Une chambre pour une demoiselle!

Charles allait ouvrir la bouche quand le jeune prince se lança... Courtoisement il le laissa développer sa théorie qu'en, lui même il qualifia de "bon sauvage" -[bon Rousseau n'est pas né mais je me permets ce racourci] . Le jeune chevalier souriait aimablement, surtout quand il voyait dans les yeux de l'écuyer la vibration de la bataille qu'il revivait pour ses interlocuteurs.

Néanmoins, il fut un peu moins content quand le beau prince planta ses yeux bleus dans ceux de la damoiselle... il n'en fit rien paraître ou, du moins, cru n'en faire rien paraître...

Il se servait du vin de l'auberge, surpris de sa saveur, si différente de celle des vins de Toscane servis à la cour papale... mais écoutait l'argutie du joli prince.

Quand le prince s'arrêta pour prendre un peu de cette "piquette locale", il repris souriant sa propre argutie...

- Néanmoins, Prince, l'humain est pêcheur, il est entaché du pêché originel, faute de notre ancètre commune Eve... Je ne crois pas à cette pureté d'uen sorte de bon sauvage tenu loin de tous et de la cvilisation. Notre Seigneur nous juge pêcheur d'origine et nous impose ses lois, ses commandements, dogme primordial que le pêcheur originel ignore... Vous citez l'exemple de ces jeuens saxons, mais d'autres théologiens ont pris l'exemple d'enfants sauvages d'une cruauté inouïe qui n'étaient que convoitise voir même, infamie majeure, luxure- regard vers la duègne et la jeune comtesse : mes excuses mesdames- .

Seule une rigoureuse éducation chrétienne, respectueuse des dix commandements divins, peux, à mon avis, laver l'humain de ceette souillure originelle.... Mais je ne suis pas théologien et seulement diplomate et chevalier du Saint Père, un Pêre de l'Eglise pourrait certainement développer pour vious, gente damoiselle, surement plus d'arguments qu'un jeune aristocrate romain ... Je n'ose douter que la csi charmante damoiselle de Mannach ne soit pas la pureté même, mais je pense que l'action de sa si dévouée compagne, ici présente, comme de celles d'autres éducateurs ne sont pas pour rien dans cette ravisante pureté.... et paf, pensa-t-il, encore un coup de brosse à la vieille-.

Il était tout de soie, tout en charme, ses yeux noirs rieurs plongés dans ceux de la jeune fille, avec de temps en temps un regard plein de candeur vers la duègne, pour la rassurer... pour la rassurer et la désarmer uniquement. Cette jeune femme lui plaisait vraiment, une sorte de novice, pleien de candeur et de fraîcheur, qui le changeait des courtisanes romaines, souvent maîtresses de prélats, qu'il croisait, ou à l'occasion butinait, à la cour papale...

La jeune fille n'avait pas encore touché sa nourriture, seulement pris un peu de vin, pour ne pas paraitre impolie. Elle avait tenté de faire bonne figure ; mais une petite grimace qu'elle ne parvint pas à retenir trahit, encore une fois, son inexpérience.

Ecoutant avec politesse et intérêt les deux hommes, elle n'avait pas manqué de tenter de soutenir leurs regards, comme lui avait bien recommandé son père ("tu es une des leur et ils ne doivent pas te prendre pour quantité négligeable !") ; mais, moitié par pudeur, moitié par douleur du coup de pied véhément qu'elle venait de prendre dans la jambe, elle avait toujours baissé les yeux en premier, le visage envahi d'une brusque rougeur qu'elle ne s'expliquait pas elle-même.

Elle prit la parole de sa voix douce et patiente, lorsque Charles se fut tût.

-"Vous êtes bien trop savants pour moi, messires. Et je ne suis certes pas digne de vos louanges... mon âme est noire et emplie de démons, et seule la prière continuelle et une piété exemplaire peut la sauver... c'est le lot de toutes femmes que de porter le fardeau du péché, et d'essayer de l'alléger un peu en priant Notre Seigneur. Mais.. si je puis exprimer mon avis sur la question, je pense qu'il est intéressant de constater que..."

La voix aigre de son chaperon l'interrompit.

-"Il est malheureusement fort tard, et même si cette discussion est passionnante, je crains que la comtesse de Mannach ne soit fatiguée, après un si long voyage. N'est-ce pas ?

Cette dernière eut un sourire résigné, sans altération d'humeur.

-"Vous avez raison, comme toujours, chère Gertrue. Prince, Messire Ambassadeur, je vous demande instamment de me pardonner. Il est sage de suivre les conseils de ses ainés, et il est vrai que la décence me commande de me retirer. Je vous souhaite donc la bonne nuitée, et je vous remercie de votre très agréable compagnie. Jamais je ne me suis autant divertie.

La jeune fille en deuil s'inclina dans une parfaite révérence de Cour, réitéra ses souhaits en latin à l'intention du noble romain, alla murmurer quelques mots à son capitaine, puis s'en fut à l'étage, accompagnée d'une duègne au regard triomphant.
Le capitaine, quant à lui, s'approcha alors des deux seigneurs et s'inclina d'une manière toute militaire.

-"Au nom du Comte de Mannach, sa Damoiselle a pris appartement dans une autre chambre, espérant que vous puissiez vous contenter de la pièce qu'elle avait réservé en premier lieu pour son propre usage."

Cérémonieusement, le chevalier resta droit comme un I, attendant une quelconque réponse.

Uhm, la vieille veillait toujours et cela contraria un peu le beau Charles qui s'efforça de ne pas lancer un regard noir à Dame Gertrue.
Il restait tout sourire, fidèle à sa bonne éducation notoirement affichée.
Il adressa à la jolie de Mannach un dernier message :

- Mademoiselle, je ne pense pas que vous soyez pêchresse notoire -comme c'est dommage ma toute belle- et ceci grâce à votre éducation qui semble sans faille et à Dame Gertrue qui vielle si fidélement sur vous-vielle chipie-. Il est dommage que vous nous quittiez si tôt mais je me doute que votre voyage vous a bien fatiguée... Nous aurons certainement l'occasion de nous revoir, il me serais extrèmement agréable de profiter de votre si charamante compagnie. Je vosu souhate bonne nuit et ne vais tarder moi aussi à rejoindre le pays des rêves... Pays dont je sui déjà si proche, en partie grâce à vous.

Un sourire enjoleur de dessina sur le visage du fils du comte de Padoue qui se leva pour saluer dignement les deux dames.Ses beaux yeux noirs brillants suivirent une d'entre elle dans l'escalier, et un joli soupir s'échappa de sa bouche.

Quand l'officier de la garde de la belle lui annonça qu'il pouvait disposer d'une chambre, il faillit paraitre soulagé mais refréna ce premier mouvement au dernier moment pour lui rétorquer :

- Monsieur, il ne fallait pas que la demoiselle de Mannach s'occupe de ce détail, il m'arrive souvent de devoir dormir à la dure et j'aurais pu tout aussi bien camper dans la campagne du voisinage... mais vous ne manquerez poas de remercier la demoiselle pour cette si douce attention à mon égard. Je ne crois pas mériter aussi charmant traitement de sa part... mais en suis flatté. dit-il tout en fausse modestie.

Ce fut sur ces entrefaits qu'une mince silhouette sous une cape de voyage un peu passée fit son entrée dans l'auberge.

Le nouveau venu portait un corbeau sur l'épaule, ce qui laissait peu de doutes planer sur son identité. Ici comme ailleurs, la barde du roi était connue comme loup blanc, en bien ou en mal..

Mais accoutumée à jouer profil bas dans les tavernes où une frêle demoiselle comme elle risquait gros, Morrigane avait conservé ses habitude d'anonymat.

Elle s'arrêta un moment pour échanger quelques mots avec le tavernier, qui lui indiqua la table où buvait en belle compagnie le jeune Gareth rencontré plus tôt.
La jeune femme ne se pressa pas pour rejoindre son nouvel ami, circulant entre les tablées de soldats, de marchands venus s'encanailler, de paysans ivres et de clients avinés. Sur son épaule, le corbeau lissait ses plumes, tandis que dans l'ombre de sa capuche ses yeux luisaient faiblement, dépassés de loin par l'éclat vif des perles dans ses cheveux, qui accrochaient des reflets d'or dans ses tresses rousses.

-Et bien bonsoir, messeigneurs; dit-elle en arrivant à leur hauteur.

Un mouvement d'épaules fit glisser le capuchon, brun sur rouge, dévoilant la cascade de ses mèches flamboyantes, et elle attira à elle un siège pour s'y poser dans un froissement de jupes.

-J'espère ne pas vous avoir fait trop attendre, messire Gareth, reprit-elle en adressant un charmant sourire à l'écuyer.

Comment résister à ce genre de jouvencelle ? Charles de se la demandait pas, il n'avait pas la moindre envie de "résister", son frêre évêque, qu'il n'enviait pas devait lui se poser la question. Mais un jeune homme, plein de fougue, comme l'était Charles, 3ème fils du riche et renommé Comte de Padoue, n'avait pas du tout à ses poser ce genre de qyuetionnement. Toute pucelle n'est-elle pas citadelle à prendre? Toute courtisane n'est-elle pas source de plaisir raffiné ? Rome était moins prude que le Prince Gareth semblait le penser, elle était encore la digne héritière de la Rome impériale ou on disait de César qu'il était l'amant de toutes les femmes et la femme de tous les amants...

Charles dans ses pensées tarda un peu à répondre, il avait envie de conserver la vision de la pucelle de Mannach quelques temps avant de répondre au Prince orcanien. La douceur et la candeur de la jeune femme l'avait troublé, certes, mais Charles avait un peu le trouble facile. Néanmoins, ce genre de jeune femme d'apparence si candide était son type rêvé,, il savait que souvent le volcan dormait sous la braise et il avait même connu une certaine Anna à Rome qui sous un eapparence de pucelle bloquée était une redoutable séductrice, amante rouée et inventive et gardait cette image, celle qui avait été la première, comme celle d'un joyau précieux au fond de son coeur.

Mais, bon, revennons à nos moutons orcaniens ce dit Charles, effaçant provisoirement la troublante Anna de son esprit.

- Ah, Prince, effectivement cette jeune femme -enfant quelle idée? Charles n'était pas de ces romains qui préfèrent éphèbes et très jeunes filles... enfin pas toujours !- est une vraie perle... et si vous me promettez que Camelot regorge de d'aussi avenantes jouvencelles, je ne manquerai pas de m'y arrêter à mon retour ! -rire- Sachez qu'à Rome, les jeunes filles si pures sont assez rares, de nombreuses "professionneles" peuvent être aperçues à la Cour du Siant Pêre, et nos jeunes filles de patricien romains sont assez rouées et n'afficheraient candeur et douceur que par jeu et calcul... là, j'avoue, en toute franchise, et vous m'en excuserez, Capitaine, -dit-il en se tournant un peu humble et rougissant... à dessein vers le chef de l'escorte- que je suis tombé sous le charme de mademoiselle de Mannach qui est si délicate et si bien éduquée...

Il prenait, à dessein aussi, un regard rêveur, rehgard où on pouvait retrouver celui du petit Charles quand il avait 13 ou 14 ans, le petit Charles qu'il n'était plus, mais plus du tout ... et fut très surpris de voir à ses côtés cette cascade rouge, provoquante et piquante comme un opposé à la jolie de Mannach, si surpris qu'il était là, la bouche entre-ouverte et les yeux un peu trop eccarquillés, regardant la jeune femme qui saluait le Prince Gareth.

- Mademoiselle... bafouilla-t-il.

Le capitaine sourit, redevenant jovial et plus simple. Une lueur un peu étrange brilla dans ses yeux... Il devait sans doute avoir abusé de la "piquette" dont la taverne était si prodigue, à l'instar de ses hommes, qui, dehors, s'enivraient joyeusement.

-"je ne doute pas que vous trouviez ma maitresse très pure. Voilà cinq jours qu'elle est sortie du couvent, pour la première fois depuis dix ans. Vous êtes, messires, les premiers hommes à qui elle parle de sa vie, hormis son père et moi-même. Le couvent forme bien ses futures nonnes..."

L'homme d'arme allait partir, lorsque l'arrivée de la barde provocante le cloua sur place. Il lui adressa alors une œillade brûlante avant de s'en aller... Il valait mieux ne pas penser aux ribaudes, lorsque sa prude maitresse risquait de le surprendre.

-Je vous trouve soucieux, messire Gareth; observa Morrigane en levant un oeil sur le jeune écuyer.

Elle laissa Nébu chiper le morceau de viande qu'elle avait à la main, et lui lança un sourire encourageant pendant que le corbeau sautillait le long de son bras pour retourner sur son épaule et manger tranquillement.

La jeune femme se tortilla un peu sur son siège et lorgna vers les coupes de vin qui se trouvaient sur la table. Celle qu'avait laissé le garde était encore à moitié pleine. Et un regard comme celui qu'il lui avait lancé valait bien qu'elle finisse son verre.

-Je peux? demanda-elle avec une fausse timidité en posant un long doigt sur le bord du gobelet.

Comme à son habitude fauchée comme les blés, Morrigane n'avait pas un sou sur elle. Le jonglage dans les rues payait peu, et ce n'était pas ce que Mordred acceptait de lui lâcher de temps à autre qui pouvait lui offrir le vin qu'elle pouvait engloutir certains soirs.

Gareth apporta sa coupe à ses lèvres, quand Morrigan, la belle mannante à la chevelure de feu, le questionna sur son état. Il en fut fort surpris. Certes, il était boulversé par la petite comtesse de Mannach... mais cela lui donnait-il une apparence déplorable? Il ne le croyait pas.

- Oh, non non... fit-il, mine de rien, ses minces sourcils d'un blond angélique froncé, plissant son front pâle. Peut-être est-ce le manque de sommeil... ou l'ennui!

Le prince lui sourit poliemment et s'attarda encore sur la danseuse...

''Je peux?'', fit-elle, agace... Cela le faisait rire, bien sûr! Sans manière, mais tout à fait délicieuse!

- Oui, bien sûr!

Il remplit son verre du délicieux liquide vermeille et le tendit à la païenne, s'interrogeant sur ce qu'elle pouvait être et QUI elle pouvait être.
Il l'avait rencontré il y avait quelques heures à peine... et elle l'avait prise sous son aile! Pourquoi donc? Que souhaitait-elle? Avait-elle des attentes?
Déjà, la comtesse était bien loin dans sa tête - elle ne reviendrait que bien plus tard - et seule l'étrange Morrigan et son oiseau noir le préoccupait.

Mais il ne fallait pas oublier le chevalier! Il lui resservit encore du vin... malgré le fait que la soirée n'était plus toute jeune et que les habitants commençaient à être avinés.
Des cris s'élevaient, le tavernier - l'aubergiste - remplissaient sans cesse les verres, bedonnant et rigolant.

- Rome... Comme se doit-être merveilleux! La diversité y est-elle aussi présente comme le raconte les aciens contes ou bien à t'elle été omogénisé par la chrétienté et sa culture? demanda le prince, trouvant au pif un sujet de conversation...

... en vérité, il était plus ou moins interessé par cela. Mais par pure politesse... il fallait bien s'occuper de l'hôte de son frère. Deux ou trois jours... deux ou trois jours seulement.

La jeune femme reçut le verre plein avec un gracieux signe de tête en guise de remerciement.

-C'est bien aimable à vous de partager votre vin avec une pauvre manante, dit-elle avec un sourire avant d'engloutir une bonne moitié de son contenu d'une seule gorgée.

La barde avait une sacré descente, pour la frêle demoiselle qu'elle était.. Et cela, comme bien des choses dans son comportement et ses manières, dénotait ses origines modestes, contrastant étrangement avec les manières impeccables de ses hôtes. Mais en étrangère perdue dans un cour de nobles chrétiens, elle avait l'habitude de ne pas se sentir à sa place; c'était pourtant la première fois qu'on la traitait quasiment en égale..

Elle tendit sa coupe à Nébu, qui y plongea son bec avec gourmandise. L'attitude de la jeune femme envers le corbeau ronchon étonnait souvent; une telle osmose entre deux êtres était rare, et ne manquait pas d'attirer les questions.

-C'était plus ou moins le cas, la dernière fois que j'y ai séjourné, dit-elle doucement, au cas où on l'entendrait et où on prêterait attention à ce qu'elle disait.

-Je suis barde, seigneur; glissa-elle en réponse au nobliau. J'ai usé mes pieds sur la poussière de tous les chemins de l'Eire à la Sicile.

Ces deux-là n'étaient pas faits pour s'entendre.. Elle lui lança un bref regard froid, laissant volontairement Nébu vaquer à ses occupations sur la table, picorant de-ci de-là quelques miettes qui traînaient, sous le nez du romain. L'oiseau semblait l'agacer prodigieusement..

La jeune femme ne put retenir de répondre par un vaste sourire à l'invitation du jeune Gareth.

-J'y passe ma vie, messire; lança-elle joyeusement en se levant, laissant Nébu en tête-à-tête avec le romain.

Quelques musiciens, tassés dans un coin et couvrant à peine le brouhaha des conversations, jouaient sans enthousiasme des airs à danser. Morrigane, familière de tous les va-nu-pieds, gratte-cordes et autres saltimbanques de Warminster, leur fit signe de jouer plus fort.

La musique explosa dans la taverne comme un feu de joie. La rumeur baissa d'un ton, mais peu prêtèrent attention au spectacle devenu habituel de Morrigane qui dansait. Quelques voix s'élevèrent, des mais battirent; elle avait son public, visiblement.

Tourbillonnant sur ses pieds nus, elle se débarrassa de sa cape d'un geste, révélant ses épaules nues sous son étroit corsage de cuir lacé, et son interminable chevelue ruisselant en tresses et tintements jusqu'à la cambrure de ses reins, jusqu'aux hanches qui se balançaient et faisaient tournoyer ses jupes légères sur ses jambes.

Aprés quelques pas, la jeune femme adressa au jeune écuyer un regard d'invitation assorti d'un clin d'oeil provocateur.

Sans plus de cérémonie, elle lui prit la main et l'attira à elle, l'entraînant à sa suite dans sa danse; le menant pour ainsi dire par le bout du nez, l'effleurant de temps à autre; un bout de """""", le plat de ses hanches où se nichait la boucle de son ceinturon...

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La chanson s'acheva peu après, au milieu des vivats. La clientèle du bouge semblait captivé par la danse de la bohémienne et du prince. Après tout il n'était pas commun de voir leurs maîtres se mêler à leurs jeux et perdre sa superbe pour mettre ses pas dans ceux de la femme rousse.

Une nouvelle musique débuta, rythmée par les mains du percussionniste, tandis que son compère faisait courir lentement son archet sur les cordes à la façon d'un tendre amant sur sa belle.

Le regard de Morrigane prit une intensité nouvelle. De pas de côté en pas de côté, elle se mit à tourner lentement autour de lui, ses cheveux cascadant de part et d'autre de son visage à peine coloré d'une rougeur incendiaire.

Et soudain la musique s'envola, presque effrénée, martelant son rythme dans la lumière incertaine des flammes, la nuit pressant ses doigts gourds sur les petits carreaux des lucarnes, l'alcool se déversant à flot pour engourdir les esprits, délier les langues et faire tomber certains murs à priori infranchissables...

Comme ceux, par exemple, qui pouvaient subsister entre le jeune prince et la barde..

Elle se rapprocha de lui, sourire de chat, pas de loup et agilité de la biche aux abois; aux oiseaux de proie, elle empruntait le charme presque vénéneux et le serpent lui prêtait son regard hypnotique.
Comme un nageur traversant le courant, elle s'approcha de lui, presque indifférente à la musique; ses mains s'égarèrent sur son visage, dérangeant les boucles blondes qui ruisselaient, enflammées de longs reflets d'or rouge.

Ses lèvres se posèrent brièvement sur les siennes, l'espace d'un battement de cils.

Le temps se figea, et l'instant que dura ce baiser sembla s'étendre... Jusqu'à ce qu'elle reprenne son souffle comme en retrouvant l'air libre après une longue plongée.

Elle se déroba à nouveau à ses bras impatients, comme à contrecœur. Tout l'art était de se tenir à la limite, toujours plus, jusqu'à ce qu'il soit impossible à l'un comme à l'autre de réfréner plus longtemps le désir qui les animait d'un même ensemble. La jeune femme semblait exceller dans ce domaine... Insaisissable, elle se faisait tour à tour chasseresse et proie.