Cellule de la Reine

Ophélia, dans ses beaux habits de noblesse, contrastait affreusement avec la malpropreté des lieux. Elle se tenait debout, les bras croisés sur sa poitrine toujours gorgée de lait, en position d'attente.
Le roy, son époux, devait venir à sa rencontre... il ne pouvait en être autrement! Ou bien, peut-être préférait-il la faire venir?

La nymphe des eaux observait de son regard de mousse les deux gardes, droits comme des piquets, jetant à quelques moments des plaisanteries grivoises à l'adresse de la reine. Ils discutaient également, de choses et d'autres, bien heureux d'effrayés la pauvre souveraine infidèle par de nombreuses énumérations des tortures préférés de l'évêque Nicolas Florin.

Ce ne fut point le roy qui vint en premier à la rencontre de la belle reine, mais l'évêque en personne, entouré de sa garde personnelle. Il marcha dans les longs couloirs aux murs humides, éclairés faiblement par de trop peu nombreuses torches à demi-survivante. Dans leurs cellules, les nombreux prisonniers s'avancèrent, tendant leurs mains, poussant des rugissements et des supplications ( du moins, fallait-il encore qu'ils en soient capables! ). Lorsqu'ils perçurent la croix d'or qui reposait sur la poitrine de Nicolas ainsi que sa longue bure noire, les uns s'enfuirent dans le fond de leur cage, comme des animaux blessés alors que les autres - encore inconscients du danger que représentait cet homme de foi - poursuivaient leurs espoirs avec une folle espérance des plus vaines.

L'homme de loi s'arrêta devant la cellule de la reine et jaugea la belle créature d'Ève, qui se tenait droite et fière dans sa cellule.

- Ophélia, comtesse d'Aurey. , demanda le prêtre, légèrement ébranlé par la prestance de la traîtresse. Vous êtes accusé de haute trahison envers la courrone, et sa Majesté le roy Mordred... votre époux. Les charges qui pèsent contre vous sont hérésies et infidélités, en plus des nombreux péchés capitaux qui s'y rattachent: luxure, orgueuil, avarice, colère et envie.
Avouez votre crime et j'allégerai votre sentence.

Nicolas fit un bref signe de main et l'un des deux goeliers s'approcha, trousseau de clefs à la main, et déverrouilla la cellule d'Ophélia. Il lui ouvrit la porte... le prêtre pénétra dans les appartements provisoires de la souveraine, l'air sereine, calme et posé. Il lui ouvrit les bras, afin de l'accueillir comme une brebis de Dieu. Il souhaitait serré l'enfant contre son corps, l'accueillir en son sein, dans la lumière de Dieu.

- Si vous refusez d'obtempéré, je me verrai contrainct de vous faire avouer par tous les moyens qui ont étés mis à ma disposition.

Il se vit, instrument à la main, la belle souveraine étendue à demi-nue sur une table couverte de sang... celle-ci couverte du sang de ses anciens suppliés.

- Avouez votre faute avant Sire Hector de Winter, votre amant... et votre punition sera retirée.

- Mes fautes? rit la reine d'Orcanie avec une grande colère, son visage ravissant n'exprimant que son dégoût et sa forte rancune. Je ne suis point chrétienne, Votre Éminence! Vos péchés ne sont pas les miens!

Ophélia recula de plusieurs pas, alors que s'approchait le terrible corbeau, les ailes tendues comme pour l'emprisonner dans son étau.

- Si j'ai blessé mon époux, le roy, par quelques manières que ce soit... Alors, soit! Je m'entretiendrai avec lui et subirai son courroux!
Il est mon seul juge...

... et mon seul amour!
Maudit soit-il!, pestait interrieurement la rousse Émeraude. Désormais, il la jugeait et désirait la condamner, après lui avoir interdit de quitter le pays avec ses enfants, à elle! Ils n'avaient jamais eu de preuves que les héritiers d'Orcanie étaient les rejetons de Mordred... le soupçon ''Mckeith'' flottait toujours, ombrageux, au dessus de leurs têtes.

- Allez me le quérir! rugit la reine, hor d'elle.

Elle se tenait debout, au centre de cette pièce malodorante et malpropre, le coeur bercé par la souffrance, le corps prit de tremblement. Un flot de pensées traversaient son esprit douloureux, porté par l'ombre de ses erreurs, de ses fautes. Des milliers d'images, de souvenirs, envahissaient son regard d'émeraude bercé de larmes amères. Ils s'infiltraient, s'imposaient, détruisant tout centime de réalisme à la situation présente, comme si les derniers évènements de la journée n'avait jamais eu lieu.

Incapable de tenir plus longtemps debout, la belle Ophélia se laissa choir sur le sol, ses jupes amples volant tels de gros nuages poussés par des bourrasques de tempête. Assise dans les immondices des anciens prisonniers, du temps et des rats, la belle fixait un morceau de paille qui - à ses yeux - n'existait pas. Quelques pensées philosophiques caressa sa conscience, avant de s'évanouir dans le néant.

En vérité, Ophélia n'aspirait plus à rien. Elle avait souhaité être gracié de son époux... ou de lui tenir tête. Mais à quoi cela lui aurait-il servit? Qu'importe qu'il eut su les véritables faits... leur vie commune en aurait été touché. Leur couple avait été détruit par leurs manigeances, leurs aspirations, leurs cachoteries, leurs malheurs, leur amour... Ils n'auraient jamais pu se retrouver comme aux premiers jours de leur union.
Si le roy ne faisait que la gracié... que se passerait-il? Elle quitterait le pays d'Orcanie, pour aller se réfugier chez sa mère ou pis encore, à Camelot. Que serait-elle devenue? Aurait-elle pu aimer encore? Ophélia en doutait... l'amour lui semblait une chose tellement futile, tellement lointaine... comme inexistance.
Elle ne pourrait vivre avec lui, ni même sans lui.
Elle ne pourrait exister avec ses souvenirs, sa douleur, son passé...
Elle ne désirait plus la perte de son époux... ni même celui de sa mère sur-protectrice.
Elle n'aspirait qu'à disparraître, s'endormir à jamais. Clore ses paupières blanches sur son regard vague et rêver à jamais à l'Île aux pommes... aux premiers jours de sa vie.

Gauvain n'avait pas perdu son temps, depuis son arrivée. La dernière fois qu'il avait vu Ophélia, celle-ci s'était montrée, plus que courtoise. La journée avait mal débuté et encore, il n'avait pas vu son petit monstre, que le soleil commençait à déjà se coucher.

Le garde en fonction deverrouilla la celulle de la reine et Gauvain ne put que constater le manque de tact de son frère. Il y avait d'autre endroit, pour enfermer sa propre femme.

Ophélia ?!

Plus rien. Un silence. Le beau-frère n'attendait que sa vivifiante belle-soeur se tourne vers lui.

Ophélia, assise dans les immondices, reposait ses yeux épuisés. Le menton appuyé sur sa poitrine, son regard tourné vers son intérieur le plus profond (comme elle avait appris à le faire en Avalon), la reine s'était déconnectée du monde (et de la misère) qui l'entourait.

Elle se sentit peu à peu tiré de sa méditation, comme si une force plus puissante qui résidait en elle tentait de la ramener dans la réalité.

Les portes de sa glaciale prison grincèrent, la tirant complètement de son demi état de veille... Perdue, déboussolée, il lui fallut un bon moment avant de pouvoir se resituer dans le temps et l'espace.

La reine leva un regard implorant vers son visiteur... Sire Gauvain! Elle tenta de se lever, avec maladresse.

- Ah Sire! Sire! dit-elle, la voix enrouée de n'avoir pas parlé ces derniers jours. M'apportez-vous des nouvelles de mon époux?!

La pauvre enfant. Comment Mordred pouvait-il laisser la riene ainsi ? Gauvain l'aida à se lever, bien que celle-ci semblait très faible.

Je n'ai hélas, point de nouvelles de Mordred, qui se contente d'être silencieux.

Cela faisait peine à voir. Une si belle femme, dans un endroit hideux.

Je viens de la part de votre cousine.

Qu'il pouvait être imbécile parfois...

Le roi , mon oncle, désire vous accorder asile, mais dans le seul cas, où mon frère exige, votre départ

Margot... Ainsi elle était enfin de retour! Elle était allé quérir le Haut Roy de Bretagnes pour lui révéler les véritables intentions de son félon d'époux!

La belle se raccrocha à Gauvain, s'appuyant désespérement sur la force du noble chevalier.

- L'asile à Camelot?! se surprit à entendre Ophélia, qui ne croyait plus en aucun espoir. Comment Arthur peut-il m'accorder l'asile alors que je suis coupable de haute trahison, mon très cher frère?

Le roi ne savait pas toute l'histoire. C'est pourquoi, il a mentionné que je devais être ses yeux et ses oreilles. Cette asile, demandé, par votre cousine peut être remis en question à tout moment.

Gauvain exigea qu'on lui apporte une chaise et fit assoeir sa belle-soeur.

Ophélia, pourquoi avoir agi ainsi ?

Gauvain voulait comprendre, mais sa mère disait des choses qui pouvait être remis en question, par une autre version.

Je suis tout ouïe, pour vous écouter, ma chère

La porte de la cellule s'ouvrit brusquement, en grinçant d'une manière effroyable ... Et le tyran sortit de l'ombre ... Celui ci paraissait songeur, mais ses traits se tendirent davantage dès qu'il aperçu son frère aîné ...

Quoi ?!

Que faites vous ici ? ...

Dehors !!

Hurla t-il en désignant la sortie ... Mordred était exaspéré : qui avait autorisé Gauvain a paraître en ces lieux ? ... Était ce Arthur qui l'envoyait, lui aussi ? ... Comme si cette "visite" n'était déjà point assez pénible comme cela ! S'en était trop ...

Ophélia, la tête appuyée sur l'épaule de son beau-frère, sursauta brusquement et repoussa Gauvain.

- Sire! s'exclama la reine, alarmée malgré la faiblesse de son état. Ne vous emportez donc pas contre votre frère! ragea t'elle, sentant le monde vasciller lentement autour d'elle. L'Émeraude se raccrocha à l'un des murs, afin de ne pas s'effondrer sur le sol.

Gauvain n'eut même pas le temps de se retourner , qu'il sut que le petit Tyran se trouvait derrière lui.

Laissez, c'est la seule chose parmi tant d'autre qu'il n'est pas capable entre frère ... , lança Gauvain à sa belle, soeur, mais assez haut, pour que le petit tyran entend

Si le petit tyran se croyait imposant, Gauvain le considérait encore comme un petit minus de première classe, même sur les conseils de son illustre mère.

Que pensez-vous que je puis bien faire ici?

Gauvain avait envie de chauffer un peu les oreilles de son frère.

Je suis seulement venu rendre visite àvotre charmanate épouse,répondit-il en pesant bien ses mots.

L'ainé avouait avoir provoqué son frère, mais si celui osait le toucher, il saurait bien vite que son frère n'est plus le très grand "pacifiste" qu'il était ...

Peut importe les motivations de Gauvain, le tyran n'en avait cure et lui ferait bien comprendre :

Je m'en moque !

Vous n'en aviez nullement le droit, même vous !

Le Roy toisa méchamment son aîné et ajouta, péremptoire :

Même notre mère aurait besoin de mon accord pour paraître ici, est ce bien clair ? !

Mordred se radoucit quelque peu, puis esquissa un ironique sourire ... Après tout son frère pourrait se rendre utile : en servant de témoin impartial lors de l'échange entre la Reine et son terrible époux ...

Je gage que vous êtes venu voler au secours de la pauvre petite "victime" ...

*regard de fauve vers Ophélia*

A la demande de notre oncle, évidemment ! ...

Persifla l'arrogant personnage .

- Taisez-vous, Mordred! rugit la reine en se redressant le plus possible, malgré son manque de force évident. Et cessez vos jeux d'enfants!

Ophélia n'embarquerait plus jamais dans cette ''game''. Elle n'en pouvait plus... Elle avait assez enduré, assez fait pour cet homme qui ne lui était aucunement redevable.

- Condamnez-moi s'il vous plaît d'agir ainsi, je sais que vous êtes tout aussi fautif que moi dans cette histoire!
Oui, je vous ai trahit! Oui, j'ai partagé ma couche avec Sire de Winter! Et je ne le regrette auncunement! C'était un merveilleux amant!

... un petit sourire s'empara de ses lèvres, délicieusement rouge malgré la soif qui la tiraillait depuis plusieurs jours.

- ... d'avantages que vous, tout du moins!

Toujours aussi sympathique.

Mais il était rabat-joie le morveux. Gauvain aimait bien s'imaginer Mordred en train d'interdire quoique se soit à sa mère. Le pauvre aurait une de ses gifles ... Ouille !!!

Dans ce cas, "la pauvre petite victime" aurait-elle son double sens ? Arthur a d'autre chat à fouetter que votre ménage.

Il se l'avouait, il avait promis à Morgause d'épargner Mordred de ses sarcasmes et de "l'aider" en quelques sortes, à trouver des solutions. Mais le jeunot n'aidait pas ...

Puisque vous ne semblez pas avoir besoin de moi, je vais partir !

Gauvain prenait la direction de la sortie lorsque la reine éclata.

Impossible, douce fleur, cet homme est pire qu'un enfant, se surprit à penser le chevalier

Mais la dernière réplique de la reine, le laissa figer. Ses yeux s'étaient tournés vers Mordred. Qu'allait-il faire ? À eux seuls, Ils avaient insulté le tyran. Mais Ophélia avait lancé à effet de couteau. Maintenant, qu'elle était dans le tort, il devait se concentrer sur Mordred. Ses gestes, plus particulièrement. Ne le reconnaissant plus, Gauvain croyait fortement qu'il pourrait s'attaquer à plus faible que lui.

L'une des remarques de Gauvain fit doucement sourire son frère :

Je crois, en effet, que notre oncle n'est déjà que trop occupé avec sa propre épouse !

L'infidélité de Guenièvre était bien connu et tout Camelot retentissait des rumeurs colportées à ce ( brûlant ) sujet ...

Et lorsqu'Ophélia se mit a invectiver son époux et a tout avouer, le tyran grimaça, mais ne tarda point à se réjouir de ces propos : il se saisit du bras de Gauvain avant qu'il ne sorte de la cellule :

Vous entendez ?! vous entendez ?? !!

La gueuse immonde !!

Elle avoue !

Vous voyez ?!

Déclara t-il, triomphant et sans aucune retenue ...

Puis il toisa la prisonnière :

Tais toi !

Ou je me fais justice dès à présent !

Mordred ne souhaitait qu'inciter Ophélia au silence, mais ses yeux de braises étaient plus que menaçant et ... inquiétant .

( hj : désolé, trompage de compte Rolling Eyes

)

Gauvain se retint de répliquer à la remarque de Mordred. Si Morgause avait une langue de vipère, alors Mordred en avait hérité !

- Pour une fois, vous ne pouvez point vous montrer en meilleur position que notre oncle.

Lorsque son tyran de frère le saisit par son bras, Gauvain se maudissait. Il aurait du partir avant que Mordred "gagne" ce qu'il voulait : des aveux.

Il aurait aimé être sourd, pour ne pas entendre les aveux.

Vous avez raison, mon frère.

"Tais toi !

Ou je me fais justice dès à présent !"

L'ainée posa sa main sur son l'épaule de son frère

-Ne vous abaissez pas à la violence et à la vengeance, Mordred. Nous devrions sortir

Ophélia, aux dires terribles de son époux, éclata de rire. Cette hilarité était sincère, bien que le chagrin de la reine fut grand. Peut-être était-ce même une barrière, un mur que son inconscient dressait afin de se protéger contre l'abbatement terrible qui l'avait submergé, la nuit dernière.

- Ah non! Laissez-le me frapper! s'emporta la reine d'un ton viscieux, en fixant le roy méchemment.. Il en meurt d'envie, de battre la catin qu'il a pris pour épouse!

La biche blessée avait contre-attaqué.
La drôlerie semblait avoir passé. Maintenant, l'Émeraude fixait l'homme qu'elle avait jadis aimé avec un air défi... et de regret.

- Votre Justice est la mienne, mon roy. poursuivit-elle en retrouvant un semblant de force pour rattraper ses nombreuses jupes aux somptueux tissus couvert d'immondices, puis avancer en direction du tyran, offrant sa joue blanche et satinée au souverain.

Les paroles de Gauvain apaisèrent quelque peu le violent courroux de son tyran de frère ... Aussi, Mordred, malgré le ressentiment qu'il vouait à la Reine, s'abstint de lever la main sur elle ... Et puis les propos plutôt audacieux d'Ophélia le troublèrent ... Le Roy considéra avec ironie la prisonnière, puis après avoir haussé les épaules, irrité, lui tourna le dos ... Le rejeton de Morgause croisa ses bras sur la poitrine, jeta un coup d'oeil ( aimable ) à son frère, et marmonna, comme pour lui même :

Allons donc ! ...

Et se serait moi l'enfant ici !! ...

Mordred se tourna ensuite, très légèrement, en direction de la Reine et déclara, avec hauteur :

Mais que voulez à la fin ? !

Qu'attendez vous de moi ? ...

En tant que souveraine vous disposez, déjà, de tout et ... vous en désirez davantage !!

Ceci dit, le Roy fit de nouveau face à Ophélia, puis pointa un doigt accusateur vers elle ...

Songez qu'en me défiant c'est toute l'Orcanie que vous outragez !!

En êtes vous simplement consciente ? ! ...

Mordred croisa alors le regard de son frère et lui glissa, mezza voce :

Si tant est que ce mot fut adéquat pour cette bougresse ...

C'était un coup bas, qu'Ophélia avait peut être entendu ... C'était surtout un comble : l'hospice qui se fichait de la charité ^^

Et voilà. Le couple royal s'enfonçait. Que de belle réplique d'époux à épouse. Lassant même ...

Gauvain avait décidé de ne pas être la deuxième cause de la colère de son frère. C'est pourquoi, il ne répliqua pas. La situation ne semblait pas au meilleur, ici. Ophélia faisait tout, pour provoquer Mordred, qui était plutôt impulsif de nature.

Une chance, il n'avait pas fait une phrase simplette. Mais Gauvain croyait que moins il s'en occuperait, mieux se serait.

-Mon frère, même si vous êtes contrarié, un peu de respect. Elle est tout de même la reine. Et dame d'Orcanie,., lui chuchota, avec un moue de mépris, l'aîné.

Mordred s'en fichait peut-être, mais son frère préférait ne pas laisser la situation se décliner.

Ophélia tourna brusquement le dos à ses goeliers, non point blessé dans son amour propre et dans son orgueuil, mais soulagé que Mordred ne se soit pas emporté... et ait levé la main sur elle.
Mais son petit coeur, blessé et meurtrit, se réchauffait peu à peu... et d'amères larmes s'échappèrent de son regard de mousse. La nymphe sentait la colère asséchée la glace qui recouvrait sa douleur,

- Maintenant que vous savez... partez. , déclara la belle souveraine d'Orcanie, refoulant avec détermination la mer salée qui déferlait sur ses joues blafardes, teintées d'un chaud rosé provoqué de son emportement dernier. J'attendrai ma sentence...

Les paupières de la souveraine s'abaissèrent, sentant qu'une vague de douleur l'emportait. Malgré la barrière qui les empêchaient de passer, le flot se déversa, silencieusement, sans bruit... Et ses larmes de soie carressèrent sa peau; ses joues déjà mouillées de son grand chagrin immense, son petit nez blanc (pic rocheux dans cet océan de souffrance), son menton tremblant, ses lèvres au goût de pêche...

L'Émeraude de Warminster se voyait déjà, vêtue d'un fin linge blanc, avançant difficilement parmis son peuple mécontent, l'injuriant, lui lançant de vilaines vérités et des aliments avariés... La traversée serait pénible, insupportable... et interminable.
Et après cette éternité à nager dans la honte, elle verrait l'échafaud, dressé tel un Dieu, son Dernier Jugement, Inquisiteur brûlant de fièvre de colère. Elle en perdrait ses moyens... tout Homme ne craignait-il pas la mort?
On la rattraperait... pour qu'elle demeure debout devant la Mort... Et elle éclaterait en sanglot, alors qu'elle était parvenue à conserver une attitude presque neutre jusqu'ici. Dans la foule, elle jeterait des regards désespérés, afin que quelqu'un lui vienne en aide... Mais personne ne viendrait. Car elle avait trahit tout ces gens... Tout l'Orcanie...
Ils la feraient avancés, jusqu'à son dernier point d'arrivé. À tâton, elle se placerait... tremblante de tout son corps... suppliant toujours, esperant jusqu'à la dernière fraction de seconde que quelqu'un s'impose à cette terrible punition...
Et la sanguinaire foule hurlerait... ivre de rage, de soulagement, de plaisir...
Lui couperait-on la tête ou la placerait-on sur le bucher? À moins que l'évêque de Rome n'entretenait quelques autres scénarios des plus macabres pour elle?
Tant que cela se passe rapidement... et sans douleur.

La nymphe au regard d'émeraude cessa tenta de se calmer... tout cela n'était pas encore là. Elle se devait de vivre le moment présent.
Ses bras, croisés sur sa poitrine, tombèrent lachement le long de son corps. Elle observa le sol: la paille et les immondices qui la recouvrait, puis se tourna vers le roy et son frère.
Son abbatement faisait toujours briller sa peau humide, à la faible lumière des quelques rares torches.

- Vous souhaitiez me voir, Votre Altesse... dit-elle, en hoquetant - courte révérence- . Cela est fait!
Vous avez obtenu les aveux que vous souhaitiez... et maintenant, que se passera-t'il?

Vulnérable, à la merci du loup d'Orcanie... Sa longue chevelure de feu emmêlée, retenue en une tresse défaite... Ses lèvres entrouvertes, tremblantes... Son regard suppliant...
Pendant un bref instant, elle espera que Mordred s'approche d'elle et la prenne dans ses bras. Fous qu'ils étaient!
Elle aurait posé sa tête sur son torse, se serait désésperement aggripé à lui... et aurait pleuré encore, à chaudes larmes: à la fois débordante d'amour, de regrets et de soulagement.

Mais elle se reprit rapidement...
Ce qu'ils avaient connus n'étaient plus.
Mordred aimait Blanche... Et ils avaient un enfant. Ophélia l'avait apprise de la bouche du cousin du roi d'Orcanie... Et cela avait été un abbatement pour elle.
Mordred souhaitait se débarrassé d'elle, le plus rapidement possible afin de pourvoir au soin de son nouveau-né.
Était-ce un garçon ou une fille? En ferait-il son héritier légitime?
Ses triplés... que n'auraient-elles pas fait pour les serrer dans ses bras, une dernière? Les tenir contre son coeur sanglant et les étreindre, comme si les conserver si fort contre elle pouvait les faire revenir en elle.

Mordred esquissa un léger sourire, indéfinissable, aussi charmant ... qu'inquiétant ... Finalement il suffirait de peu pour que la Reine soit absoute, mais ... il lui en coûterait sûrement beaucoup ... Mais après tout, son existence valait bien une légère "humiliation" ... Le tyran ne pourrait pardonner à Ophélia si celle ci ne se repentait pas, ses aveux ne suffiraient nullement ...

Repentez vous, ma chère et ... vous serez pardonnée !

Si vos excuses sont sincères, je saurai me montrer ... clément .

Le triste sir marqua un temps d'arrêt puis poursuivit, sur un ton mi compatissant, mi ironique :

Vous n'êtes point obligée de suivre le félon dans sa chute !

Nous pourrions même imaginer une version des faits qui aurait l'avantage de ... restaurer votre image !

Dépeindre sir Hector comme un odieux satyre serait fort pratique, par exemple ...

[ hors-jeu : je passe. Rien a dire de très intelligent, Pas d'inspiration !]

Edit :

[Faites comme si j'étai parti]

Le soyeux coeur endolori de la ravissante émeraude défaite lui sembla reprendre un peu de couleur. Mordred lui accorderait son pardon... à condition qu'elle se repente de sa faute! Il la reprendrait à ses côtés, comme reine, comme femme, comme maîtresse, comme amour...! Pouvait-elle espérer s'en sortir à meilleur compte?

- Je ferai selon vos désirs, mon roy! chuchota la souveraine, en s'agenouillant au pied du tyrannique héritier de Loth d'Orcanie. Ordonnez et j'obéirai. Je confesserai mon péché à Monseigneur l'évêque de Rome... et j'accepterai la punition qu'il m'imposera.

Son regard brillant de recconnaissance se leva gracieusement sur son époux chrétien. Celui-ci exprimait toute la grâce dont elle le couvrait maintenant...

Quand à son amant... elle le sauverait. Mordred ne pouvait se douter du plan qui, peu à peu, s'édifiait dans l'esprit de sa douce (et soumise?) épouse. Peut-être ne le sauverait-elle pas du déshonneur... mais sa vie serait sauvé. Une fois les faveurs de son mari regagné, elle le supplierait de l'exiler.

- Ferez-vous revenir votre maîtresse, Dame Blanche, en votre pays? demanda la reine. Vous l'avez engrossé... la plus noble chose que vous pourriez faire est de pourvoir aux soins du petit... et de la mère.

Qu'était cette lueur qui s'était soudainement transformé dans le regard de la sublime Dame d'Orcanie? Et ce petit sourire, cet air pieux, qu'elle n'avait eu qu'à une époque lointaine... il y avait de cela environ an et demi? Ne pouvait-on pas discerner un petit quelque chose de malsain, dans ces intentions? Ou bien la reine traitresse souhaitait-elle véritablement le bien de son ennemie?

Ophélia prit entre ses mains délicates sous la souillure qui les recouvraient, l'une des pattes légèrement velues de Mordred. Ses lèvres, roses vermeilles, se posèrent avec amour et dévouement sur la peau tâché d'encre de son souverain...
Son regard de mousse, fort beau, encore empreint de son ancienne tristesse chercha à rencontrer celui qui fut autrefois son bien-aimé.

Ainsi la belle enfant se soumettait : était se vraiment sincère ou jouait elle de mieux en mieux la comédie ? ... Qu'importe car Mordred se réjouissait de sa bonne volonté et ... de l'emprise qu'il semblait avoir sur la donzelle ... Le tyran se mit a caresser l'une des douces joues blafardes de la Reine, comme pour la récompenser, elle qui s'était totalement inclinée ( dans les deux sens du terme ) devant son souverain ... Tout en écoutant son petit discours, Mordred releva lentement et délicatement le charmant menton de la petite avec un doigt, puis lui offrit un agréable sourire, plein de compréhension ...

Fort bien vous irez vous confessez, certes ...

Mais avant vous devez vous repentir et m'exprimer vos regrets !

Car j'imagine que vous regrettez amèrement votre attitude ? ...

Puis, Ophélia, toujours aussi humble, évoqua la duchesse Blanche pour conseiller à son époux de la rappeler à Warminster, elle et sa petite fille ... Voilà qui était bien curieux et déconcertant, pourquoi se soucier autant de sa rivale ? ... Cette générosité devait forcément masquer quelque chose et les démonstrations mélodramatiques de la Reine ne firent qu'alerter davantage le vil démon . Ou voulait elle en venir la bougresse ? ... Elle souhaitait recouvrer la confiance, voir l'affection de Mordred, soit ... Mais pour le simple plaisir de complaire à son époux et maître ou ( également ) pour obtenir quelque chose ( en "échange" ) ? ...
Mordred pria, fermement, Ophélia de se relever ...

Vous avez fauté avec sir Hector pour vous vengez de moi et de mon "incartade" ( ce que je puis comprendre ) et ... vous prétendez, désormais, vous souciez de la duchesse et ... de son enfant ? ...
Vous ne serez point étonnée de me voir ... surpris ^^ par tant de bonté pour la femme qui ... mis à mal notre couple ( allez hop l'orcanien rejetait tout sur le dos -délicat- de miss Blanche ) ...

Ceci dit, le Roy haussa des épaules, et parut ensuite méditer intensément durant un court instant ... Mais il ne tarda guère a répondre à la bienveillante demande de sa chère épouse :

Soit !
Nous rappellerons la duchesse d'Abingdon et lui ferons bon accueil, puisque vous semblez le souhaiter si ardemment !

Maintenant, si Ophélia voulait sortir de cette cellule très vite il lui fallait faire amende honorable et ce sans hésiter .

» Cellule De l'Orcadien
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» La cellule vip de sir Fergal ^^