Famille royale d'Austrasie

Maelrhys referma sa bible avec un léger claquement, et se dandina sur son banc de bois pour se placer face à la grille.

Il eut un léger sourire sous sa barbe, puis joignit les mains sur le livre posé sur ses genoux.

-Je vous écoute, mon enfant.

-Mais mon enfant, le devoir d'un prêtre à la confesse n'est-il pas d'écouter? Allons, parlez sans crainte, et prenez tout le temps que vous voudrez.

Il eut un sourire encourageant.

-Comme on dit chez moi, quand Dieu créa le temps, il en créa suffisamment...

-Ah... Fit-il, et son sourire s'évanouit.

Problème.

Le prêtre s'éclaircit la gorge et son visage se durcit soudain.

-Il en va du salut de votre âme, vous devez combattre ce sentiment! Ces amours coupables vous mènerons droit à la damnation, d'autant plus que risquez par là même d'entraîner votre frère avec vous.

Il poussa un long soupir et épingla la princesse du regard.

-Mais je pense que je ne vous apprend rien en vous disant cela... Pourtant j'espère que vous avez conscience de la gravité de cette situation.. Priez donc, ma fille. Priez pour que Dieu vous pardonne, et chassez ces pensées honteuses de vous.

Comprenant le désarroi de la jeune fille, le prêtre eut un sourire bienveillant.

-Aide-toi et le ciel t'aidra, dit-on souvent. Je pense que vous seule êtes en mesure de vous tirer de là. Votre repentir est sincère, je le vois bien; mais il vous faut faire un effort de volonté, lutter chaque instant contre ces élans malsains.

Il fit une pause et la dévisagea d'un oeil songeur.

-Dites-moi.. Cela fait longtemps que de telles pensées vous tourmentent?

-Alors dites-vous que ce n'est rien à côté d'une Eternité de damnation, répliqua le prêtre aussi sec. Car c'est ce que vous encourez, je vous le répète! La prière et le recueillement pourront peut être vous être d'un secours non négligeable, mais la plus lourde tâche reste entre vos mais.

Il la fixa à nouveau d'un regard perçant, semblant traquer les pensées coupables dans les yeux de la princesse.

*et elle avait besoin de moi pour parvenir à cette conclusion?*

-Je suis heureux de vous l'entendre dire, ma fille; dit-il avec un sourire honteusement faux-cul.

Maelrhys tambourina de ses longs doigts sur la couverture épaisse du livre qu'il tenait toujours sur ses genoux, sentant l'agacement le gagner.

Alicia regarda le prêtre, il semblait agacé, à son grand étonnement.

Quelque chose ne va pas mon père? Seriez vous malade? Si oui, allez vous reposez.

Le prêtre resta un instant interdit, presque abasourdi par la question.
Un moment de silence passa, et ses longs doigts tambourinèrent de plus belle. Bon dieu mais pourquoi était-elle tombée sur lui??

-Non point, ma fille, dit-il avec ce même sourire dégoulinant d'hypocrisie.

Alicia cacha son sourire. Le meilleur moyen de passer inaperçue était d'être sous estimé.

Puis-je me retirer?

Le soulagement submergea le prêtre jusqu'aux oreilles, et cette fois son sourire se fit sincère, même si un bref éclat de sévérité traversa sesyeux clairs.

-Allez, ma fille. Repentez-vous et priez pour votre salut.

Bien mon père......

Alicia sortit donc du confessional pour aller prier.