on seul ceux qui vivent un profond malheur.

- Pourquoi? Qu'avait-elle de plus que moi? Qu'ai-je fait pour mériter tant de hargne et de répugnance? Vous dites m'aimer... mais ne m'en donnez que les preuves du contraire.
Mes enfants vivront heureux en Orcanie. Ils seront chérient et adorés, vénérés... Lorsque vous quitterez ce monde, ils prendront la place de votre intendant sur le trône...

Ophélia se retient de lever sa main, douce soie d'un blanc aussi pur que la neige des plus hauts sommets, afin de la poser sur le visage rongé d'incompréhension de Mordred. Elle avait vu... Elle avait entendu... La précieuse Émeraude n'avait jamais été persuadé que ce qu'elle avait entrevu dans les brumes séparant ce monde de celui d'Avalon était une vision d'un futur près... Mais elle avait vu ses fils, un petit blondinet fort bien bati et un freluquet mais oh combien beau! rouquin dont le visage était parsemé de maintes tâches de rousseurs. Et cette ravissante demoiselle, aussi douce et aussi sensible que l'était sa mère... Gaellis devait avoir six ou sept ans. Et dans sa petite main blanche, elle tenait celle d'un roy. Était-ce Agravain? Non... Gauvain? Son visage n'était pas clair... mais il semblait bien trop jeune pour être celui de Mordred... Peut-être était-ce le fils du roy de Bretagnes, placé sur le trône en attendant que son père gagne le royaume des Morts?

Elle lui sourit faiblement, avant de retourner vaquer à ses occupations, n'écoutant que d'une oreille discrète ce que persifflait Sa Majesté.

- Il est sage de me laisser quitter votre demeure, mon roy. Ainsi, vous éviterez les ragots... du moins, pour un moment, le temps d'inventer des excuses.
Mais il ne vous servira à rien de m'attendre pour le peu de temps qu'il vous reste.
Je ne reviendrai pas...